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Ecologique mais aussi économique, le vrac se répand toujours plus

Pâtes, riz, mais aussi bonbons, yaourt et café en grains: le vrac prospère en supermarchés et titille même les grandes marques. Au-delà d'un geste zéro emballage, il est devenu aussi une "solution économique" pour des consommateurs fragilisés par la pandémie.

"Je viens ici pour des considérations écologiques, la juste quantité et le prix : c'est moins cher que dans les grandes surfaces, et lorsque le prix est équivalent, il y a moins d'intermédiaires entre producteur et consommateur", résume à l'AFP Frédéric, 43 ans, venu remplir ses bidons de lessive et shampoing dans une épicerie spécialisée de la région parisienne.

En décembre, 9.900 foyers français ont été sondés sur leurs achats de produits non conditionnés vendus au poids, et leur réponse a "surpris" Isabelle Kaiffer, la directrice études consommateurs du cabinet Nielsen qui a mené cette enquête avec l'association professionnelle Réseau Vrac.

"La notion de juste quantité (37 %) est arrivée devant d'autres notions plus écologiques" pour motiver l'achat de vrac, comme la réduction des emballages (22 %) ou la recherche de produits plus sains et naturels (10%)", résume-t-elle. En cause, la crise générée par le Covid-19 qui a fait "grossir" le nombre de foyers classés par Nielsen comme "fragilisés", soit "27% des Français qui ont vu leurs revenus baisser, ou qui savent qu'ils vont baisser et font plus attention".

"Ils n'étaient que 22% en juillet dernier", met en avant Isabelle Kaiffer, pour laquelle le vrac représente désormais "une solution économique de juste achat" pour ce profil de consommateurs. "Le sujet 'prix' redevient important", convient François Alarcon, directeur de la stratégie de Franprix (enseigne Casino), soulignant que les produits vendus en vrac "sont en moyenne 5 % moins chers" que lorsqu'ils sont présentés emballés en rayon.

Au-delà des quelque 680 commerces spécialisés, 71% des supermarchés et hypermarchés de l'Hexagone proposent déjà un rayon dédié au vrac. Et s'il est adopté, le projet de loi "Climat et Résilience" - examiné depuis début mars à l'Assemblée nationale - prévoit que les commerces de plus de 400 m2 devront consacrer 20% de leur surface de vente au vrac d'ici 2030.

Depuis plusieurs mois, aux côtés des traditionnels silos à bec verseur sans logo contenant céréales, riz ou fruits secs, quatre magasins Franprix d'Ile-de-France proposent la vente au poids de produits de grandes marques - bonbons Carambar, pastilles Vichy, grains de café Carte Noire ou biscuits apéritif Bénénuts.

"Champ des possibles colossal" 

"Les marques n'ont plus le choix: on n'est pas une enseigne spécialisée et pourtant le vrac est de plus en plus présent dans les paniers des clients. Et le champ des possibles est colossal" entre liquides, cosmétiques, croquettes pour animaux ou même surgelés, souligne François Alarcon.

D'ici à 2022, le chiffre d'affaires du vrac devrait bondir de 1,3 à 3,2 milliards d'euros "car le parc de magasins s'étend, l'offre aussi, et les grandes marques arrivent" indique Réseau Vrac.

"J'ai tanné les grandes marques pendant des années, maintenant ce sont elles qui viennent vers moi! Ce sont des repères rassurants pour de nombreux consommateurs, qui faciliteront leur transition vers le vrac", résume Didier Onraita, cofondateur des épiceries 100 % vrac Day by Day.

Pionnier dans ce mode de distribution, le réseau de 71 magasins teste en permanence la "réceptivité" des clients à de nouveaux produits, y compris ceux des grandes marques peu présentes dans le circuit. Après avoir expérimenté la vente au poids des petits fromages Babybel, Day by Day a lancé celle de yaourt bio de la marque Les Prés Rient (Danone).

"Je ne dis pas que demain on devra tout proposer, mais le vrac doit aussi être capable de proposer" des grandes marques "et parler à tout le monde", juge Didier Onraita.

Reste à savoir si les adeptes historiques seront convaincus: "voir des marques venir au vrac, ce serait un peu tuer l'esprit du vrac et son côté 'pas de marque, juste le produit'", estime Frédéric qui fréquente chaque semaine son épicerie spécialisée près de Paris.

Avec AFP. 

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