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Un « Hugbike » pour les jeunes autistes à Rennes

À Rennes, l’association Mathi a importé le « Hugbike » d’Italie. Ce « vélo de l’étreinte » permet aux jeunes autistes de se promener en sécurité.

Il y a encore quelque temps, Mathieu, un petit Rennais de 11 ans, autiste non-verbal, n’aurait pas pu participer à la sortie vélo avec sa classe. Trop compliqué à gérer en milieu « ordinaire », même avec un(e) auxiliaire de vie scolaire à ses côtés. C’était sans compter sur le « Hugbike », le vélo de l’étreinte. « C’est un tandem inversé. L’enfant, ou l’adolescent, est assis devant et entouré par les bras du conducteur principal », décrivent Agnès Jamain et Gino Verrelli, les parents du garçon.

Un vélo unique en France

« Selon leurs troubles, les enfants autistes ne savent pas forcément pédaler. Ou alors ils ne restent pas à droite, peuvent s’échapper… fait remarquer Agnès Jamain en souriant. Le fait d’installer l’enfant devant le revalorise. Il a l’impression de conduire. Et vous êtes en sécurité, puisque vous l’avez entre les bras. » Ce vélo artisanal est pour l’instant unique en France. Agnès Jamain et Gino Verrelli l’ont importé d’Italie, grâce à leur association, Mathi, créée en 2015.

Le tandem « Hugbike » unique en France se trouve à Rennes. Il a été monté par l’atelier La Petite Rennes.
©Charlotte Hervot/ID

Les membres de l’association (professionnels, familles, enfants et jeunes porteurs de Troubles du spectre autistique) œuvrent au quotidien pour améliorer la prise en charge des personnes autistes à Rennes. Pour ce faire, Agnès Jamain et Gino Verrelli s’inspirent de ce qu’ils ont connu en Italie. Dans ce pays, où l’école inclusive est une réalité, l’histoire du « Hugbike » est célèbre : « Ça part de l’idée d’un papa, Mario Paganessi, directeur de la fondation Oltre Il Labirinto (Au-delà du labyrinthe) », raconte Gino Verelli.

Un « Hugbike » pour le pape François

En 2012, Mario Paganessi imagine une bicyclette adaptée pour son fils autiste, Giampietro. Puis convainc des partenaires (investisseurs, fournisseurs, designer…) de travailler sur ce projet éthique et solidaire. Les pièces du « Hugbike » sont en partie assemblées par de jeunes garçons autistes de la Coopérative sociale Opera della Marca, dans un atelier à Godega, dans la province de Trévise. En 2015, plus de 200 « Hugbike » circulaient en Italie. Même le pape François a reçu le sien !

Pour un tandem comme celui-ci, compter 3 000 €. « Mais quand on voit que ça a permis à Mathieu de faire du vélo avec ses copains, ça n’a pas de prix », confie Agnès Jamain, présidente de Mathi. Le « Hugbike » de l’association a été financé par les clubs rennais du Rotary International et Inner Wheel. Encore fallait-il le monter…

Un projet d’osteria

L’équipe de La Petite Rennes, atelier associatif et participatif d'auto-réparation de vélos, a aidé Gino Verrelli à assembler les pièces détachées en mai 2016. Depuis, le « Hugbike » est mis gratuitement à disposition des familles concernées. Ce drôle de vélo à double guidon intéresse également le réseau de transport local Keolis Rennes, qui organise les Initiatives Solidaires depuis deux ans. Le but : valoriser les actions en faveur de la mobilité sur la métropole.

En 2017, l’association Mathi a candidaté en présentant son tandem « Hugbike » et son projet d’osteria, géré sur le modèle du restaurant Le Reflet à Nantes (Loire-Atlantique). « En France, 90 % des adultes autistes ne travaillent pas, se désole Gino Verrelli, devenu entrepreneur solidaire pour la cause. Le bistrot permettrait de former des jeunes autistes pendant 3 ans dans un cadre adapté. Et donc d’assurer une transition entre l’école et les entreprises. » Le projet de la famille Jamain-Verrelli n'a pas été récompensé. Mais l’Osteria Mathi, tiers-lieu mêlant gastronomie italienne et pédagogie, devrait ouvrir à l’été 2018.