El Nino engendre de fortes sécheresses dans le Pacifique Ouest et des pluies importantes dans le Pacifique Est.
©Armastas/Getty Images
Climat

Tout comprendre au phénomène météorologique El Niño

Événement naturel et répétitif, El Niño résulte d'une inversion des vents du Pacifique. Il impacte les températures et crée des intempéries dans les zones concernées et, dans une moindre mesure, sur toute la planète. ID se penche sur les causes et conséquences du phénomène sur le climat.

Le printemps 2024, dans la continuité de 2023, devrait être impacté par l'événement climatique El Niño. C’est ce que révèle l’OMM (Organisation météorologique mondiale) dans un communiqué de presse, ce mardi 5 mars. Après un pic atteint en décembre, le phénomène a 60 % de chances de perdurer entre mars et mai, entraînant des températures anormalement élevées et des intempéries.

Cet événement, ancien, a d’abord été remarqué par des pêcheurs péruviens particulièrement impactés par ses conséquences. Ils lui attribuent le nom "El Niño", traduction espagnole pour "le garçon", en référence à Jésus, car ils en ressentent en général les effets vers la période de Noël.

Un phénomène climatique naturel

Comme l’indique à ID Camille Risi, chercheuse au CNRS et au Laboratoire Météorologique Dynamique, "l’événement climatique El Niño existe depuis toujours". C’est un phénomène naturel causé par des vents de l'Océan Pacifique nommés les Alizés. L’experte en climat explique qu’en temps normal, ces vents tropicaux vont de l’Est à l’Ouest du Pacifique, poussant l'eau vers l’Ouest, donc vers les régions de l’Indonésie et de l’Australie. "La surface de l’océan accumule de la chaleur dans le Pacifique Ouest et des eaux froides à l’Est", ajoute-t-elle.

Tous les deux à sept ans en général, ces vents s'affaiblissent ou s’inversent : "c’est ce que l’on appelle El Niño", résume Camille Risi. Il dure en général entre neuf et douze mois. Les phénomènes météorologiques s’inversent donc, avec une accumulation d’eau plus chaude à l’Est du Pacifique, et plus froide à l’Ouest. Or, dans les zones tropicales, les pluies interviennent lorsque les eaux sont chaudes. En effet, "les cumulonimbus responsables des orages se forment lorsque l’air chaud monte", précise la chercheuse.

Des conséquences météorologiques importantes

Les périodes où intervient le phénomène El Niño sont donc synonymes de bouleversements météorologiques importants, voire de catastrophes. Le Pacifique Ouest, privé de pluie, est touché par de fortes sécheresses, entraînant parfois des feux de forêt. À l’inverse, le Pacifique Est, c’est-à-dire l’Amérique Centrale et du Sud, subit des pluies anormalement fortes, des inondations ou encore des glissements de terrain. 

En général, les années touchées par El Niño se révèlent être parmi les plus chaudes à l’échelle mondiale

Plus globalement, toutes les zones du monde sont impactées, de près ou de loin, par El Niño. Des précipitations anormales ont lieu et les températures globales se réchauffent. Le continent africain ressent souvent des conséquences : le Sud s’assèche alors que la Corne de l’Afrique s’humidifie. "En général, les années touchées par le phénomène se révèlent être parmi les plus chaudes à l’échelle mondiale", conclut Camille Risi. 

En outre, les effets sont encore plus importants lors de la deuxième année du phénomène, d’après l’OMM. Or, l’épisode actuel d’El Niño a débuté en juin 2023 et se poursuit en 2024. Sur le site de l'OMM, la Secrétaire générale Celeste Saulo déclare que  "depuis juin 2023, tous les mois ont battu le record mensuel de températures, et 2023 est de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée". C’est pourquoi les températures des prochains mois ont de grandes chances d’être exceptionnellement hautes.

Un lien avec le changement climatique incertain

El Niño existant depuis toujours, le dérèglement climatique n’en est pas responsable. En revanche, les chercheurs estiment que les deux événements s’additionnent, aggravant les hausses des températures et les catastrophes naturelles. En conséquence, selon l'observatoire européen Copernicus, la température des eaux de surface a battu son record mensuel en février 2024, avec une moyenne de 21,06°C.

Sur la période en cours, Celeste Saulo estime que "El Niño a contribué à ces records de températures, mais les gaz à effet de serre, qui retiennent la chaleur, sont sans équivoque les principaux responsables". Elle ajoute que les températures élevées de la surface de l’eau en 2024 sont "inquiétantes, et ne peuvent pas s’expliquer seulement par El Niño". 

Enfin, Camille Risi ajoute que d’après l’IPCC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), le lien direct entre cet événement et le changement climatique n'est pas clair. "Les conséquences des oscillations El Niño sur les changements de pluie et leurs extrêmes vont s’accroître avec le changement climatique", conclut-elle.

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