L’occasion fait de plus en plus partie des modalités de consommation.
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“Acheter de la seconde main n’est plus une honte”

Dans une étude, réalisée avec l’université Paris Dauphine-PSL et le Crédoc, l’ADEME dresse un état des lieux des pratiques des consommateurs pour les objets d’occasion. Si cette pratique est aujourd’hui bien ancrée dans les habitudes des Français, elle est aussi malheureusement associée dans presque 50% des cas à une surconsommation. Interview. 

Vinted, leboncoin...les plateformes de vente et d’achat d’occasion en ligne connaissent un vibrant succès auprès des consommateurs. Poussent-elles pour autant à la surconsommation ? Cela dépend pour qui, répond une étude de l’ADEME, intitulée "Objets d’occasion : surconsommation ou sobriété ?" et menée avec l’université Paris Dauphine-PSL et le Crédoc. Entretien avec Valérie Guillard, professeure des Universités à l’université Paris Dauphine-PSL et Marianne Bloquel, chargée des études sur la sobriété au sein du service consommation responsable de l’ADEME.  

Le marché de l’objet d’occasion connaît une forte expansion depuis une vingtaine d’années. Comment expliquez-vous cet essor ? 

Marianne Bloquel : L’occasion fait de plus en plus partie des modalités de consommation. Le développement des réseaux de ressourceries et de recycleries a contribué à cet essor.  

Valérie Guillard : Les plateformes d’achat et vente d’occasion en ligne, comme leboncoin, Vinted, jouent également un rôle prépondérant. Cela est combiné avec la baisse du pouvoir d’achat et une sensibilité plus accrue pour la lutte contre le gaspillage.  

Comment est aujourd’hui perçu l’achat d’occasion ? 

Marianne Bloquel : On voit que c’est une pratique plus valorisée. D’après notre étude, 81 % de la population estiment qu’il s’agit d’une source de fierté. Par ailleurs, 84 % des Français trouvent qu’il est digne de consommer d’occasion, contre 60 % pour l’achat neuf.  

Valérie Guillard : Acheter de la seconde main n’est plus une honte, c’est un achat qui traverse la majorité des classes sociales. Dans notre étude, plus de la moitié des Français considèrent même que l’achat d’occasion s’inscrit dans la "norme". Cela dépend toutefois des catégories d’objet. Pour l’achat de gros électroménager par exemple, le neuf reste encore la norme par crainte de la panne.  

La proportion des Français qui achètent d’occasion est passée de 25 % en 2009 à 48 % en 2018. Quelles sont les principales motivations des consommateurs ? 

Valérie Guillard : Il y a des motivations environnementales mais elles ne sont pas majoritaires et les premiers leviers de l’achat. Les motivations économiques l’emportent. Comme nous le mentionnons dans l’étude, 86 % des consommateurs jugent que cela permet d’acheter plus d’objets pour moins cher et 84 % y voient l’occasion d’économiser pour s’offrir plus de loisirs. 

Marianne Bloquel : Les achats plaisir occupent aussi une place importante. On l’a vu pendant le confinement. Des consommateurs ont aimé passer du temps à flâner sur les plateformes en ligne comme leboncoin.  

Selon votre étude, il y aurait une variété de profils d’acheteurs. Quels sont-ils ? 

Marianne Bloquel : On distingue quatre groupes. Ceux qui achètent fréquemment de l’occasion et évitent de consommer du neuf (7,6 %). Ceux qui achètent rarement des objets que ce soit du neuf ou de l’occasion (12,3 %). Il y a aussi ceux qui achètent beaucoup mais presque exclusivement du neuf (34,8 %). Et ceux qui achètent beaucoup, du neuf comme de l’occasion selon les besoins (45,3 %). 

Valérie Guillard : A travers cette typologie, on remarque qu’il y a des rapports différents à l’occasion. On ne peut pas encore attester qu’il n’y a que de la sobriété ou que de la surconsommation. 

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Selon vous, la seconde main peut-elle inciter à la surconsommation ?

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En partenariat avec l’ADEME. 

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