Vers une obligation de proposer des "doggy bags" aux clients des restaurants ?
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edito

L'obligation des "doggy bags" en débat

La commission développement durable de l'Assemblée nationale a adopté une proposition d'amendement visant à rendre obligatoire dans les restaurants des "contenants réutilisables ou recyclables permettant d'emporter les aliments ou boissons non consommés sur place". Une fausse bonne idée ?

Tout le monde a son avis sur la question. Le point de départ n'est pas contesté : la restauration commerciale gaspille (beaucoup) trop avec près d'un tiers de la nourriture produite qui finit à la poubelle.

Un casse-tête pour les restaurateurs pris en étau. D'un côté des clients qui veulent des plats bien garnis comme un signe de générosité et de savoir-vivre, de l'autre, l'objectif légitime des professionnels de bien gérer les stocks, que la motivation soit financière ou environnementale.

Une batterie de solutions insatisfaisantes

Si le "gourmet bag" est rendu obligatoire, il ne sera pas LA solution pour mettre un terme au gaspillage alimentaire au restaurant. D'abord, il est à l'origine de l'utilisation d'emballages pour des quantités parfois infimes qui ne seront pas toujours consommées. Ensuite, il a l'effet pervers de déresponsabiliser les restaurateurs pour certains de ses détracteurs.

Une autre solution consisterait à proposer des plats garnis selon la faim du client. Une option intéressante qui se heurte pour le moment à des questions pratiques: quel calibrage ? quels prix ? S'y intéresser davantage serait pourtant bienvenu car cela permettrait de traiter le mal à la racine.

Et puis, il ne faut pas oublier le rôle des consommateurs qui sont en capacité d'évaluer leur appétit, de poser des questions pratiques au serveur et de ne pas tout commander à l'avance !

L'UMIH à la manoeuvre

La réaction de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie ne s'est pas fait attendre. Le Président de la branche restauration de l'organisation, Monsieur Hubert Jan, a déclaré au Parisien que l'option réglementaire était une mauvaise idée et qu'il s'agissait d'une "pratique anglo-saxonne qui n'est pas vraiment dans la culture française". Un message déroutant dans un contexte où demander son reste à emporter est de plus en plus naturel pour les parties prenantes. Pour autant, l'UMIH a dit être favorable au "doggy bag volontaire" dans un communiqué, nous voilà rassurés, tout est dans la règle donc.

Un débat nécessaire

Ce débat rappelle que nous gaspillons trop de nourriture au restaurant comme à la maison, il a le mérite de remettre sur la table un sujet de société majeur. L'option réglementaire, aussi imparfaite soit-elle, pourrait faire avancer le sujet et devrait être associée à une communication large à l'endroit des consommateurs finaux qui ont le dernier coup de fourchette, ou pas.