Les énergies renouvelables fournissent plus d’électricité que le charbon, illustrant l’accélération sans précédent de la transition énergétique mondiale.
©Pexels-Liisbet Luup
Conso

Les énergies renouvelables fournissent plus d’électricité que le charbon pour la première fois

Article réservé aux abonnés

2025 marque un cap : les énergies renouvelables fournissent désormais plus d’électricité que le charbon à l'échelle mondiale, selon un rapport du groupe de réflexion Ember. On fait le point.

C’est un tournant historique dans l’histoire énergétique mondiale : le solaire et l’éolien ont connu une croissance record en 2025, avec respectivement +31 % et +7,7 % de production sur les six premiers mois de l’année, selon le groupe de réflexion Ember.

Pour la première fois, les énergies renouvelables combinées ont généré plus d’électricité que le charbon. Une bascule symbolique et concrète : alors que la demande mondiale d’électricité continue d’augmenter, les renouvelables réussissent désormais à couvrir cette hausse tout en réduisant la part des énergies fossiles. Mais comment expliquer une telle accélération, après des années de transition jugée trop lente ?

Les moteurs de la croissance 

Le premier moteur, c’est la baisse spectaculaire des coûts. En une décennie, le prix du solaire photovoltaïque a chuté de près de 90 %, et celui de l’éolien terrestre de près de 70 %. Ces technologies sont désormais les plus compétitives dans la majorité des pays, y compris face au gaz et au charbon.

Les soutiens publics ont également joué un rôle clé. Les plans de relance post-pandémie, les objectifs climatiques du G7 et les subventions massives en Chine, en Inde et dans l’Union européenne ont déclenché une vague d’investissements sans précédent. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit ainsi 4 600 gigawatts de nouvelles capacités renouvelables d’ici 2030, "soit environ l'équivalent de la capacité de production totale de la Chine, de l'Union européenne et du Japon réunis".

À cela s’ajoute une vague d’innovations technologiques : éoliennes géantes plus silencieuses et efficaces, cellules photovoltaïques bifaciales, batteries à haute densité, et développement du stockage par hydrogène. Ces avancées rendent les renouvelables plus fiables et plus intégrées aux réseaux électriques.

Enfin, la hausse de la demande post-pandémie, portée par la croissance des pays émergents, les véhicules électriques et les centres de données, a stimulé la production. 

Un tournant géopolitique et économique 

La Chine concentre à elle seule près de 50 % des nouveaux investissements mondiaux dans les énergies renouvelables, selon le Centre for Research on Energy and Clean Air et le Global Energy Monitor. En 2025, elle a installé plus de capacités solaires et éoliennes que le reste du monde réuni. Pékin mise sur les technologies vertes comme levier industriel et géopolitique : fabrication de panneaux, batteries, turbines, matériaux critiques.

Aux États-Unis, la politique énergétique fédérale a ralenti la dynamique, avec un retour en grâce du charbon et du gaz. En revanche, plusieurs États (Californie, New York, Texas) poursuivent leurs propres stratégies vertes. Dans l’Union européenne, la transition énergétique progresse, soutenue par la croissance en Allemagne, en Espagne, en Italie et en Pologne, selon l’Agence internationale de l’énergie. Les prévisions sont légèrement revues à la hausse, même si la demande en électricité continue de dépasser la production renouvelable.

Derrière ces évolutions se joue une nouvelle compétition mondiale : sécuriser l’accès aux matières premières critiques (lithium, nickel, cuivre), relocaliser les chaînes de production, et garantir une indépendance énergétique face aux tensions géopolitiques. La transition verte devient aussi une bataille industrielle et stratégique.

Conséquences et limites 

Les données d’Ember montrent que les émissions du secteur électrique mondial ont stagné pour la première fois en 2025, signe d’un ralentissement des énergies fossiles. La croissance du solaire et de l’éolien a également contribué à stabiliser les prix de gros dans plusieurs régions et à renforcer l’autonomie énergétique de certains pays émergents.

Mais la transition reste incomplète. L’intermittence du vent et du soleil rend nécessaire le développement de solutions de stockage encore coûteuses, tandis que les réseaux électriques doivent être adaptés à une production plus décentralisée. La dépendance aux métaux critiques utilisés pour les batteries et les panneaux solaires pose aussi de nouveaux enjeux environnementaux et géopolitiques.