Née en 2010, l’association les Maisons des Jeunes Talents soutient des élèves défavorisés et les accompagne en vue d’intégrer les classes préparatoires aux grandes écoles. Cette initiative, portée par la Fondation du groupe LBP AM, vient d’obtenir le label IDEAS qui récompense les "bonnes pratiques en matière de gouvernance, finances et évaluation" des associations. ID a interrogé Cécile Jouenne Lanne, présidente de l’association.
Quel est l’objectif des Maisons des Jeunes Talents ?
Tout d’abord, un constat de l’OCDE : il faut en moyenne sept générations pour qu’un enfant change de classe sociale. Nous avons la volonté de participer à réparer l’injustice du déterminisme social et rétablir l’égalité des chances. Il n’est pas juste qu’un bon élève ne puisse pas faire une classe prépa par manque de moyens financiers.
Notre but est de fournir aux élèves le meilleur cadre possible pour qu’ils puissent étudier.
En effet, la majorité des élèves de classes préparatoires en France sont nés de parents qui ont également suivi ce parcours scolaire. Nous offrons donc la possibilité à des élèves boursiers, sans réseau, moyens, ni connaissance des classes préparatoires, d’y accéder. La plupart des jeunes que nous aidons sont issus de lycées d’éducation prioritaire ou de zones rurales.
Quelles actions menez-vous ?
Notre but est de fournir aux élèves le meilleur cadre possible pour qu’ils puissent étudier. Nous leur offrons un hébergement gratuit et prenons en charge leur bien-être. Par exemple, des sophrologues leur proposent des sessions s’ils ont besoin de gérer leur stress ou d'améliorer leur sommeil.
Au niveau académique, les élèves bénéficient de soutien scolaire, majoritairement dispensé par des bénévoles. Nous leur proposons des sorties culturelles, au musée ou au théâtre : la culture générale est très importante pour les concours des grandes écoles. Les deuxièmes années peuvent également participer à des visites d’entreprises, importantes pour élargir la vision des élèves sur le marché du travail. Ils ont aussi un parrain qui leur ouvre son carnet d’adresses, ce qui leur manque souvent. L’objectif est de leur faire découvrir les possibilités d’études qui existent, des métiers et leur donner les moyens de faire des choix.
Depuis la naissance de l’association, nous avons pu accompagner 300 jeunes, et ce nombre est en augmentation.
Enfin, nous intervenons dans les lycées qui l’acceptent pour sensibiliser les jeunes aux classes préparatoires. Beaucoup n’en connaissent même pas l’existence ou ignorent qu’elles constituent une des voies d’excellence de l’éducation en France. Lors de ces interventions, nous nous appuyons sur nos alumnis, qui partagent leur expérience et présentent l’option des Maisons des Jeunes Talents. En moyenne, nous arrivons à échanger avec environ 1 000 jeunes par an.
Qui peut bénéficier de votre accompagnement ?
Pour l’instant, nous intervenons dans les villes de Paris et Lyon et sur des prépas scientifiques, économiques et littéraires. Les élèves que nous accompagnons sont boursiers, beaucoup sont issus de milieux défavorisés. Les places étant limitées, nous sélectionnons les élèves en fonction de leurs résultats et de leur motivation. Les jeunes choisis ont eu de bonnes mentions au BAC et nous ont prouvé leur engagement, car le choc est rude en entrant en prépa.
Depuis la naissance de l’association, nous avons pu accompagner 300 jeunes, et ce nombre est en augmentation. En 2023, nous suivons 47 élèves : 42 à Paris et 5 à Lyon. L’an dernier, 100 % ont réussi les concours d’admission à une grande école. En comparaison, les taux de réussite nationaux tournent plutôt autour de 70 à 80 %.
Que représente pour vous l’obtention du label IDEAS ?
Nous sommes très heureux d’avoir obtenu le label IDEAS, qui récompense notre travail sur la gouvernance de l’association depuis deux ans. La structure a pu grandir plus vite pour s’inscrire dans une dynamique que nous voulons maintenir. En effet, le label est délivré pour trois ans et renouvelable, nous souhaitons donc continuer nos efforts.
De plus, ce label représente un gage de confiance qui, nous l’espérons, touchera davantage nos mécènes. Idéalement, cela pourrait nous permettre de disposer de davantage de moyens et donc d’accueillir et d’accompagner toujours plus de jeunes.