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Carburant : ce qu'il faut savoir sur le bioéthanol

Après une année 2021 record, les professionnels s'attendent à ce que les ventes de bioéthanol augmentent encore fortement cette année. Confrontés aux augmentations inédites des prix de l'essence et du diesel, de nombreux automobilistes choisissent ce carburant moitié moins cher, mais qui n'est pas forcément une solution au changement climatique.

Le bioéthanol, commercialisé sous le nom de Superéthanol-E85 ou E85, est un carburant où l'alcool, l'éthanol, remplace une partie de l'essence contenue dans les carburants traditionnels. Deux types d'éthanol existent : le synthétique, issu du pétrole, et le biologique, le bioéthanol, fabriqué à partir de blé, de maïs ou de betteraves sucrières. L'éthanol est présent dans tous les carburants suivant des proportions différentes. L'E85, lui, contient entre 65 et 85 % de bioéthanol, contre 5 à 10 % dans les carburants fossiles.

Une alternative de plus en plus populaire

L'utilisation de l'éthanol comme carburant ou composant remonte aux années 1920. Eclipsé par le pétrole dans les années 1960, son utilisation est relancée en 1973 après le choc pétrolier. Aujourd'hui, 30 % des stations-services françaises proposent du bioéthanol, soit 2 739 selon le site de Bioéthanol. Depuis plusieurs mois, le bioéthanol, vendu en France depuis 2007, connaît un pic de popularité. Selon les chiffres de la Collective du bioéthanol, les ventes de l'E85 ont augmenté de 33% en 2021 par rapport à 2020, pour atteindre 4 % des ventes d'essence. En cause, des taxes inférieures et donc un prix très attractif : 0,93 centime le litre en moyenne la semaine dernière en France, moitié moins qu'un carburant classique.

Comment l'utiliser ? 

La première option est d'acheter un véhicule déjà équipé. Si les constructeurs automobiles restent dubitatifs, certains se sont déjà lancés, comme Ford et Jaguar-Land Rover qui ont vendu près de 6 000 véhicules adaptés en 2021. Autre possibilité : la conversion de son véhicule. En 2021, plus de 30 000 automobilistes ont installé un boîtier homologué dit "flex fuel" dans un garage agréé, soit deux fois plus qu'en 2020 selon la Collective. Mais il en coûte entre 700 et 1 600 euros, selon les installateurs.

Alors Mathilde, étudiante de 21 ans dont le nom a été modifié, a choisi une autre option : pour "600 euros", elle a effectué en septembre une reprogrammation, c'est-à-dire une modification des paramètres de son véhicule. "J'ai calculé que mon investissement serait rentabilisé au bout de 11 000 kilomètres et je les ai déjà faits", a-t-elle souligné. Pierre, dont le prénom a également été modifié, a fait le même choix. "Ça me trottait dans la tête depuis pas mal de temps et quand l'essence a dépassé les deux euros, j'ai foncé", dit le chef pâtissier de 51 ans qui a vu le prix de son plein passer de 100 à 45 euros. Reste que cette pratique est illégale : la loi interdit la modification des paramètres d'une voiture figurant sur sa carte grise.

Une solution pas si durable

Le bioéthanol coûte moins cher et il émet moins de CO2 au litre que les carburants traditionnels, mais il est nécessaire en plus grande quantité : un véhicule éthanol consomme en moyenne 15 à 25 % de carburant en plus qu'une voiture essence. Et comme le bioéthanol provient majoritairement de cultures alimentaires, à commencer par la betterave, il faut également inclure les émissions de gaz à effet de serre liées à ces cultures pour évaluer son impact climatique complet. Or sur l'ensemble du cycle, les biocarburants utilisés en Europe ont une empreinte carbone inférieure de seulement 2 % à celle de l'essence, estimait l'International Council on Clean Transportation (ICCT) dans une grande étude comparative publiée en 2021.

En outre, la production d'éthanol renforce les effets néfastes de l'agriculture industrielle sur les sols, l'eau et l'air. Pour produire du maïs ou des betteraves de façon intensive, l'usage de pesticides de synthèse comme les néonicotinoïdes est ainsi très souvent pratiqué, prévient l'association Inspire dans son "Eco-guide de l'automobile". Enfin, la filière pourrait se heurter à un souci de taille dans les prochaines années : sa capacité à répondre à la demande face aux règlementations européennes. L'Europe limite en effet à 7 % la part de biocarburants issus de cultures alimentaires dans l'énergie des transports. En 2019, bien avant l'explosion de 2021, la France culminait déjà à 6,8 %.

Avec AFP.

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