Catherine Tremblay (au centre) et l'équipe du café La Mosaïque.
©La Mosaïque
Social

Au Québec, le café associatif "La Mosaïque" prône le vivre-ensemble

Située en face de Québec, la ville de Lévis accueille notamment un café associatif, qui tente de faciliter le vivre ensemble entre habitants, et faciliter la réinsertion de ceux qui en ont besoin.

Brunchs musicaux, ateliers de réparation, repas... Le café "La Mosaïque", à Lévis en face de Québec cherche à favoriser le vivre-ensemble entre visiteurs et bénévoles. Cette entreprise québécoise de l’économie sociale et organisme à but non lucratif est en relation avec des hôpitaux ou associations de réinsertion notamment et œuvre à aider les personnes en difficulté à retrouver une vie sociale. Rencontre avec Catherine Tremblay, gérante de ce lieu atypique.

Comment est venue l’idée de monter le café associatif "La Mosaïque" ?

L’idée est venue de mon frère Dominique qui trouvait un peu dommage que les milieux faisant la promotion de la bienveillance (les milieux religieux – ndrl) soient souvent un peu fermés. Il a voulu créer un contexte qui allait encourager ces valeurs mais dans la mixité sociale. Il a fait équipe avec une personne qui avait travaillé dans un café associatif, le "Tamtam café", à Québec. Rien de ce type n’existait à Lévis. J’ai été recrutée un peu plus tard pour participer au développement du plan d’affaires et à l’ouverture du café. Je suis arrivée en 2006 et le café a ouvert en 2009.

Que peut-on trouver à "La Mosaïque" ?

Le café est un lieu d’implication citoyenne, de rencontre. Les clients ne vont pas avoir l’impression d’être dans une association. C’est un café tout simplement. Ils peuvent commander du thé, du café ou de la nourriture qui est faite sur place par nos employés et nos bénévoles. On essaie de choisir des produits locaux, bio et équitables, donc de transmettre des valeurs par les choix que l’on fait en tant que consommateurs. Au Québec on dit "les babines suivent les bottines", – ce que l’on dit et ce que l’on fait doit rester cohérent. De nombreuses activités sont organisées au café, toujours portées et animées par des bénévoles. C’est le principe de "pour et par la communauté". Nous avons des ateliers de réparation d’objets, de tricot, des soirées jeux de société, des soirées musicales, des activités d’échange sur la foi et la spiritualité. Chaque année, nous organisons une fête de Noël où tout le monde apporte un plat à partager. Tout le monde peut venir. Cela créé un grand rassemblement familial. Puis, au mois de juin, nous faisons une fête des voisins. Cette année, nous avions installé une grande tablée dans la rue et réussi notre visée zéro déchet ! Notre objectif c’est que les gens aient un lieu qui leur permette de s’impliquer et d’entrer en connexion avec leur milieu.

Votre objectif est donc de promouvoir le vivre-ensemble au sein de la communauté de Lévis ?

Oui, et c’est vraiment difficile ! Les gens sont d’accord avec le principe du vivre-ensemble mais cela leur fait peur. Quand on parle de mixité sociale, c’est pour que les gens puissent être traités de la même manière, avec équité, peu importe d’où ils viennent, leur statut, leurs capacités financières, leur histoire de vie. Pour cela, nous avons notamment développé les "cafés en attente" ou "cafés suspendus" pour qu’il soit possible d’offrir un café à ceux qui ne peuvent pas se l’offrir. Quelqu'un qui a un diagnostic de schizophrénie, les gens vont avoir peur qu’il devienne agressif. C’est juste qu’ils ont des préjugés. La peur vient de l’inconnu. Au café, on essaie de faire en sorte que les gens de tous milieux apprennent à se connaitre, à vivre ensemble et à contribuer à quelque chose de bien.

Comment faites-vous pour attirer les gens qui ont moins l’habitude de fréquenter les cafés ou restaurants ?

Nous avons depuis neuf ans de nombreux partenariats avec les organismes qui nous référent énormément de gens : le "Tremplin" qui travaille avec des personnes immigrantes, des organismes qui travaillent avec les jeunes en situation précaire, ou qui accompagnent les personnes ayant des troubles mentaux, un organisme pour les proches aidants, l’hôpital qui nous envoie des personnes qui ont été soignées pour dépression notamment ou encore la paroisse… Il y a beaucoup d’autres problématiques, comme la solitude des aînés qui ont pris leur retraite et qui veulent se sentir utiles dans la société ou les jeunes mamans en congé maternité qui souhaitent prendre l’air... Ils ont tous besoin d’un lieu de rencontre. Lorsque l’on a été en arrêt de travail depuis longtemps, la mise en action à titre bénévole – dans un contexte où il n’y a pas de salaire lié à la productivité - peut faire du bien.

Qu'est-ce qui vous a poussée à vous engager dans ce type de lieu ?

J’ai étudié la musique puis la théologie. Contribuer à quelque chose de plus grand, créer de la communauté, cela me passionne vraiment. J’ai beaucoup d’expérience avec le public, en restauration notamment. Donc travailler à "La Mosaïque" faisait le lien entre mon expérience de vie et ma passion. Travailler dans un café standard, cela n’aurait pas eu de sens. Ici, je vois des personnes qui font des meilleurs choix pour leur santé, des vies qui sont changées.