Le projet de "score carbone", annoncé lundi par Emmanuel Macron devant la Convention citoyenne sous le terme global de "Yuka du carbone", précédé d'un "eco-score" appliqué uniquement au secteur agroalimentaire, "favorise de manière aberrante l'agriculture intensive" sans prendre en compte les "externalités positives" des systèmes d'élevage extensifs", indiquent 17 organisations de défense de l'environnement, des consommateurs, des animaux, ainsi que l'intégralité de la filière de production biologique française (Fnab, Synabio).
Même son de cloche du côté de la filière Élevage et viande Interbev (éleveurs, distributeurs, abatteurs, transformateurs): elle tire "la sonnette d'alarme sur les incohérences de systèmes d'évaluation environnementale incomplets et sources de confusion pour les Français".
"Les produits issus d'élevages herbagers ou de l'agriculture biologique pénalisés"
Interbev comme les 17 autres organisations mettent en cause la banque de données publiques Agribalyse, permettant aux opérateurs économiques de proposer un "affichage environnemental des produits basé sur la méthode d'analyse du cycle de vie ; celle-ci pénalise très fortement les produits issus d'élevages herbagers ou de l'agriculture biologique".
Cette banque de données servirait de base aussi bien à l'ecoscore qui devrait entrer en test début 2021, qu'au système de notation surnommé "Yuka du carbone", beaucoup plus large, annoncé par M. Macron.
Interbev et les autres organisations 'demandent au gouvernement de corriger au plus vite, en suspendant la publication de cette base de données, tant que la méthode est incomplète'.
L'analyse du cycle de vie est issue du secteur industriel, elle consiste à additionner les impacts environnementaux tout au long du cycle de production pour les rapporter au kilogramme de produits.
Un "biais majeur" selon les opposants
Celle-ci présente un "biais majeur" selon les opposants, "en favorisant les cycles de production les plus courts, donc les plus industriels". Avec ce système, une viande "issue de parcs d'engraissement intensifs américains affiche un meilleur score environnemental qu'une viande issue de bovins pâturant sur de grandes surfaces de prairie qui stockent du carbone et protègent la biodiversité !", s'émeut Interbev.
Car la méthode ne prend pas en compte les "services rendus" à l'environnement par les élevages : entretien des prairies, stockage du CO2, etc.
Avec AFP.
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