D.R
Social

Les Petits Débrouillards Occitanie : la curiosité scientifique à portée de tous

Primée à l'occasion de la 9ème édition des Grands Prix de la finance solidaire dans la catégorie "Lutte contre les exclusions", l'association Les Petits Débrouillards Occitanie œuvre depuis maintenant plus de 30 ans à l'accès à la connaissance scientifique pour tous. Entretien avec Jean Huet, directeur de la structure et acteur du changement. 

Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours ? 

Avant de devenir directeur de l’association régionale des Petits Débrouillards Occitanie en août 2017, j’ai été co-président de la fédération Artisans du monde au niveau national, puis salarié au sein de la confédération générale des SCOP sur le développement des sociétés coopératives d’intérêt collectif. Il y a donc toujours eu une inscription assez forte dans l’économie sociale et solidaire (ESS), puisque j'ai également suivi une formation à l'ESS en master 2 à l'université de Montpellier 3. 

Quels sont les éléments qui ont motivé cet engagement ? 

Quand j’ai commencé, c’était une volonté de devenir acteur d’un changement que j’appelais de mes vœux en matière d’écologie mais aussi en termes de transformation sociale. C’est ce qui m’a amené à devenir militant et bénévole d’Artisans du monde en 2005, où l'on traite notamment des questions d'équité et de préservation de l’environnement. Par ce biais, il y a ensuite eu une succession de rencontres avec d’autres acteurs qui m’ont fait découvrir l’écologie sociale et qui m’ont donné envie d’y rester, puisque je considérais que c’était le bon espace pour travailler, mais également pour produire et créer des choses qui ont du sens.

Qu’est-ce qui a changé dans l'ESS depuis vos débuts ? 

Ces dernières années ont vu une valorisation beaucoup plus forte de l’ESS, avec notamment la loi de 2014 qui a vraiment changé la donne et une reconnaissance plus forte sur les territoires et des collectivités. Il y a également une nouvelle génération qui a beaucoup envie de rentrer dans ce spectre, et ces changements s’accompagnent de la création de formations dédiées. Depuis 13 ans il y a eu beaucoup d'évolutions positives.

Comment est née l'association Les Petits Débrouillards ?

L’idée d’utiliser les sciences comme un vecteur d’éveil à la curiosité, à l’esprit critique et de permettre aux jeunes de les expérimenter et non pas à simplement les apprendre a germé au Québec dans les années 70 et a été importée en France une décennie plus tard. Cela s'est traduit en particulier par la création de clubs où des individus proposaient des animations scientifiques pleinement inscrites dans l’éducation populaire. L’antenne Languedoc Roussillon des Petits Débrouillards a vu le jour en 1988, suivie par celle des Midi Pyrénées en 1992. Aujourd’hui l'association existe sur l’ensemble de la région Occitanie et représente 33 salariés permanents et plus de 150 animateurs, pour un chiffre d’affaires d’1,4 million d’euros en 2017, contre environ 1 million en 2015. 

Quel est le public ciblé ? 

En théorie, tout le monde, car à tout âge on peut être amené à vouloir éveiller son cerveau. Mais dans les faits, la tranche d’âge la plus touchée est celle des 7-11 ans. Par exemple, en 2017, nous avons rencontré plus de 34 000 bénéficiaires et sur ce chiffre, il y a en 64 % qui étaient des jeunes de cette catégorie. Les adolescents sont également très concernés. 

Pouvez-vous nous citer quelques exemples d'activités proposées ?

Nous avons décidé d’aborder essentiellement trois thématiques : la transition écologique, la transition numérique et la transition sociale, c’est-à-dire le vivre-ensemble. Pour cela, nous proposons des animations de différents formats avec par exemple ce que nous appelons la Cité débrouillarde, qui est d’ailleurs en lien avec le prix de que nous avons reçu de la part de l'association Finansol. Il s'agit d'animations de rue gratuites, ouvertes et sans inscription organisées pendant les vacances scolaires dans les quartiers prioritaires qui permettent aux jeunes de venir le temps d'une semaine, chaque jour pendant trois heures, de participer à une animation articulée autour d'une thématique. Par exemple la chimie, le corps et le sport, les fake news… Un autre type d’opération que nous menons actuellement est le dispositif du Science Tour qui consiste en deux camions qui proposent des animations dans les lycées, par exemple en ce moment autour du thème de l’alimentation durable en particulier.

Quels sont vos modes de financement ?

Nous sommes un acteur de l’ESS à part entière avec un objectif clair qui n’est pas celui de la redistribution à des actionnaires mais qui est bien l’utilisation des sommes engrangées pour le développement de nos propres activités. Nous avons vocation à avoir un impact social fort en luttant notamment contre les exclusions sur les différents territoires où nous intervenons. Pour fonctionner, nous comptons à la fois sur des subventions publiques qui nous proviennent pour une part assez conséquente des politiques de la ville et sur des soutiens plus spécifiques autour de la transition écologique de la région Occitanie. Ensuite, il y a des financements qui nous viennent des aides à l’emploi ou de prestations auprès de structures publiques ou privées qui souhaitent que l’on intervienne sur leurs territoires. Nous avons également reçu, en 2018, des financements de la part de France Active Occitanie en réponse à un besoin en matière de trésorerie. Nous avions déjà mobilisé la finance solidaire en 2013 pour l’achat de l’un de nos camions.