Kevin Guérin, chef de projet pour le Cyber World CleanUp Day.
©DR

Cyber World CleanUp Day: une journée pour revoir ses pratiques numériques

L'impact environnemental des nouvelles technologies tient à la fois à leur fabrication, très émettrice en CO2, et à leur utilisation. Leur consommation en électricité, ainsi que le poids des activités en ligne, ajoutent à leur empreinte carbone. Être sensibilisé aux usages du numérique permet, par un cercle vertueux, de faire un pas vers plus de sobriété. 

Aujourd’hui, selon l’ADEME, les équipements numériques consomment 10 % de l’électricité mondiale. Et c’est sans compter l’impact environnemental lié à leur fabrication et les problèmes posés par leur destruction. Apprendre à utiliser nos équipements avec parcimonie est une des clés pour économiser l’énergie nécessaire à leur fonctionnement, mais ce n'est pas tout. En ménageant son smartphone ou son ordinateur, on retarde le moment où il faudra le remplacer par un neuf. Depuis 2020, un événement annuel est organisé pour nous sensibiliser à ces bonnes pratiques : le Cyber World CleanUp Day. ID s'est entretenu avec Kévin Guérin, chef de projet pour l'organisation de ce grand nettoyage numérique, pour parler de sa deuxième édition qui aura lieu le samedi 20 mars. 

En quoi consiste cette journée et pourquoi l’organiser ?

Cette journée du nettoyage des données est née l’année dernière. Je suis personnellement membre de deux organisations : le World CleanUp Day, qui a pour but de nettoyer les déchets sauvages dans l'environnement en un jour, qui existe depuis 2018, et de l’Institut du numérique responsable (INR), qui milite pour trouver des solutions en lien avec un numérique plus vertueux. Donc en tant que membre de ces deux organisations, j’ai eu l’occasion de discuter avec les deux parties pour mettre en place cette initiative pendant le confinement. D’un côté, le World CleanUp Day ne pouvait plus faire sortir ses bénévoles sur le terrain, et de l’autre, l’INR cherchait une solution pour pouvoir aborder son sujet de manière un peu plus démocratique et populaire, à plus grande échelle.

Cet impact du numérique est conséquent, même si on ne s’en rend pas forcément compte…

Absolument. Selon une étude du Shift Project, 4 % des émissions planétaires de gaz à effet de serre seraient imputables au numérique, soit beaucoup plus que l’aviation civile par exemple, estimée autour de 2%. Une grande partie de cette pollution est liée à toutes les énergies consommées pour la fabrication du matériel : l’extraction des composants, la fabrication en elle-même, puis le transport du matériel. 75 à 80 % des émissions seraient dues à cette phase de fabrication. Ensuite, plus on consomme de contenus numériques, par la navigation sur les équipements, les vidéos, le streaming, plus cela va nécessiter d’infrastructures, comme les centres de données, pour correspondre à ces usages, et ces infrastructures vont consommer de l’électricité. De plus en plus d’électricité, donc, à cause du nombre croissant d’usagers mais aussi de l’intensification des usages individuels. Et la 5G qui arrive ne va pas favoriser la sobriété qui serait pourtant nécessaire.

Comment nettoyer et entretenir son matériel, c’est presque la première chose que l’on devrait apprendre, puisque l’entretien de ses appareils permet aussi de les ménager, de les faire durer plus longtemps..."

Que proposez-vous le samedi 20 mars ?

L’action première, c’est de sensibiliser un maximum de personnes en un minimum de temps aux enjeux environnementaux du numérique, en permettant à chaque utilisateur de contribuer de manière très simple à son échelle, en supprimant quelques mails, quelques fichiers, etc. C’est accessible à n’importe quel utilisateur du numérique. Comment nettoyer et entretenir son matériel, c’est presque la première chose que l’on devrait apprendre, puisque l’entretien de ses appareils permet aussi de les ménager, de les faire durer plus longtemps, et donc de réduire potentiellement la nécessité d’en fabriquer de nouveaux.

Si je veux participer, concrètement, qu’est-ce que je fais ?

Une première manière va être d’organiser un événement Cyber CleanUp pour inviter ses proches, ses amis, ses collègues, à nettoyer ses équipements numériques, de manière à agir collectivement, tout en passant un bon moment, en présentiel ou à distance. L’autre manière est simplement de participer, sans organiser d’événement de son côté, en s’inscrivant sur les événements publics listés sur le site cyberworldcleanupday.fr

Et en quoi vont consister ces événements et est-il facile d’y accéder ?

Pendant les événements, l’animateur de la session va guider les participants en leur donnant des bonnes pratiques concernant les « nettoyages » numériques. Sur le site Internet, les organisateurs trouveront des outils d’information pour pouvoir guider précisément les participants. Lors de l’édition 2020, nous avions plus de 150 événements organisés par une centaine d’organisateurs. Cette année, nous avons déjà deux fois plus d’organisateurs, nous espérons donc doubler également le nombre d’opérations Cyber CleanUp. Nous sommes donc très confiants, sachant que tous les organisateurs n’ont pas encore renseigné leur participation. Il devrait donc y avoir l’embarras du choix pour ceux qui veulent participer.

Est-ce que l’on peut en rejoindre qui ne se trouvent pas près de chez nous ?

Sur le site Internet, dans l’onglet « participer », vous trouverez la liste de tous les événements organisés. Parmi ceux-ci, certains ont des icônes rouges, ce sont ceux qui sont organisés par des entreprises et des associations, donc qui fonctionnent surtout en interne, et d’autres qui sont publics. On peut alors voir si ces événements sont présentiels ou distanciels, en visioconférence, auquel cas on peut y participer depuis n’importe où. Il faut aller informer l’organisateur que l’on souhaite y assister en cliquant sur « participer ». 

Ce n’est pas en nettoyant ses données une fois par an que l’on va réellement changer les choses, mais le but est d’initier chez les utilisateurs du numérique des actions plus récurrentes, de faire prendre les bonnes habitudes"

Selon vous, il y a donc une vraie lacune sur ce sujet ?

Bien sûr, et notre objectif premier est vraiment d’engager le premier pas par l’action, et de sensibiliser à ce sujet méconnu. On est conscient que ce n’est pas en nettoyant ses données une fois par an que l’on va réellement changer les choses, mais le but est d’initier chez les utilisateurs du numérique des actions plus récurrentes, de faire prendre les bonnes habitudes pour réduire son impact environnemental. Cela initie aussi des changements à plus grande échelle : il y a par exemple des entreprises qui nous ont fait savoir qu’elles comptaient faire des « purges » de données plus régulièrement, pour contribuer de manière plus massive à la réduction de la pollution numérique.

Une interview réalisée en partenariat avec France Inter. Ecoutez la chronique Social Lab dans le player ci-dessous. 

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