La FUB décerne le label "Employeur pro-vélo", visant à promouvoir l'usage du vélo dans le milieu professionnel.
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"Employeur pro-vélo" : de plus en plus d’entreprises labellisées

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La Fédération des usagers de la bicyclette, la FUB, a créé il y a quelques années un label "Employeur pro-vélo" qui vise à valoriser les actions pro-vélo des employeurs. Elle constate une nette augmentation des entreprises labellisées, qui devrait fortement s’accentuer en 2025. 

Prendre le vélo pour aller travailler est de moins en moins anecdotique en France et semble même de plus en plus soutenu par les employeurs. C’est ce que constate la FUB, qui voit une nette croissance d’entreprises publiques, privées ou d’associations labellisées. C’est en effet la FUB qui décerne le label "Employeur pro-vélo", visant à promouvoir l'usage du vélo dans le milieu professionnel, qu’il s’agisse de trajets domicile-travail ou de déplacements professionnels. 

ID échange sur le sujet avec Louis Duthoit, chargé de programme à la FUB.  

Qu’est-ce que la FUB, quelle est sa mission ? 

C'est une fédération d'associations qui milite sur le territoire pour promouvoir le vélo du quotidien. C'est le vélo qui nous permet d'aller faire nos courses, de se rendre au travail et d’aller chercher ses enfants. Ce n’est pas le vélo touristique, de loisir. Et ce n’est pas le vélo sportif.  

Nous avons notamment un département plaidoyer. Comme nous fédérons environ 500 associations sur l’ensemble du territoire, nous avons aussi une équipe qui anime cette vie associative. Enfin, nous portons des programmes financés par les certificats d’économie d’énergie et qui financent en particulier des primes vers des subventions pour développer l’usage du vélo auprès des employeurs. Je travaille là-dessus.  Nous avons créé un programme en 2021 qui s’appelle "Objectif Employeur pro-vélo" et qui a pour but d'accompagner les employeurs vers l'obtention du label "Employeur pro vélo". 

Comment fait-on pour l’obtenir ? 

Il y a 46 critères au total et 8 qui sont obligatoires. Les 8 critères obligatoires ont été choisis parce que si on les met en place, généralement on active plein d'autres choses. Ça permet vraiment d'accompagner efficacement les salariés et de maintenir ces pratiques dans le temps.  

Il faut notamment mettre en place une stratégie vélo, un diagnostic et un plan d'action vélo. Il faut nommer une personne qui pilote cette politique vélo. On parle de "référent vélo" mais parfois il est appelé d'une façon un peu différente, ça peut être un "ambassadeur vélo" par exemple, un "relais local vélo". Il faut aussi communiquer sur la mobilité vélo dans son entreprise. Nous demandons comme preuve qu'il y ait au moins deux communications dans l'année.  

Il faut également proposer des ateliers de réparation, au moins un par an. Nous demandons aussi une formation, ça peut être un "e-learning" même si nous n’aimons pas trop, nous préférons des formations en présentiel avec un moniteur par exemple. 

Nous demandons aussi un plan de prévention des risques d'accident. Et enfin, le dernier critère obligatoire, c'est qu'il faut avoir du stationnement vélo

Ce label existe depuis 2021 ? 

Nous travaillons dessus depuis 2019. Une première version est sortie en 2020, qui a fait l'objet d'un test auprès d'une quarantaine d'employeurs volontaires. Nous avions fait 20 audits à l'époque, un peu expérimentaux. En fait, le label tel qu'il existe aujourd'hui est sorti en 2022, un peu parallèlement au programme. Mais on retient 2021 parce que c’est là que nous avons sorti une version à peu près aboutie et que nous avons commencé à faire de la communication sur ce label. 

Nous avons eu une courbe exponentielle. Nous avions quelques labellisés tous les mois de la fin 2022 à la mi-2024, et depuis la mi-2024 nous en avons entre 20 et 40 par mois."

C’est aux employeurs d’être proactifs et de postuler ? 

Oui. Nous sommes dans une période un peu particulière parce que jusqu'à présent, le seul moyen d'obtenir le label, c'était de passer par ce canal, le programme "Objectif employeur pro-vélo". Il fallait s'inscrire au programme et l’employeur était accompagné par des conseillers. Il pouvait bénéficier de primes pour mettre en place des actions et se conformer aux attentes du cahier des charges.  

Cette période est finie. Ce programme était financé par les certificats d’économie d’énergie et cela avait une durée déterminée. Ça a pris fin le 21 décembre dernier. Il n'est plus possible aujourd'hui de s'inscrire et de candidater au label, mais nous avons un peu près 3 000 employeurs qui sont encore inscrits et sont encore accompagnés.  

Nous allons lancer le même label mais sur une version payante, normalement à partir du dernier trimestre de 2025.  

Il y a un contrôle chaque année, une fois qu’on a le label ? 

Non, le label est valable trois ans. C’est un processus d’audit assez classique, voire un peu lourd. Nous travaillons avec trois organismes certificateurs (...). 

