Utiliser les moulins à eau pour produire de l’électricité de manière locale, c’est le défi que s’est lancé Maxime Delacourt en fondant Moulins Demain en 2023.
Originaire du Lot, cet ingénieur, spécialisé dans les énergies renouvelables, allie à travers ce projet sa passion pour les moulins – que lui a transmise son grand-oncle Marius, guide au moulin à Eau de Cougnaguet (Lot), et son engagement écologique.
"L’une des principales causes du changement climatique, ce sont les émissions de gaz à effet de serre et donc notre dépendance aux énergies fossiles. Or, nous disposons aujourd’hui d’un patrimoine à restaurer, qui peut en plus nous permettre de relever en partie les défis de la transition écologique et nous ne les exploitons pas”, expose l’entrepreneur de 30 ans.
Mêler patrimoine et innovation
Selon une étude de la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins (FFAM), publiée en 2022, la France comptait 82 000 moulins en 1809. Aujourd'hui, au moins 36 000 pourraient être utilisés et équipés d’une turbine - dans le respect de la réglementation environnementale.
Moulins Demain s'y attèle, en accompagnant des propriétaires de moulins, des collectivités ou même des entreprises dans la "valorisation du potentiel hydroélectrique" de leur site. Cela va du pré-diagnostic, en passant par l’étude de faisabilité technico-économique, et l’étude administrative, à l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Un processus assez long, concède Maxime Delacourt.
"Un projet peut mettre jusqu’à 2 ans avant d’être achevé. Ce qui va prendre le plus de temps, c’est la partie administrative qui comprend notamment la reconnaissance du droit d’eau, les échanges avec les services de l’Etat, le dossier de porter à connaissance pour obtenir l’arrêté préfectoral ou encore la demande de raccordement et éligibilité à l’obligation d’achat. Cela peut prendre un an, parfois plus, en fonction de la réactivité des services de l’Etat et de leurs demandes”, indique-t-il.
Côté coût, la réalisation d’un tel projet nécessite un investissement initial : en moyenne 150 000 euros.
"Accélérer la résilience énergétique locale"
Depuis le lancement de Moulins Demain, une soixantaine de porteurs de projets, répartis dans 35 départements, ont pu être accompagnés.
"Face au prix assez instable de l’électricité, il y a aujourd’hui une vraie demande. La plupart des porteurs de projets souhaite faire de l’autoconsommation et revendre le surplus sur le réseau au tarif de rachat garanti par l’Etat pendant 20 ans. Certains s’inscrivent également dans une approche d’autoconsommation collective, par exemple pour alimenter en électricité une école ou une mairie", note le fondateur qui ambitionne d’accélérer la résilience énergétique locale.
Aujourd’hui axé sur le développement de son offre en France, l’entrepreneur n’exclut pas de partir à terme à la conquête d’autres contrées, notamment en Europe. D’après un recensement réalisé par le projet européen Restor-Hydro entre 2012 et 2015, environ 65 000 moulins à eau pourraient restaurés.