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Politique

Un "serment pour le climat" : les 150 de la CCC veulent poursuivre leurs travaux

Lobbying ? Engagement associatif ? Manifestations ? Candidature aux élections ? Déçus par la mise en oeuvre de leurs propositions, des membres de la Convention citoyenne pour le climat cherchent comment faire avancer autrement la cause de l'environnement.

Les 150 citoyens tirés au sort pour plancher sur les moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre ont jugé très sévèrement la réponse de l'exécutif à leurs 149 propositions en clôturant fin février cet exercice inédit de démocratie participative.

Mais beaucoup, qui disent s'être pris une véritable "claque" quand les meilleurs experts leur ont exposé la crise climatique, refusent de se désintéresser de la suite. Via leur association, "Les 150", ils ont décidé d'interpeller leurs concitoyens, appelés à s'engager sur un "serment pour le climat" destiné à "porter, appliquer ou transmettre" leurs propositions. "Même si je suis très insatisfait, le projet de la Convention j'y crois encore. On peut le transmettre au plus grand nombre," explique William Aucant, membre de la CCC à l'origine de l'idée.

"On a bien compris qu'ils ont envie de faire leur boulot sans qu'on marche sur leurs plates-bandes"

Beaucoup de "citoyens" ont par ailleurs soutenu l'appel à manifester dimanche prochain pour "une vraie loi climat", lancé par des associations, ONG et syndicats à la veille de l'examen à l'Assemblée du projet de loi "climat et résilience", issu de leurs travaux mais jugé bien trop timide. "Nous, en quelque sorte on a fini notre travail. Aux associations, à la société civile de prendre le relai", estime Isabelle Robichon, qui était "sans illusions" sur la volonté de l'exécutif d'appliquer les propositions de la CCC.

Certains avaient misé sur un "lobbying citoyen" pour voir traduites "sans filtre" leurs mesures, rencontrant des parlementaires pour les convaincre "d'améliorer" ce texte. "Mais on a bien compris qu'ils ont envie de faire leur boulot sans qu'on marche sur leurs plates-bandes", constate Sylvain Burquier, un des 150. "Nos proposition sont posées, maintenant il faut laisser les parlementaires faire leur travail," juge un autre, Grégoire Fraty. Les résultats ont en tout cas été maigres. "Tous les amendements pour renforcer le texte sont refusés", résume Mélanie Cosnier, qui se dit "démoralisée".

Vers un engagement politique

Cette ancienne auxiliaire de vie qui vit dans la Sarthe a d'ailleurs fait le choix d'un engagement différent, mais pour elle dans la continuité. L'an dernier, en pleine convention, elle a été élue maire de son village. Et elle sera aux régionales en Pays de la Loire tête de liste dans son département pour Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot et député ex-LREM en rupture avec la majorité présidentielle. "Je me suis dit que c'était la bonne échelle pour faire des choses. Si le gouvernement ne fait rien, on peut agir à ce niveau là," explique-t-elle.

M. Orphelin, très engagé auprès de la CCC, aura également William Aucant sur ses listes. "Pendant la convention, on a appris que l'action locale est primordiale. Il y a énormément de chantiers à mener et de mesures à mettre en oeuvre", explique l'urbaniste nantais, qui n'avait jusqu'alors que "désintérêt" pour la politique mais "a envie de participer à ce débat là".

D'autres réfléchissent encore à "l'idée de pouvoir peser" en se présentant, comme Grégoire Fraty en Normandie, qui juge que les citoyens "ont des choses à apporter sur le plan climatique et démocratique" et se félicite "d'avoir été démarché par plusieurs partis". "L'engagement ça peut prendre plein de formes," estime Sylvain Burquier. "Moi qui fais de la pub et du marketing, je fais évoluer ma pratique, j'essaie de faire bouger les choses, mettre à profit ce que j'ai appris". Ce cadre dans la com' s'est ainsi investi dans les discussions sur les "chartes" pour la publicité lancées dans la foulée de la CCC, qui prônait la régulation du secteur.

Pour Agnès Catoire, le changement est très personnel. Gestionnaire de paie en région parisienne, elle a perdu son emploi pendant la convention. Et veut désormais valoriser les compétences qu'elle y a acquises et travailler dans le secteur environnemental : "Je ne me vois plus faire autre chose". Car si elle juge le résultat "hyper décevant", elle "ne pense pas que ça n'a servi à rien". Elle défend les 149 propositions "dès que possible", notamment avec des associations. "Si tout le monde a la même information que nous, ça peut changer la donne. Le plus important c'est de partager ce qu'on a appris".

Avec AFP. 

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