Quelle a été l’évolution du nombre d’entreprises labellisées depuis 2021/2022 ? 

Au début, ça a été assez poussif parce que ce programme, entre la date d’entrée et la labellisation, représente environ une durée de 13 mois. Certains employeurs vont plus vite, d’autres sont plus lents. Nous avions un petit déficit de notoriété donc nous avions peu de labellisés jusqu’en 2023/2024.

Et finalement, nous avons eu un gros stock d’employeurs inscrits au programme qui ont été audités au dernier trimestre 2024. 

Nous avons eu une courbe exponentielle. Nous avions quelques labellisés tous les mois de la fin 2022 à la mi-2024, et depuis la mi-2024 nous en avons entre 20 et 40 par mois.  

Là, nous avons un peu plus de 400 employeurs labellisés. Nous devrions atteindre entre 900 et 1100 employeurs labellisés d’ici la fin de l’année 2025.  

Cela concerne tous les types d’entreprises ? 

Oui. Parmi les employeurs labellisés, nous en avons à peu près un tiers qui sont des employeurs publics. C’est assez intéressant parce que par rapport à l’ensemble des employeurs sur le bassin d’emplois, ils sont plutôt sur-représentés. C’est un résultat qui nous étonne un peu.  

Nous pensions que les gros employeurs privés auraient plutôt vocation à demander ce label. C’est le cas, mais on pensait qu’ils seraient devant les employeurs publics.  

Aujourd’hui, le vélo est une option sérieuse, même perçue par le secteur automobile, pour se déplacer. Il y a un changement de regard de manière générale sur le vélo."

Pour les employeurs publics, nous avons réalisé qu’il y avait un peu derrière cette labellisation une image d’exemple. Ce sont beaucoup de collectivités locales. Ce sont elles qui mettent en place les aménagements cyclables sur leur territoire. Elles sont déjà extrêmement sensibles à la thématique et veulent proposer des services vélo pour leurs salariés. Ces employeurs publics ont aussi les compétences. (...) 

Louis Duthoit
©DR

L’idée de prendre le vélo pour aller au travail se démocratise, selon vous ? Alors qu’à une époque, cela faisait plutôt rire

Cela faisait sourire quand j’ai commencé à travailler sur le label. Je me souviens en 2019 d'un atelier où on essayait de se dire : "Qu'est-ce que pourrait être la France en 2024 ?" C'était ça l'objectif, 2024, avec les Jeux olympiques. "Comment serait l'idéal d'une France cyclable pour les Jeux olympiques ?". Quelqu'un avait dit : "Moi, j'imagine qu'à la radio il y aura des bulletins d'embouteillages pour les vélos !" À l’époque, ça nous a fait beaucoup sourire. 

Il y a clairement une vague, un changement de pratiques."

On se rend compte qu’aujourd’hui, on y est presque. Nous voyons un réel intérêt par les médias, la presse. (...) Aujourd’hui, le vélo est une option sérieuse, même perçue par le secteur automobile, pour se déplacer. Il y a un changement de regard de manière générale sur le vélo.  

Nous discutons aussi avec des personnes qui ne veulent pas proposer cette solution à leurs employés. L’insécurité sur les routes est quelque chose qui revient très souvent. Il y a aussi la crainte de certains salariés, comme le fait de ne pas y arriver, la peur des dénivelés, le fait de transpirer...  

Ce sont des craintes qu’on peut lever avec des événements d’essai de vélos sur des courtes durées. Maintenant, au printemps, il y a un événement national, Mai à Vélo, qui permet aux employeurs de créer des événements pour leurs salariés afin qu'ils puissent se déplacer pendant un mois à vélo. 

Il y a un certain nombre de territoires qui mettent aussi en place des challenges mobilité. C'est l'occasion de parcourir beaucoup de kilomètres à vélo sur son trajet domicile travail, de cumuler les kilomètres et de se comparer entre entreprises d'une même ville, d'un même secteur (...). 

Vous prévoyez des chiffres qui vont encore grimper en cette année 2025, donc vous êtes plutôt confiant concernant l'avenir du vélo pour aller au travail ? 

Oui tout à fait. Il y a clairement une vague, un changement de pratiques. Il y a de plus en plus de personnes qui utilisent leur vélo à Paris aujourd’hui. La pratique du vélotaf augmente aussi et aurait même doublé en quelques années (...).  

De notre côté, le cahier des charges du label va rester le même, mais les conditions financières vont changer. Nous étions dans une période un peu idyllique, où une grande partie des frais d'accompagnement des employeurs vers l'obtention de ce label et de l'audit était pris en charge. À compter du dernier trimestre 2025, il y aura une tarification pour l’audit et nous n’aurons plus les primes que les employeurs peuvent percevoir aujourd’hui pour mettre par exemple en place du stationnement ou pour organiser des formations. On s’attend à partir de cette période à ce que le nombre de labellisés décline un peu. Mais cela ne voudra rien dire sur ce qu’il se passe sur le terrain.