Pour près d'un jeune sur deux, les investissements et placements financiers peuvent avoir un impact positif sur la société.
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Edito

Fin du monde et fin du mois : le pouvoir d’achat au secours de la transition écologique ?

Les Français ont-ils renoncé à faire leur transition écologique ? A entendre certains responsables politiques, le temps des efforts et de la culpabilisation aurait vécu. Place à une transition "positive", "heureuse". On ne sait pas très bien ce qu’il y a derrière ces appels, mais une chose est sûre : le durable est un peu moins à la mode qu’avant. Il faut trouver de nouveaux leviers donc, pour mobiliser sans faire peur. 

Il faut dire que depuis quelques années le sujet est passé par plusieurs phases. De rapports du Giec en rapports du Giec, le point culminant fut sans doute 2019 et cette première préoccupation des Français (à égalité avec l’emploi) : l’environnement. Passé en cinquième position en 2024, il reste un sujet majeur qui a peut-être atteint un premier plafond de verre concernant la mobilisation citoyenne dans les actes de consommation, les modes de déplacement, l’éducation...

Et s’il y avait un peu de lassitude à force d’entendre que rien ne s’arrange, que nous ne sommes qu’1 % du problème, que les entreprises ne font pas leur part , que l’Etat laisse faire ? Les conditions de l’inertie seraient réunies pour démobiliser après des années d’accélération. Les citoyens en ont marre des injonctions et de se sentir coupables alors que tout n'est pas entre leurs mains. Et on peut les comprendre.

Une urgence plus actuelle que jamais 

Pourtant l’urgence est bien là. Le climat se dérègle, la déforestation progresse, le vivant disparait massivement, la pollution tue. Le risque est celui de la résignation en attendant le basculement climatique et ses effets catastrophiques pour les humains dans les prochaines décennies. Nous verrons mais il sera trop tard. 

Alors même si nous ne sommes pas l’unique solution face aux catastrophes annoncées, que ce soit à l’échelle du pays ou même du monde, nous en sommes incontestablement une partie. Qui aurait imaginé une telle montée en puissance du thème "écologie" il y a dix ans en France et en Europe ? C’eut été impossible sans un pivotement net de l’opinion et des pratiques du grand public. Mais comment faire pour se remotiver et pour dépolitiser l’enjeu - puisqu’il se situe bien au-delà des partis ? Il s’agit quand même de nos conditions de survie dans les cinquante prochaines années ! 

L’écologie pragmatique pour relancer la mobilisation 

Il faut donc trouver de nouveaux leviers de mobilisation. Non pas pour détourner l’attention mais pour démontrer que la transition écologique n’est pas uniquement affaire d’efforts pour sauver la planète, mais aussi de solutions de bon sens pour, in fine, nous sauver nous-mêmes. 

Dans une société où le pouvoir d’achat est un sujet de préoccupation continu et majeur, pourquoi ne pas démocratiser le plus largement possible toutes les ressources de la transition écologique en la matière ? Car s’il y a bien deux sujets qui sont complémentaires, c’est la fin du monde et la fin du mois, n’en déplaise à certaines formations politiques qui opposent les deux aspirations systématiquement. 

Non, l’écologie n’est pas l’affaire de riches qui auraient les moyens de vivre de manière plus durable. Si l’on devait évoquer les personnes les plus aisés sur le sujet, ce serait plutôt par le prisme de leur impact sur l’environnement puisque les études montrent que plus notre niveau de vie est élevé, plus notre bilan carbone est lourd.  

Les solutions pour le pouvoir d’achat font souvent écho à la transition écologique 

Il existe de nombreuses actions à mettre en œuvre au quotidien pour retrouver un peu d’air dans son budget, des "petits gestes" comme éteindre ses appareils en veille, se tourner vers des objets d’occasion, privilégier l’eau du robinet sur l’eau en bouteille, pratiquer l’écoconduite, installer un pommeau de douche bas-débit...Et le point commun entre toutes ces solutions est évident, elles participent toutes, à des niveaux différents, à un mode de vie plus durable. 

Du bon sens, de "bonnes" économies qui ont d’abord un impact individuel immédiat et une conséquence collective positive, voici une manière plus enthousiasmante de voir les choses avec des effets d’échelle à la clé. Une autre manière d’envisager la transition écologique, sans renoncer, qui pourrait concerner presque toutes les catégories socio-professionnelles puisque la vie chère est une réalité largement partagée. Et puis à chacune et chacun de choisir son point d’entrée : durable pour les uns, pouvoir d’achat pour les autres, à la fin c’est la même chose.