Fleur d'amandier.
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Agriculture raisonnée et cosmétiques naturels : pari réussi pour Oden !

L'entreprise Oden se démarque dans le marché des cosmétiques par la composition de ses produits : 100 % naturels ! La marque a notamment établi un partenariat avec des petits producteurs d'amandes et d'olives situés dans le Gard et pratiquant une agriculture raisonnée. 

Pour mieux comprendre les enjeux récents liés au marché des cosmétiques et à l'importance croissante que prend le "made in France" et le "naturel" pour les consommateurs, ID s'est entretenu avec, d'une part, l'une des fondatrices de la marque Oden et de l'autre, l'une des productrices avec qui elle collabore. 

Marion Weber, fondatrice de la marque de cosmétique Oden

Pouvez-vous nous présenter votre marque et les produits proposés ? 

La marque Oden commercialise des produits cosmétiques, notamment des huiles pour le visage. Notre marque se démarque, car nos huiles sont fabriquées à partir de plantes cultivées et transformées par nos agriculteurs partenaires français. La majorité de nos produits ne contiennent qu’un seul ingrédient, l’huile du fruit ou de la graine. On ne trouve aucun produit issu de l’industrie pétro-chimique dans nos cosmétiques, ni d’ingrédient "d’origine naturelle" comme on trouve souvent aujourd’hui, même dans les cosmétiques bios. Ceux-ci n’ont pas les mêmes vertus qu’un produit "brut" selon nous. 

Quelles sont ces huiles et comment sont-elles fabriquées ?

Nous avons lancé une gamme de six huiles brutes : à la prune, à la mirabelle, à l’onagre, à la bourrache, à la noisette et à l’amande. Pour les huiles fabriquées avec des graines de fleurs comme l’onagre et la bourrache, il faut presser les graines. Pour la prune et la mirabelle, c’est l’amandon qu’il faut presser, c'est-à-dire ce que l’on trouve à l’intérieur du noyau. Cette démarche est particulièrement intéressante, car l’on valorise la production agricole, ou plutôt des co-produits car les agriculteurs devaient souvent payer pour se débarasser des noyaux ou les incinérer. Maintenant, ils parviennent même à valoriser la coque qu’ils brisent pour en faire du paillage à vendre aux municipalités. 

Comment garantissez-vous que vos produits sont sains pour la peau et le visage ?

Nous garantissons tout d’abord que nos huiles proviennent de produits pressés à froid par nos agriculteurs partenaires. Cette méthode d’extraction permet de préserver la quasi-totalité des propriétés de l’huile, c’est-à-dire les acides gras et les vitamines. La majorité des huiles que l’on trouve dans le commerce sont des huiles raffinées.

Que représente ce type de démarche pour les agriculteurs, en termes de volume et de potentiel ?

Aujourd’hui, il s’agit d’huiles très rares. Concernant l’onagre et la bourrache par exemple, je crois qu’il ne reste que trois producteurs en France. Idem pour la mirabelle, il s’agit d’un fruit typique des régions à l’est, et l’on n'en trouve qu’à cet endroit. Ainsi, les quantités produites sont réduites. Mais depuis que l’on arrive à valoriser la quasi-totalité de la production et que nos produits se vendent bien, de plus en plus d’agriculteurs nous contactent pour se lancer dans l’aventure avec nous, de ceux qui jusqu’ici cultivaient à destination de l’industrie agro-alimentaire. 

La fabrication de vos cosmétiques répond-elle à un cahier des charges spécifique ?

Au-delà de notre engagement en circuits courts, nous avons tout d’abord obtenu le label "slow cosmétique", délivré par une association franco-belge qui valorise les cosmétiques ayant une composition 100 % naturelle, sans faire du marketing à outrance. C’est ce qui nous caractérise : revenir à la simplicité des formules. Nous sommes en cours de certification pour obtenir le label "Ecocert" pour nos produits non-biologiques, et le label "Cosmos" pour nos produits biologiques 

Laurence Hager, productrice d'amandes et d'olives

Vos produits sont-ils labellisés ou certifiés ?

Non, mais nous suivons les principes d’une agriculture "raisonnée", et nos produits sont bien sûr "made in France" : nous sommes basés dans le Piémont cévenole, dans le Gard à côté d’Uzès. Les terres sont très arides et il y pousse principalement des vignes, des oliviers et des amandiers.

À quelle destination produisez-vous des amandes et des olives ?

Nous les destinons uniquement à la vente directe, via des circuits courts. Nous avons toujours fonctionné ainsi. C’est un choix motivé par le fait que nous ne voulons pas vendre aux grosses industries, mais à des personnes physiques, que l’on rencontre en boutique, qui s’intéressent réellement à notre démarche. De plus, nous gagnons mieux notre vie en vente directe qu’avec la vente en gros. 

Que représente le marché de l’amande en France aujourd’hui ?

L’amande venue de Californie domine complètement le marché. Nous sommes très peu de producteurs en France, une petite centaine peut-être, et nous représentons environ 1 % de la consommation d’importation. Et je pense que nous sommes parmi les plus producteurs en France car nous avons entièrement parié dessus et transformons toute notre récolte en vente directe.  

Comment est né votre partenariat avec Oden ?

Notre collaboration est née durant l’un des salons "Paris Fermier", durant lesquels les producteurs et fermiers s’associent. Marion Weber était alors venue à notre rencontre car elle était en recherche de produits français, plus particulièrement d’amandes, pour fabriquer ses cosmétiques. Aujourd’hui, nous pressons l’huile à sa demande et lui expédions directement. 

La démarche de fabrication de cosmétiques à partir de votre production conditionne-t-elle votre partenariat avec Oden ?

Oui, tout à fait. Marion Weber était attachée à la qualité des amandes qu’elle souhaitait utiliser. Nos amandes françaises n’ont rien à voir avec celles venant de Californie, qui sont bien souvent ionisées pour une meilleure conservation. Il est normal que le consommateur, avant de s’étaler de l’huile d’amande sur la peau, souhaite savoir ce qu’elle contient précisément. Ce n’est pas simplement un cosmétique qui est vendu, mais également une histoire. Alors quand elle vient de loin, il est plus difficile de la connaître. 

Quel regard portez-vous sur l’état du secteur agricole aujourd’hui et sur les efforts menés pour la transition écologique ?

Lorsque nous avons commencé à vendre nos produits via des circuits courts, les gens n’étaient pas très intéressés, au vu des prix plus élevés que dans la grande distribution. L’amande cultivée en Californie est bien moins chère que la nôtre par exemple. Mais nous étions confiants, nous y croyions, alors nous nous sommes lancés. Puis un certain engouement est apparu, notamment à la suite des nombreux scandales alimentaires qui ont éclaté ces dernières années. Les gens sont de plus en plus soucieux de savoir ce qu’ils mangent exactement. Les salons comme "Paris Fermier" permettent de rencontrer ces consommateurs et de dialoguer avec eux. 

Voici la chronique du Social Lab sur France Inter :