C’est sans doute l’incendie le plus coûteux de l’histoire de la Californie. Le 7 janvier dernier, les premières maisons du quartier cossu de Pacific Palisades étaient touchées par les flammes. Une dizaine de jours plus tard, plus de 82 000 personnes n'ont toujours pas pu rentrer chez eux et les dégâts sont estimés entre 250 et 275 milliards de dollars, d’après AccuWeather, une entreprise américaine spécialisée dans les services météorologiques.
La Californie, Etat le plus peuplé des Etats-Unis avec ses 39 millions d’habitants, est pourtant habituée aux feux de forêt. En 2018, 6 700 km2 sont partis en fumée dans l'Etat. Toutefois, la saison des feux californienne s’achève habituellement au plus tard à l’automne et un tel incendie en plein hiver est particulièrement marquant.
Un climat particulièrement sec
La principale raison pour laquelle un tel feu a pu se propager dans la région en janvier est le climat extrêmement sec dans lequel est plongée la Californie depuis plusieurs mois maintenant. Seul 0,76 millimètre de pluie sont tombés sur l’Etat ces trois derniers mois, selon le Los Angeles Times.
Le manque crucial de précipitations fait suite à deux hivers pluvieux, durant lesquels la végétation a proliféré. Cette végétation abondante et sèche favorise l’embrasement. Le chercheur californien Chad Hanson explique à l’antenne d’ABC News Australia qu’une politique d’élagage efficace aurait fait une nette différence dans la propagation des feux.
Des vents violents dus aux changements climatiques
Au climat particulièrement sec de la Californie vient s’ajouter un puissant phénomène météorologique : Santa Ana. Il s’agit d’un vent sec et chaud qui souffle chaque année en automne et au début de l’hiver sur la Californie. Il se forme dans les montagnes du désert de Mojave, à l’est de Los Angeles, et dévale leurs pentes en direction de l’océan Pacifique.
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Cette année, les vents de Santa Ana étaient toutefois plus puissants qu’habituellement. Karen Bass, maire de Los Angeles, alertait le 7 janvier sur X la population de la ville face à la prévision d’une tempête "destructrice et potentiellement mortelle". La puissance des vents, en plus de participer à l’assèchement des terres, transporte les braises et attise les flammes.
There is an expected destructive and potentially life-threatening windstorm starting Tuesday morning through Wednesday afternoon.
Red Flag No Parking Restrictions will go into effect in certain areas tomorrow morning.
Stay safe LA! Join @NotifyLA here: https://t.co/C2EO2lzTXO https://t.co/ChmYDOhJPr
— Mayor Karen Bass (@MayorOfLA) January 7, 2025
Mais pourquoi Santa Ana est-il si puissant cette année ? C’est une fois de plus lié au changement climatique. À une dizaine de kilomètres au-dessus de nos têtes se déplace d’ouest en est le jet stream (ou courant-jet en français). Il s’agit d’un vaste couloir de vent qui sépare les masses d’air froides polaires et les masses d’air chaudes subtropicales dans l’atmosphère. C’est la différence de températures entre ces deux masses d’air qui donne de la force au jet stream.
Sauf que cet écart de température est en train de diminuer avec le changement climatique, provoquant l’affaiblissement du courant. En effet, si la Terre se réchauffe dans son ensemble, les pôles sont les régions qui se réchauffent le plus vite. Le jet stream, à l’origine d’un certain nombre de phénomènes météorologiques, s’affaiblit donc inexorablement, entraînant par la même occasion une accentuation des phénomènes extrêmes à l’échelle de la planète.
Moins de 2 semaines après le début des incendies, le bilan est lourd. On décompte 27 morts et au moins 12 000 bâtiments sont partis en fumée. De nouvelles victimes du changement climatique.