Contrairement à la fable, les cigales n’ont pas chanté tout l’été. Cette année, des habitants du sud de la France ont constaté avec étonnement le silence de cet insecte. "C’est troublant, a confié Brigitte, habitante de Nîmes, au média Reporterre. Depuis fin juillet, je n’entends plus les cigales là où d’ordinaire on ne s’entend plus parler tellement elles font du bruit."
Entre le 8 et le 18 août dernier, la canicule s’installe sur l’ensemble du territoire. Le thermomètre dépassant régulièrement les 40°C dans les départements du sud de la France. Toujours dans les colonnes de Reporterre, une habitante d’Aix-en-Provence a remarqué ce soudain "calme plat" parmi la population de cigales parallèlement à la montée du mercure.
Serait-il possible que les cigales ne résistent pas aux fortes chaleurs ? Dans un entretien accordé à 20 Minutes, Kevin Gurcel, entomologiste spécialiste des cigales, explique qu’il est "délicat de se prononcer sur des observations rapportées par des habitants et non des scientifiques".
Des insectes très sensibles aux températures
Selon lui, la situation n’est pas aussi inquiétante qu’elle n’y parait : "D’une année sur l’autre, l’abondance de cigales varie. C’est un animal cyclique, dont les jeunes restent plusieurs années sous terre, de deux à six ans pour la cigale grise par exemple, ce qui peut induire des variations de populations indépendamment des conditions climatiques".
Les cigales sont des espèces dites thermophiles, c’est-à-dire qu’elles dépendent des températures extérieures pour sortir de terre. Elles accomplissent cinq mues avant d’émerger pour compléter leur transformation à la surface.
"La plage de température optimale pour leur fonctionnement à l’air libre se situe entre 22 °C et 37 °C, selon les espèces. On s’attend donc, avec le changement climatique, à ce qu’elles commencent à chanter plus tôt", explique Serge Zaka, agroclimatologue, à Reporterre.
À partir de ce constat, deux visions de ce phénomène sont possibles. Kevin Grucel estime que leur cycle de vie est "écourté" tandis que l’entomologiste Stéphane Puissant défend auprès de Reporterre la théorie d'un décalage de calendrier : "Il ne faut pas s’inquiéter. Si elles s’arrêtent de chanter, c’est qu’elles ont assuré leur cycle de reproduction."
Plus de chaleur, moins de cigales
L’effet du dérèglement climatique sur les cigales ne peut toutefois pas être ignoré. Les étés sont marqués par des épisodes caniculaires de plus en plus intenses et longs tandis que les autres saisons connaissent également des perturbations : sécheresse, fortes précipitations, etc.
Kevin Grucel précise qu’un "sol trop sec défavorise les émergences car les jeunes cigales peinent à creuser leur galerie dans un sol trop dur pour sortir. Un sol plus meuble rend cela plus facile."
En effet, le mois de juin 2025 a été particulièrement sec dans les Bouches-du-Rhône notamment. En plus d’un début de canicule en fin de mois, le département n’a reçu que 3 millimètres de pluie.
"À l’été 2022, qui avait été marqué par trois périodes de canicules, il avait été observé qu’il y avait très peu de cigales à partir de la mi-août", rappelle Kevin Gurcel.
Selon lui, pas de raison de s’inquiéter. En France, il existe 22 espèces de cigales "et l’essentiel n’ont pas des chants audibles de tous". Deux espèces font retentir leurs chants sur le pourtour méditerranéen : la cigale grise et la cigale plébéienne. "Mais ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de chant qu’il n’y a pas de cigale", conclut-il dans les colonnes de 20 Minutes.