Villeneuve-Saint-Georges, France.
©CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
Social

"Tout a augmenté" : au Secours catholique, la galère des plus démunis

Elles n'ont pas osé demander directement de l'aide. A Villeneuve Saint-Georges, ville défavorisée de banlieue parisienne, Malika et Hedia se sont rendues au Secours catholique pour recevoir de la nourriture, elles qui sont frappées de plein fouet, comme toutes les bourses les plus modestes, par l'inflation.

"Cette année, j'ai des difficultés ", confie Hedia, une femme de 58 ans, mère de trois enfants étudiants et épouse d'un mari retraité. "Quand j'achète des tomates, je les coupe en quatre, j'utilise un bout pour ma salade et je garde les trois autres pour plus tard ", explique-t-elle.

Comme dans beaucoup d'autres endroits, à Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne), chaque euro compte. Mais peut-être un peu plus qu'ailleurs dans cette ville, la plus pauvre du Val-de-Marne, avec un taux de pauvreté de 34 % contre environ 14 % en moyenne dans l'Hexagone.

Hedia a l'habitude de se rendre à l'antenne locale du Secours catholique. Au fond d'une petite cour dans le centre-ville, elle rejoint régulièrement ses amies pour bavarder et souffler un peu autour d'un café. Les jeudi après-midi, jour de réunion de l'association, coïncident avec les horaires de distribution de denrée alimentaire. Alors c'est Martine, une bénévole, qui va discrètement demander qu'on prépare un sac de nourriture pour Hedia et Malika. Des denrées non-périssables sont stockées dans une petite remise et distribuées toutes les deux semaines. Hedia ouvre son cabas. Cette fois, elle repart avec des céréales, du lait, de la semoule, des compotes et des sardines. Touchant moins d'un SMIC, cette animatrice à temps partiel n'arrive plus à joindre les deux bouts. "On a passé un mauvais ramadan (en avril), notamment sur l'huile, les tomates, les concombres...", déplore-t-elle. Ici, on s'échange les bons plans sur les promotions ou les réductions chez le boucher, la boulangère ou au marché du coin. "Pour la viande, quand on en prend, c'est du poulet, le reste, on ne peut pas".

Plus la guerre avance, plus c'est compliqué pour nous les courses."

Son amie Malika opine du chef. Cette femme de 53 ans, mère de deux filles de 15 et 18 ans, ne travaille pas et vient de perdre son époux. "C'est après le décès de mon mari que je suis venu prendre de la nourriture ici", raconte-t-elle, la voix triste. "Tout a augmenté depuis le début de la guerre (en Ukraine, le 24 février) et on dirait que plus la guerre avance, plus c'est compliqué pour nous pour les courses", ajoute-t-elle.

L'inflation a atteint 4,8 % sur un an en avril, après 4,5 % en mars, a indiqué vendredi l'Insee. Un niveau inégalé depuis novembre 1985, qui s'explique par la forte hausse des prix de quasiment toutes les catégories de produits, énergie en tête. "Sans la hausse des prix qu'on a actuellement, j'aurais pu faire mes courses. Pas tous les mois, mais au moins cinq ou six mois dans l'année", dit Philippe. Cet ancien couvreur de 60 ans, handicapé après avoir subi plusieurs accidents vasculaires cérébraux, touche seulement un RSA (revenu de solidarité active). Il se voit donc obligé de se tourner vers le Secours catholique. Et de compter sur la solidarité des uns et des autres. "Pendant le Ramadan, j'étais content, j'avais mes voisins musulmans qui m'apportaient à manger le soir !", sourit-il.

"Un peu moins dans le caddie"

Au nord de la ville, un supermarché discount a ouvert récemment et ne désemplit pas. Jacques, néo-retraité de 62 ans, s'y rend régulièrement, lui qui habite pourtant à Maisons-Alfort, à une petite dizaine de kilomètres de là. "Mes courses ont augmenté de 25 à 30 %", assure-t-il au moment de charger la nourriture dans son coffre. "J'ai une limite de 70 euros pour les courses, et maintenant avec cette somme, j'ai un peu moins dans le caddie. Je tiens entre une et deux semaines avec ça", ajoute-t-il, en montrant ses sacs remplis de packs d'eau, de conserves, de semoule, de farine et d'huile.

"L'huile est devenue plus chère que l'essence maintenant ! Cinq euros pour un litre", maugrée pour sa part Laura, infirmière de 25 ans. En parlant de carburants, Jacques se veut plus philosophe : "Le diesel commence à baisser un peu. Les aliments vont bien finir par baisser aussi".

Avec AFP. 

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