20 janvier 2025. Pour la seconde fois, Donald Trump est investi président des États-Unis. Dans la foulée, et comme promis durant sa campagne, il signe une série de décrets. Appelés en anglais "executive orders", ils lui permettent de prendre des décisions sans les soumettre au vote des élus.
Parmi eux, la nouvelle administration a signé un décret gelant l’ensemble des permis d’exploitation et des prêts fédéraux accordés aux projets éoliens, qu’ils soient situés sur terre ou en mer (éoliennes offshore).
Un décret contesté
C’est cette mesure qui est contestée par les procureurs généraux de 17 États, tous démocrates, ainsi qu’à Washington D.C., la capitale américaine possédant les mêmes prérogatives qu’un État. Les concernés sont l’Arizona, la Californie, le Colorado, le Connecticut, le Delaware, l’Illinois, le Maine, le Maryland, le Massachusetts, le Michigan, le Minnesota, le New Jersey, le Nouveau-Mexique, l’État de New York, l’Oregon, le Rhode Island, et l’État de Washington.
Selon les procureurs généraux, qui occupent la fonction de ministres de la Justice à l’échelle de leur État, Donald Trump n’a non seulement pas le pouvoir d’interrompre ce processus mais met également en péril "des milliers d'emplois bien rémunérés et des milliards de dollars d’investissement", a affirmé la procureure générale de New York Letitia James dans un communiqué.
Celle qui a qualifié cette décision d’"arbitraire" et "inutile" a ajouté que cette mesure "retardait la transition (des États-Unis) vers l’abandon des combustibles fossiles, qui nuisent à notre santé et notre planète".
Taylor Rogers, attachée de presse à la Maison-Blanche, a déclaré à Associated Press que les procureurs généraux "utilisaient le droit pour arrêter le programme énergétique populaire du président" au lieu de travailler avec lui à faire baisser le prix de l’énergie pour "les familles américaines".
En croisade contre les énergies renouvelables
Alors que l’administration Biden avait apporté son soutien au développement des énergies renouvelables, Donald Trump prend un virage à 360° en termes de politique énergétique. L’organisation non partisane Environmental Entrepreneurs (E2) recense l’annulation ou le report de vingt projets majeurs ayant une valeur totale de 8 milliards de dollars.
Mais l’annulation la plus marquante a sans doute été celle du projet d’éoliennes offshore Empire Wind. Lancé en 2017 par Equinor, un grand groupe norvégien spécialisé dans l’énergie, le projet, dont la construction avait déjà commencé, devait alimenter 500 000 foyers new-yorkais en électricité.
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Situé à moins de 50 km de Long Island, il devait devenir le tout premier projet éolien offshore à fournir New York directement et faisait partie de la stratégie de la ville pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles.
Le président ne semble toutefois pas vouloir s’arrêter là : lors de la présentation du prochain budget, il a annoncé des coupes massives dans le secteur des technologies durables. Il a notamment fait savoir qu’il supprimerait certaines subventions de l'Inflation Reduction Act, un plan de réformes écologiques et sociales lancé par Joe Biden en 2022.
Des conséquences alarmantes
Les conséquences de ces décisions coûteraient très cher : moins 15 milliards de dollars pour les énergies renouvelables et le captage du carbone, moins 6 milliards pour les bornes de recharge des véhicules électriques, moins 1,3 milliard pour l’Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).
Les incertitudes causées par les coupes budgétaires et la politique de Donald Trump refroidiraient considérablement les investisseurs à financer les énergies renouvelables aux Etats-Unis.
Pour le moment, les procureurs généraux attendent qu’un juge fédéral se saisisse du dossier, seul moyen que le décret soit déclaré illégal et d’empêcher les agences fédérales de le mettre à exécution. D’autres décrets signés par Donald Trump dans les jours suivant son investiture ont par ailleurs déjà été annulés par des juges fédéraux. C’est le cas de celui empêchant les enfants nés aux États-Unis de parents immigrés sans papiers d’être reconnus comme citoyens américains.