Peut-on sauver la planète avec des petits gestes ?
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Climat

Les "petits gestes" individuels peuvent-ils sauver le climat ?

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Quels rôles jouent les actions individuelles dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Eléments de réponse avec César Dugast, expert énergie-climat au sein du cabinet Carbone 4 et co-auteur de l’étude "Faire sa part" (2019). 

"Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : 'Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !' Et le colibri lui répondit : Je le sais, mais je fais ma part." 

Popularisée en France par l’écrivain et penseur Pierre Rabhi, la légende amérindienne du colibri a-t-elle aujourd’hui du plomb dans l’aile ? Face à l’urgence climatique, les "petits gestes" sont-ils vraiment utiles ? C’est la question que nous avons posée à César Dugast, expert énergie-climat au sein du cabinet Carbone 4

Qu’entend-on aujourd’hui par “petits gestes” ? 

Il faut distinguer les "petits gestes" et les changements de comportement individuel. Trier ses déchets ou éteindre la lumière en sortant de la pièce, ce sont des “petits gestes” qui ne font pas de mal mais qui n’ont pas d’impact réel sur l’empreinte carbone. En revanche, réduire sa consommation de viande, prendre moins l’avion ou privilégier le vélo, ce sont des actions qui ont un impact beaucoup plus fort. Ce qui est attendu de chacun de nous, ce sont des réels changements de mode de vie.  

En 2019, vous avez publié l’étude Faire sa part dans laquelle vous expliquiez que les changements de comportement individuel significatifs permettraient de "réduire l’empreinte carbone de 25 % au mieux". Quelles conclusions tirez-vous de ce résultat ? 

Il faut tout d’abord noter qu’il s'agit d’un calcul moyen basé sur les émissions nationales. Selon votre niveau de vie, vous pourrez réduire plus ou moins votre empreinte carbone. Ensuite, c’est assez édifiant de se rendre compte qu’avec de simples changements de comportement, nous sommes capables de baisser notre empreinte carbone d’un quart. C’est gigantesque. Il ne faut pas oublier que ces 25 % ne prennent pas en compte les actions avec investissement financier (rénovation thermique, changement de chaudière, remplacement d’un véhicule à essence ou diesel par un véhicule électrique). Quand on ajoute ces gestes, on arrive à moins 45 %. Si ces résultats sont galvanisants, il faut rester humble. Car, même en poussant tous les curseurs possibles à titre individuel, on ne pourra pas parvenir à réduire notre empreinte carbone de 80 % - la baisse nécessaire pour respecter l’accord de Paris.  

D’après votre étude, les actions individuelles sont limitées par le système socio-technique. Qu’est-ce que cela signifie ? 

En tant que citoyen, nous sommes reliés à toute une infrastructure qui est très gourmande en énergie fossile. Par conséquent, nous n’avons pas le contrôle total sur notre empreinte carbone. Par exemple, lorsque vous prenez le bus, vous ne savez pas si celui-ci roule à l’essence, au diesel, à l’éthanol ou à l’électricité. Ce sont les pouvoirs publics ou les opérateurs de transport qui le décident. Autre exemple, si vous êtes locataire, vous êtes dépendant du niveau d’isolation de votre logement qui n’a pas nécessairement été décrété par vous.

En tant qu’individu, nous sommes dépendants de choix passés qui ont façonné notre environnement."  

On oppose souvent action individuelle et action collective. Est-ce contre-productif selon vous ? 

Oui, car aujourd’hui on ne peut pas dissocier ce que l’on fait à l’échelle individuelle de ce qui doit être fait à l’échelle collective. L’un nourrit l’autre et l’autre nourrit l’un. Historiquement, il y a eu une construction de cette opposition entre l’individuel et le collectif. Les entreprises ont notamment joué sur la responsabilisation des individus pour se détourner de leurs propres agissements. En 2002, le pétrolier BP a par exemple contribué à la promotion de l’empreinte carbone personnelle. Aujourd’hui, il faut sortir de ce paradigme.

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