C’est officiel, nous avons dépassé la 7e limite planétaire, celle de l’acidification des océans. C’est l’occasion de revenir en détail sur les 9 limites planétaires.
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Climat

Quelles sont les neuf limites planétaires ?

La communauté scientifique tire la sonnette d'alarme : la 7ème limite planétaire a été franchie. L'occasion de revenir sur les neuf limites planétaires, ce cadre qui définit les seuils critiques à ne pas dépasser pour préserver l'équilibre de la planète.

Le niveau d’acidification des océans a désormais dépassé la limite jugée compatible avec des écosystèmes stables et durables, portant à sept le nombre de limites planétaires franchies, selon l’institut de recherche qui suit ces mesures au 24 septembre. 

Ces limites planétaires définissent les seuils que l’humanité ne devrait pas dépasser pour préserver les conditions favorables à son développement et continuer à vivre durablement dans un écosystème sûr. Elles visent à éviter des modifications brutales et difficilement prévisibles de l’environnement planétaire. 

Avant ce dernier franchissement, six autres limites avaient déjà été dépassées : le changement climatique (CO₂ dans l’atmosphère), l’intégrité de la biosphère (extinction d’espèces et appropriation des ressources par l’homme), l’usage des sols (déforestation), le cycle de l’eau douce (zones touchées par sécheresse ou inondations), les cycles biogéochimiques (apports massifs d’engrais et de pesticides) et l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère (plastiques et autres produits chimiques industriels). 

ID vous propose de revenir sur chacune de ces neuf limites, afin de mieux comprendre leurs enjeux et les risques associés.

1- Le changement climatique 

Le changement climatique est reconnu comme l’une des neuf limites planétaires. Depuis le début de l’ère industrielle, notre planète présente en effet des signes de dérèglement : le climat se détériore progressivement, principalement en raison de l’accumulation des gaz à effet de serre, en particulier le CO₂ issu de la combustion du charbon et du pétrole, de l’industrie chimique et de l’utilisation d’engrais azotés.

C’est pourquoi les médias rappellent régulièrement que "le réchauffement climatique s’intensifie d’année en année". L’élévation des températures entraîne en effet des modifications dans les régimes de précipitations, ce qui favorise l’apparition de tempêtes plus violentes, susceptibles de provoquer inondations et glissements de terrain.

2- La perte de biodiversité

On constate également que la modification des usages des terres joue un rôle majeur dans la dégradation de l’environnement. Elle entraîne notamment la perte de biodiversité, l’érosion des sols, l’augmentation des risques d’inondations et de coulées de boue, ainsi qu’une hausse des émissions de gaz à effet de serre due à la libération de carbone. À l’échelle mondiale, la production agricole et l’élevage constituent d’ailleurs la principale cause de la déforestation.

3- Le cycle de l'eau douce

Dans la continuité de ces déséquilibres écologiques, le cycle de l’eau douce connaît lui aussi de profondes perturbations. Depuis 4 milliards d’années, c’est toujours la même eau qui circule sur Terre, un phénomène que les scientifiques désignent comme le principe de conservation de la masse. Autrement dit, notre planète fonctionne comme un immense système de recyclage naturel où rien ne se perd.

Cependant, face aux activités humaines et à l’intensification des bouleversements climatiques, les ressources en eau douce deviennent de plus en plus limitées. La surexploitation, les sécheresses récurrentes et la pollution rendent sa gestion extrêmement complexe. Aujourd’hui, notre eau est même contaminée par ce que l’on appelle les "polluants éternels", des substances persistantes qui s’accumulent dans l’environnement et menacent durablement les écosystèmes comme la santé humaine.

4- Le changement d'usage des sols 

À cela s’ajoute une autre crise majeure : la perte accélérée de la biodiversité, qui fragilise l’équilibre des écosystèmes. Parmi les principales causes de cette disparition figurent la surexploitation des ressources naturelles et le commerce illégal des espèces, notamment à travers la surpêche et la chasse excessive.

D’après l’UICN – Comité français, sur les 169 420 espèces étudiées, 47 187 sont classées comme menacées. Les chiffres sont particulièrement préoccupants : 41 % des amphibiens, 12 % des oiseaux et 27 % des mammifères risquent aujourd’hui l’extinction à l’échelle mondiale.

