Le 15 octobre, un groupe de chercheurs a publié une étude dans la revue Nature sur les forêts du Queensland en Australie.
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Biodiversité

Quand les forêts tropicales australiennes deviennent des sources de carbone

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Le 15 octobre, un groupe de chercheurs a publié une étude dans la revue Nature sur les forêts du Queensland, en Australie. Depuis 25 ans, elles émettent plus de CO2 qu’elles n’en absorbent. Jusque-là considérées comme des puits de dioxyde de carbone, elles en sont désormais une source.

C’est une première mondiale. Les forêts tropicales du Queensland sur la côte nord-est de l'Australie n’absorbent plus assez de dioxyde de carbone. Le groupe de chercheurs à l’origine de cette étude rapportée par la BBC a estimé que le phénomène date d’au moins un quart de siècle. 

Les raisons d'une telle perturbation 

Le grand coupable de cet événement inédit, c’est le changement climatique qui a accéléré la montée des températures. Par conséquent, les épisodes de sécheresse se sont faits plus fréquents et plus intenses. En plus du manque d’eau, les incendies se sont multipliés, causant la mort prématurée d’un nombre d’arbres important sur une large surface désormais incultivable.

Le rapport soutient qu’il ne s’agit pas de l’unique aléa naturel qui perturbe la photosynthèse des arbres. En comparant les données récoltées il y a quarante-neuf ans sur une vingtaine de forêts, il a été démontré que les cyclones sont plus courants et plus violents ces dernières années. De ce fait, ils empêchent le rajeunissement de la sylve, les arbres les plus jeunes et les plus fragiles étant déracinés et ne pouvant pas remplacer ceux qui ont été brûlés.

L'étude a révélé que les troncs et les branches des arbres morts ainsi que la biomasse ligneuse sont devenus émetteurs plutôt qu’absorbeurs de carbone, il y a environ 25 ans. A l’heure actuelle, le phénomène n’a pas été observé dans d’autres forêts tropicales.

"Ce changement est vraiment significatif", affirme Hannah Carle, chercheuse avec le Hawkesbury Institute for the Environment à l’Université Western Sydney. "Cela pourrait être une sorte de signal d'alarme."

Les conséquences de ce phénomène

Toujours selon la chercheuse, ces résultats sont préoccupants pour les objectifs mondiaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces derniers reposent en grande partie sur la capacité des écosystèmes comme les forêts tropicales à absorber le carbone de l'air. En évoluant à l’opposé, la couche d’ozone est de nouveau menacée. 

Les forêts amazonienne, indonésienne et du bassin du Congo ne sont pour l’instant pas concernées par le phénomène de la biomasse ligneuse. En revanche, elles sont fortement touchées par les catastrophes naturelles, leur biodiversité n’arrivant pas à s’adapter à l’évolution rapide du climat.

Patrick Meir, l’un des coauteurs de l'étude, a affirmé à l’AFP qu'il était "probable que toutes les forêts tropicales réagissent de manière assez similaire" au vu des résultats préoccupants. 

L’Australie en première ligne face au changement climatique

En produisant 15,01 tonnes de CO2 par habitant, l'Australie fait partie des 20 plus gros pollueurs mondiaux. Elle est surtout critiquée pour sa dépendance à l’exportation des énergies fossiles et son soutien aux entreprises polluantes. Le pays a par exemple autorisé le projet North West Shelf, qui devait fermer en 2030, de prolonger son activité jusqu'en 2070. Le complexe industriel pompe 10 millions de tonnes de gaz liquéfié et de pétrole chaque année.

Le mois dernier, un nouveau rapport sur l’impact du changement climatique a révélé que l’Australie avait déjà atteint un réchauffement supérieur à 1.5°C, la limite fixée par l’accord de Paris.

En réponse à ce constat, le pays a récemment annoncé de nouveaux objectifs. Il va prendre des mesures pour réduire ses émissions de carbone d’au moins 62 % par rapport aux niveaux de 2005 au cours de la prochaine décennie.