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Edito

La "déconsommation" comme modèle pour (bien) vivre demain ?

Il y a quelques jours, des images d’Amazon détruisant ses invendus neufs ont été dévoilées par Capital. Une pratique qui illustre les dérives de notre modèle de société de (sur)consommation qu’il est urgent de transformer.

Des machines à café, des téléviseurs, des jouets, des couches... Tous neufs et pourtant mis à la benne. Cette pratique d’Amazon a été dévoilée par l’émission Capital diffusée sur M6 dimanche 13 janvier 2019. Le reportage chiffre l’ampleur potentielle des dégâts à trois millions d’objets invendus détruits à travers le monde par le géant de la vente en ligne. Des images qui ont suscité l’indignation, notamment de la secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et sociale, Brune Poirson, qui a promis que de tels agissements seraient prochainement interdits par la loi.

Des images symptomatiques d’une consommation à outrance mais surtout d’un détachement du coût écologique des objets qui nous entourent. Flore Berlingen, la directrice de Zero Waste France, rappelait la semaine dernière dans une interview accordée à ID, que chaque objet a un "bilan matière" ou "sac à dos écologique". Derrière la matière que l’on voit dans un objet, il y a également toute celle consommée lors du processus de production : depuis l’extraction des matières premières jusqu’au destinataire final. Un "bilan matière" indispensable à garder à l’esprit quand chaque année le "jour du dépassement" - le jour où nous avons consommé plus de ressources que la planète ne peut régénérer en une année - arrive un peu plus tôt (le 1er août en 2018).

Un modèle à repenser

L’association relance à nouveau cette année le "Défi rien de neuf" invitant les participants à n’acheter aucun objet neuf en 2019. Une pratique bien à l’opposé de celle d’Amazon… N’est-il pas temps pour Amazon, mais aussi pour nous tous de revoir notre rapport aux biens matériels ? Que nous apportent vraiment tous ces objets que l’on accumule, sans égard à leur impact sur la planète ? N’est-il pas temps d’ouvrir les yeux à nouveau et de réapprendre à vivre dans une société non pas de consommation mais de "déconsommation" ? Certes, c’est tout un modèle sociétal qui est à réinventer et à réapprendre. Mais c’est seulement ainsi que l’on pourra garantir aux générations futures un avenir serein. Les scientifiques sont formels. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, il faudra prendre des actions sans précédent, a urgé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son rapport publié au mois d’octobre dernier.

Repenser sa manière de consommer n’est pas un sacrifice. C’est au contraire une occasion de s’interroger sur ce qui est essentiel dans nos vies. Les propos de Pierre Rabhi, l’auteur, entre autres de La sobriété heureuse, sont parlants. "Il nous faudra répondre à notre véritable vocation, qui n’est pas de produire et de consommer jusqu’à la fin de nos vies, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes."