"Notre feuille de route tient en une exigence : la réduction de notre dette budgétaire et de notre dette écologique." Dès les premières minutes de son discours, Michel Barnier a mentionné l'environnement. Mais les associations environnementales restent sur leur faim.
"C'est avec déception que nous avons reçu la déclaration du Premier ministre. Les termes de biodiversité et de pollution n'ont été mentionnés qu'une seule fois chacun", a regretté Générations Futures.
"Mentionner la dette écologique ne suffit pas"
"Si Michel Barnier à reconnu que nous devons faire plus pour lutter contre le changement climatique, il est resté muet sur les moyens financiers pour y parvenir", a dit à l'AFP le Réseau action climat (RAC), qui fédère de nombreuses associations comme le WWF, Oxfam ou France Nature Environnement (FNE).
Ces ONG avaient demandé lundi au Premier ministre de les "rassurer" sur sa volonté de remettre l'écologie au centre des priorités.
"Mentionner la dette écologique ne suffit pas, il faut mettre en place un programme politique ambitieux, à la hauteur de l'enjeu", a commenté Greenpeace.
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"Ecologie de solutions"
"Nous pouvons et nous devons faire plus pour lutter contre le changement climatique, et tous les risques qu'il entraîne, préserver la biodiversité", a déclaré M. Barnier, qui dit croire à une "écologie de solutions".
Pour lui, celle-ci passera par faire de la transition écologique "l'un des moteurs de notre politique industrielle".
Michel Barnier veut notamment miser sur la "décarbonation des usines", l'"encouragement à l'innovation" ou le "renforcement de nos filières de recyclage".
Le Premier ministre veut aussi que "les travaux de planification" dans le domaine de l'énergie et du climat "reprennent immédiatement", en s'appuyant sur textes lancés par le précédent gouvernement comme "la stratégie française énergie-climat, le troisième plan national d'adaptation au changement climatique, la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie".
Ces textes, qui ont pris jusqu'à un an de retard, sont très attendus. Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a jugé vendredi "urgentes" leurs adoptions et pressé le gouvernement de donner "une direction claire et stable".
"Sens inverse"
Concernant l'énergie, Michel Barnier s'est engagé à poursuivre "résolument" le développement du nucléaire et des renouvelables, avec un bémol sur les éoliennes, appelant à mesurer "tous leurs impacts".
Il veut également valoriser "davantage la biomasse pour décarboner efficacement la production de chaleur et de gaz" et faire de l'outre-mer, engagé vers un objectif de 100 % d'électricité renouvelable en 2030, des "laboratoires d'innovation pour le solaire et la géothermie".
Une "grande conférence nationale sur l'eau" devrait également être lancée, a indiqué M. Barnier, sans précision.
"Ce qu'on attend aujourd'hui, c'est d'avoir les moyens de mettre en oeuvre le plan eau" décidé par Emmanuel Macron, a réagi sur ce point Hervé Paul, vice-président "eau" de la FNCCR (collectivités territoriales), qui craint un retour à la case départ.
Pour le RAC, ces mesures restent insuffisantes et les nouvelles contributions demandées aux grandes entreprises et aux ménages les plus aisés "doivent être allouées à la transition écologique et juste".
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La biodiversité, grande oubliée
Certaines des mesures annoncées "vont dans le sens inverse de l'accélération" de la décarbonation de la France, ajoute le collectif, citant la "révision du DPE qui va freiner les politiques de rénovation énergétique des bâtiments, une stigmatisation de l'éolien ou un pari sur de fausses solutions comme les biocarburants pour l'aviation".
L'association professionnelle des énergies renouvelables dénonce la "forte tentation de faire le tri entre les 'bonnes' et les 'mauvaises' énergies" alors que "c'est évident pour tout le monde que la question, c'est la réduction des énergies fossiles dans le mix énergétique français".
Et Générations Futures "regrette" que le Premier ministre "n'ait apporté aucun développement concernant l'action de son gouvernement en matière de lutte contre l'effondrement de la biodiversité et en faveur de la protection de la santé du vivant".
"Il faut maintenir a minima dans le budget 2025 le niveau de dépenses engagées dans le précédent en faveur de la transition écologique. En deçà, tous les scénarios conduisent à sacrifier l'ambition", a jugé le directeur l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), Benoît Leguet.
Avec AFP.