Charles Christory, CEO et co-fondateur du Fourgon.
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TRIBUNE

"Consigner, les Français sont prêts"

"Les contenants ont de la valeur, et le réemploi n’est pas qu’une tendance, mais bien une solution de fond, fin prête à s’ancrer dans nos habitudes", plaide, dans cette tribune, Charles Christory, CEO et co-fondateur du Fourgon, une start-up qui remet la consigne au goût du jour.

La grève des éboueurs qui fait les gros titres a au moins le mérite de nous montrer une chose : nous continuons d'amonceler des quantités astronomiques de déchets dans nos domiciles et sur le pas de nos portes, sans que cela ne choque personne. Ces murs de poubelles devraient nous alerter. Nous jetons sans cesse sans se poser la question à grande échelle du désastre écologique que cela représente. Pourtant, réemployer, les Français y sont prêts : une étude de 2019 montrait déjà que 88% d’entre eux se montraient favorables au réemploi des bouteilles et emballages. Une habitude pourtant abandonnée il y a plus de 40 ans, alors que les habitants des villes et des campagnes la saluent, et que le modèle subsiste avec succès chez certains de nos voisins européens. 

A la place, nous avons fait le choix d’un système de tri inefficace et trompeur : environ 70% du plastique que nous jetons ne sera jamais réellement recyclé, mais incinéré ou enfoui à l’autre bout du monde. Du verre, entièrement neuf (!), à hauteur de 6 000 tonnes par jour sera broyé, fondu puis réintroduit, consommant au passage des quantités astronomiques d’eau et d’électricité. Pourtant, une conscience émergente souhaite changer les usages pour protéger des ressources que nous apprenons limitées. Alors, qu’est ce qui coince ?

"Nous avons besoin d'engagement beaucoup plus forts"

La loi Agec, à l’application encore timide, a su initier un mouvement. Moins de plastiques à usage unique, de vaisselle jetable, plus d’économie circulaire… La consigne généralisée, elle, a encore le droit à une "réflexion", si peu face aux vrais enjeux. C’est dans ce contexte, que nous voyons apparaître un phénomène intéressant. "Une fronde", un "front uni" d’une poignée de collectivités et d'industriels qui avancent divers arguments, dont aucun n’est écologique, pour contrer l’idée d’une remise en place de la consigne à grande échelle. Nous serions trop attachés à notre poubelle jaune (vraiment ?), deviendrions dépendants des lobbys de la boisson…mais surtout serions obligés d’investir, et c’est là que ça coince. Le nouveau cadre réglementaire, nécessaire mais pas assez ambitieux, regarde le problème par le bout de la lorgnette. Nous avons besoin d’engagements beaucoup plus forts, maintenant.

La mise en place d’un système de consigne durable et global représente la fin de 36M de bouteilles plastiques consommées chaque jour, 5% d’émissions de CO2 liées uniquement à la boisson dont ⅓ à l’emballage, et une victoire pour chacun : nos poubelles divisées par trois.

Si le plastique n’est certainement pas la panacée du réemploi, il mérite un meilleur système de distribution. Le verre, réutilisable jusqu’à 40x reste la meilleure solution pour la biodiversité et la santé humaine. Consigner permet d’être tous responsables, en évitant la contrainte puisque chaque centime investi est récupéré, et que le geste est maintes fois récompensé. Pour lutter contre le réchauffement climatique, nous ne serions finalement pas si impuissants. Les systèmes de consigne, partout où ils vont, ne cessent de démontrer leur potentiel écologique et anti-inflationniste. Les Français sont prêts.

Alors, qu’attendent les pouvoirs publics pour une démarche plus ambitieuse, ralentie pour une poignée de réticents ? Les contenants ont de la valeur, et le réemploi n’est pas qu’une tendance, mais bien une solution de fond, fin prête à s’ancrer dans nos habitudes. Nous appelons à des arguments tangibles sinon à un démarrage imminent.

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