La pollution lumineuse est un problème environnemental, et perturbe la vie des oiseaux.
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Biodiversité

Pourquoi la pollution lumineuse menace de nombreuses espèces d'oiseaux

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Et si moins de lumière en ville sauvait la biodiversité ? Une étude de National Geographic révèle que réduire la pollution lumineuse pourrait offrir aux oiseaux et aux espèces nocturnes un environnement plus naturel et plus sain. On vous explique comment.

La pollution lumineuse est un enjeu environnemental en pleine expansion, touchant un nombre croissant de régions à travers le monde. Elle désigne un éclairage artificiel nocturne, souvent excessif ou mal orienté, qui altère la qualité du ciel nocturne.

Et, d'après un rapport de National Geographic, ce phénomène perturbe les écosystèmes et a des répercussions notables sur la faune, en particulier sur les oiseaux. C'est ce qu'explique Christophe Kyba, physicien au Centre allemand de recherche en géosciences (GFZ). "Tout au long de l’histoire de l’évolution, un modèle stable régnait : tous les animaux et toutes les plantes pouvaient anticiper le jour et la nuit, mais si l’on ajoute de la lumière artificielle, il est évident que le système est perturbé". Et les oiseaux sont les premiers touchés par ces perturbations. Ces animaux, dont les comportements sont en grande partie régulés par les cycles naturels jour/nuit, se retrouvent désorientés par une lumière artificielle constante.

Chez les espèces migratrices, cela peut engendrer de graves conséquences : attirés par les lumières des villes, certains oiseaux modifient leur trajectoire, s’épuisent inutilement, ou entrent en collision avec des bâtiments. Les jeunes oiseaux en période de migration sont particulièrement vulnérables.

Les rythmes biologiques perturbés

Au-delà de la désorientation qu’elle provoque chez les oiseaux migrateurs, la pollution lumineuse perturbe également les rythmes biologiques des espèces sédentaires. Exposés en permanence à des sources de lumière, certains oiseaux commencent à chanter bien plus tôt dans la journée, ce qui peut entraîner un décalage de leur période de reproduction. Selon la revue Science, les oiseaux vivant dans des zones fortement éclairées chanteraient en moyenne 50 minutes de plus que leurs congénères évoluant dans des environnements plus sombres. Ce dérèglement affecte non seulement leur sommeil, mais peut aussi compromettre leur nidification.

La pollution lumineuse modifie ainsi l’ensemble de l’écosystème : elle bouleverse les interactions entre espèces, les cycles alimentaires, et la dynamique des populations. Face à ces constats, de nombreuses associations comme Agir pour la biodiversité ou la Ligue pour la protection des oiseaux appellent à réduire les éclairages nocturnes, notamment en période migratoire. En Europe, cette période s'étend de fin février à début mai et de mi-septembre à fin novembre. 

Des villes s’engagent

Face aux perturbations causées par la pollution lumineuse sur la faune, plusieurs grandes métropoles américaines ont adopté des mesures concrètes pour limiter les impacts sur les oiseaux migrateurs. À New York, le programme Lights Out NYC, lancé dès 2005, incite les propriétaires de bâtiments à éteindre ou atténuer les lumières non essentielles durant la nuit. L’objectif : réduire les désorientations et collisions d’oiseaux, particulièrement fréquentes lors des périodes de migration.

La ville de Saint-Louis, dans le Missouri, a mis en place une initiative similaire baptisée Lights Out Heartland. Celle-ci vise à sensibiliser les entreprises, institutions et habitants à limiter l’éclairage urbain durant les saisons migratoires, afin de préserver les trajets naturels des oiseaux.