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Politique

Plan de relance : trois questions pour comprendre l’hydrogène "vert"

L'hydrogène français sera doté d'une enveloppe de deux milliards d'euros sur la période 2020-2022, selon les termes du plan de relance économique annoncé par le Premier ministre Jean Castex en fin de semaine dernière. Quels sont les contours de cette énergie plus ou moins verte ? 

L'avenir énergétique de la France sera-t-il porté par l'hydrogène ? C'est en tout cas la trajectoire qu'entend prendre le gouvernement ces prochaines années. 

Le plan de relance, présenté par le Premier ministre Jean Castex le 3 septembre dernier, prévoit d'injecter quelque deux milliards d'euros dans la filière d'ici à 2022, parmi lesquels plusieurs millions seront notamment consacrés à la recherche sur le sujet. Sur dix ans, l'hydrogène bénéficiera même d'une enveloppe de plus de sept milliards. Concrètement, quelle est cette énergie présentée comme la piste privilégiée pour atteindre la neutralité carbone

Qu'est-ce que l’hydrogène ?

La molécule H2, que l'on appelle communément l'hydrogène, est composée de deux atomes. Élément chimique le plus abondant de l'univers, on le trouve à la fois dans les étoiles et l'atmosphère, mais aussi plus simplement dans la composition de l'eau.

L'hydrogène est largement plébiscité pour son intérêt énergétique, tant en termes d'usage que de stockage. Cependant, on ne le trouve que peu ou prou à l'état naturel sur Terre : il nécessite donc une "transformation" avant d'être exploité. 

Enfin, il n'est pas à proprement parler une source énergétique, mais plutôt un vecteur. L'hydrogène sert donc à stocker et transporter l'énergie produite par une source - pétrole, photovoltaïque, charbon... - jusqu'à son utilisateur. On le considère comme propre puisque, associé à une pile à hydrogène - outil pour transporter la dite énergie -, il n'émet aucune émission de CO2. 

Qu'est-ce que l'hydrogène "gris" ?

En 2019, l'Agence internationale de l'énergie (AIE), assurait dans un rapport que l'hydrogène pourrait se tailler la part du lion dans le mix énergétique mondial du futur. Si d'apparence celui-ci est dit "décarbonné", il faut cependant prendre en compte l'ensemble de son cycle de vie pour évaluer son "potentiel pollution". De sa production à sa consommation, l'hydrogène n'est en fait pas nécessairement vert. 

Lors de son utilisation, il ne génère que pour seul déchet de l'eau et n'émet aucune émission de gaz à effet de serre. Cependant, l'énergie stockée et transportée grâce à l'hydrogène provient parfois - et souvent - d'une source fossile. Enfin, il faut aussi considérer qu'il nécessite avant son exploitation d'être séparé des autres éléments auxquels il est associé - par exemple l'oxygène dans le cas de l'eau -, puisqu'on ne le trouve quasiment pas à l'état pur. Cette étape mobilise une certaine masse d'énergie. 

Aujourd'hui en raison des coûts encore trop élevés, 94 % de l'hydrogène français produit proviendrait de sources d'énergie fossile (pétrole, charbon, gaz), selon une étude du cabinet Norton Rose Fulbright. On parle alors d'hydrogène "gris".

Quel est l'objectif du gouvernement pour la filière ? 

L'idée principale derrière ce plan de relance, est de développer le volet "vert" de la filière. Selon les chiffres de cette même étude, 900 000 tonnes d'hydrogène gris sont produites chaque année en France, moyennant près de 13,5 milliards de tonnes de CO2, avance Lucien Mallet, président d'H2V Industry, dans les colonnes des Echos

Pour le gouvernement, l'accent doit donc être mis sur l'hydrogène issu de sources "propres" (solaire, éolien, barrages...), d'autant que celui-ci pourrait bien présenter l'importante opportunité de pallier aux problèmes de stockage des énergies renouvelables que l'on connaît aujourd'hui. 

L'Allemagne, qui ambitionne de devenir un leader mondial du secteur, a prévu de consacrer quelque 9 milliards de son budget à l'hydrogène pour les dix prochaines années. Ici, les 7,2 milliards promis par Jean Castex font sens et devraient permettre de répondre aux exigences de la filière. Mais si une grande partie de l'enveloppe sera consacrée à la recherche, au soutien à différents projets locaux ou encore au développement des équipements déjà existants, un plan à l'échelle européenne pourrait aussi voir le jour. Et à ce sujet, la France semble vouloir faire de l'œil à son voisin allemand, afin de "trouver un projet commun", selon les dires du ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Je serai le 11 septembre à Berlin et nous allons regarder comment conjuguer nos efforts", a-t-il déclaré à ce sujet sur Europe 1.

En partenariat avec BFM Business : revoir la chronique ici

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