5- Perturbation des cycles biogéochimiques 

La perturbation des cycles biogéochimiques, notamment ceux de l’azote et du phosphore, constitue une limite planétaire aujourd’hui largement franchie. L’agriculture conventionnelle, par l’usage massif d’engrais de synthèse, en est l’un des principaux moteurs. Cette intensification a profondément modifié l’équilibre naturel des sols et des écosystèmes, ce qui incite à promouvoir des pratiques agricoles plus durables afin de préserver la biodiversité et la fertilité des terres.

L’azote est un élément fondamental pour la croissance et le développement des plantes cultivées ; sa disponibilité dans les sols conditionne directement la productivité agricole. Le phosphore, de son côté, joue un rôle essentiel dans la croissance végétale et, chez les êtres vivants, dans la constitution des os et des dents.

6- Acidification des océans 

L’acidification des océans est principalement due à l’augmentation du dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère. Ce gaz, produit en grande partie par les activités humaines — telles que la déforestation, les transports, la combustion des énergies fossiles et les activités industrielles — contribue à réguler la température de la planète, mais son accumulation depuis plusieurs décennies a de lourdes conséquences.

Une part importante du CO₂ émis est absorbée par les océans, où il se dissout et provoque une diminution du pH de l’eau de mer. Cette baisse du pH accroît l’acidité, ce qui fragilise les organismes marins, en particulier ceux dont la survie dépend de la calcification, comme les coraux, les mollusques et de nombreuses espèces de plancton. À terme, ce phénomène menace l’équilibre des écosystèmes marins et les chaînes alimentaires qui en dépendent.

7- Concentration atmosphérique en aérosols

Un autre phénomène préoccupant concerne l’augmentation de la concentration d’aérosols dans l’atmosphère. Leur accumulation accentue l’opacité de l’air et peut réduire de 10 à 15 % le rayonnement solaire atteignant la surface terrestre. L’influence des aérosols sur l’évolution des nuages constitue l’une des manifestations les plus marquantes de ce processus.

Une partie de ces particules en suspension provient de sources primaires, c’est-à-dire qu’elles sont directement émises dans l’air. Parmi les principales origines figurent le trafic routier, les activités industrielles, le chauffage domestique ainsi que certaines pratiques agricoles.

8- Appauvrissement de l'ozone

Un autre enjeu environnemental majeur est l’appauvrissement de la couche d’ozone. Celle-ci est constituée d’ozone, une molécule composée de trois atomes d’oxygène (O₃). Bien qu’elle soit toxique à forte concentration au niveau du sol, elle joue un rôle vital dans la haute atmosphère en absorbant une grande partie des rayons ultraviolets nocifs émis par le soleil, condition indispensable au maintien de la vie sur Terre.

La découverte, dans les années 1980, d’un "trou" dans la couche d’ozone a suscité une vive inquiétude au sein de la communauté scientifique et du grand public. Ce phénomène était principalement dû aux chlorofluorocarbures (CFC), dont les molécules libèrent du chlore qui réagit avec l’ozone, déjà instable, et accélère sa destruction.

En réponse, 24 pays ont signé en 1987 le Protocole de Montréal, un accord international visant à éliminer progressivement la production et l’usage des CFC. D’après l’ONU, ces mesures portent aujourd’hui leurs fruits : la couche d’ozone est en voie de régénération et devrait retrouver un état proche de la normale d’ici 2050.

9- L'introduction d'entités nouvelles dans la biosphère

Enfin, l’introduction de nouvelles entités dans la biosphère constitue la neuvième limite planétaire. Initialement désignée sous le terme de "pollution chimique", elle regroupe des substances telles que les éléments radioactifs, les métaux lourds et de nombreux composés organiques générés par les activités humaines, désormais omniprésents dans l’environnement.

Il est essentiel de prendre conscience que la diversité et la quantité de ces polluants sont beaucoup plus importantes qu’on ne l’imagine, et qu’un excès de ces substances peut avoir des conséquences graves, tant sur la biodiversité que sur la santé humaine.