L'influenceur éboueur multiplie les actions pour sensibiliser ses internautes aux déchets.
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Vie quotidienne

Zéro déchet : "Pour moi, c’est du pipeau !"

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On parle de lui comme la star de TikTok. ID s’est entretenu avec Ludovic Franceschet, l'éboueur influenceur qui multiplie les actions pour sensibiliser ses internautes afin qu'ils ramassent et surtout, jettent, leurs déchets à la poubelle. 

Avec près de 300 000 abonnés au compteur, Ludovic est un "éboueur influenceur". Entretien.

Quel est l'objectif en allant sur les réseaux sociaux ? 

Alors, les réseaux sociaux selon moi n'ont pas de frontières et permettent d'amener le message très loin. C'est très facile d'être devant un écran et de raconter des choses telles qu'elles sont, j'ai envie de les montrer. Les réseaux sociaux sont un véritable moyen de communication pour tout public ; c'est l'idéal pour transmettre un message et faire de la sensibilisation. 

A quoi souhaitez-vous sensibiliser les personnes qui vous regardent ? 

Je souhaite sensibiliser à la propreté de la planète parce qu'elle est dégueulasse. En étant, moi éboueur, dans la vie professionnelle, je m'en rends compte tous les jours. J'ai ressenti le besoin de le montrer pour ne pas rester impuissant : c'est pour cela que les réseaux sociaux sont utiles. Je souhaite sensibiliser au maximum au "jeter à la poubelle", qui est malheureusement très peu pratiqué, notamment dans les grandes villes. 

On entend souvent dire "il faut trier, réduire et réutiliser". Vous, vous dénoncez un problème qui a lieu bien avant ces différentes problématiques : le fait de jeter dans la poubelle ? 

Exactement. Il est très important de trier, de mettre dans la bonne poubelle les différents déchets mais avant ça, il faut réapprendre à jeter à la poubelle. On en est là, ce qui est malheureux. On doit réapprendre aux personnes à jeter dans une poubelle, ce que je trouve affolant. Mais je vois que beaucoup de personnes adhèrent au message que je diffuse : même eux se rendent compte qu'on a perdu ce geste si important. Un des gestes les plus simples au monde. 

Vous en tant qu'éboueur, vous travaillez dans quelle ville ? 

À Paris centre, l'un des pires endroits au niveau des incivilités. 

Lorsqu'on est éboueur, on a cette fonction d'enlever le mieux et le plus vite possible les poubelles, qui partent à l'abri des regards alors qu'elles sont la phase cachée de nos vies. Quel est le visage de nos poubelles et qu'est-ce qu'elles racontent sur nos modes de vie ? 

C'est vrai que si l'on ouvre le capot de la poubelle, on peut voir l'intimité des personnes. Elles racontent beaucoup de choses les poubelles ; les alcooliques avec les nombreuses bouteilles, les familles nombreuses avec les produits pour enfants. Mais on se rend surtout compte qu'il y a un nombre affolant d'emballages. Je ne blâme pas cela, car on consomme tous. J'essaie de réduire, mais je ne suis pas écolo. Les vrais écolos sont minoritaires selon moi : ils réussissent à vivre avec ce qui les entourent et ce que la terre leur offre. On se rapproche d'un monde propre, mais on n'est pas écolo. On est des vrais producteurs de déchets, les poubelles débordent tellement, les poubelles sont pleines et lourdes. 

Le zéro déchet, c'est du pipeau. 

Vous avez fait un Paris-Marseille : à quoi consistait ce pèlerinage ? 

C'était en effet un véritable pèlerinage des déchets. On est partis 55 jours en partant de la nationale 7 à Notre Dame de Paris. On a réussi à ramasser plus de 15 tonnes de déchets et déclarer dans les applications qui s'y apprêtent avec plus de 20 000 cannettes ou encore 17 000 bouteilles en plastique. On a voulu sensibiliser les personnes à jeter à la poubelle ou à aller en déchèterie. On voulait que les personnes nous voient le faire et le reproduisent. Ce qu'on a fait permet, certes de rendre certaines routes plus propres, mais ne changera pas grand-chose. Par contre, les personnes qui vont nous voir le faire vont être sensibilisées et reproduiront le geste. Elles vont aussi sensibiliser derrière elles sans forcément le vouloir, mais c'est à ça que notre défi sert. Je ne vais pas m'arrêter là. 

Qu'est-ce que vous pensez de ce mouvement du "zéro déchet" qui est à la mode mais peine à réellement embarquer les personnes ? 

Je vais être très catégorique : c'est du pipeau. Tout ce qui est autour de nous est prédestiné à être un déchet. Donc actuellement, le zéro déchet ce n'est tout simplement pas possible. 

Selon vous, cette société "zéro déchet" demanderait trop d'efforts ? Il faudrait être un guerrier pour s'en approcher tant notre société est une société du déchet, c'est ça ? 

Tout à fait. Pour y arriver (au zéro déchet, NDLR), il va falloir se restreindre et se serrer la ceinture. Pour moi, c'est impossible. Certains s'en servent pour des raisons qui me sont inconnues, mais il faut savoir être réaliste. Réduire oui, zéro déchet non. 

Je me permets de préciser que je suis d'ores et déjà en train d'organiser le prochain défi en 2025. Il s'agira d'un tour de France : 4 000 km. Le parcours est prêt : on partira de Dunkerque, en passant par les Hauts-de-France, le Grand Est, le Jura, les Alpes, Monaco, la Côte d'Azur, Marseille, les Pyrénées, Bordeaux, la Vendée, le Nord. 

Quand vous dites "on", de qui parlez-vous ? 

J'ai monté mon association Ludovic Objectif Planète Propre (LOPP), avec une équipe. On était 4 pour le Paris-Marseille avec 2 chauffeurs et 2 marcheurs. Pour le futur Tour de France, je pense être seul car il est difficile de trouver des personnes qui pourront m'accompagner un an. Mais par contre, je pourrais trouver des personnes pour me rejoindre sur des bouts de parcours. 

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