Elevage intensif, fin de la corrida, interdiction de la chasse...le bien-être animal pourrait rythmer la campagne présidentielle.
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Politique

Présidentielles 2022 : le bien-être animal s’impose comme un thème de campagne pour près de 70% des Français

Alors que la lutte contre la maltraitance animale gagne de l'ampleur dans le débat public, un sondage de l’Ifop, publié jeudi 3 février, révèle que le bien-être animal est un thème qui pourrait peser dans la campagne présidentielle. Décryptage.

Le bien-être animal s’invite dans la course à l’Elysée. Selon un sondage Ifop, réalisé en partenariat avec la Fondation 30 millions d’Amis, et publié jeudi 3 février, cette question constitue pour “69% des Français un thème de campagne électorale, au même titre que l’écologie, la sécurité ou le pouvoir d’achat”. L’enquête a été menée du 20 au 24 janvier 2022 auprès d’un échantillon de 1 007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans, selon la méthode des quotas. 

D'après les résultats de ce sondage, certaines prises de position pourraient peser dans les urnes. 55 % des personnes interrogées déclarent par exemple qu'elles pourraient ne pas voter pour un candidat ou une candidate à la prochaine élection présidentielle s’il défend la chasse. Ce serait un élément dissuasif "pour 70% des électeurs Mélenchon, 84% des Taubira, 69% des Jadot, 51% des Le Pen… mais aussi la moitié (49%) des personnes envisageant de voter pour Emmanuel Macron ou encore Éric Zemmour", note l'Ifop.

Des mesures pour la fin de l’élevage intensif et industriel

Parmi les mesures “ambitieuses et concrètes” en faveur des animaux, 85% des sondés souhaitent par ailleurs que le gouvernement mette un terme à l’élevage intensif. A ce jour, plusieurs candidats déclarés à l’élection présidentielle ont formulé cette proposition dans leur programme, notamment Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Hélène Thouy (Parti Animaliste), Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui défend la fermeture des "fermes-usines", ou encore l’écologiste Yannick Jadot. Fabien Roussel (PCF) souhaiterait, quant à lui, “empêcher le développement des installations industrielles d’élevage par des mesures de limitation et de contrôle". 

Du côté de l’aile droite, François Asselineau (UPR) indique vouloir interdire “les élevages en batterie et industriels de type ferme des 1000 vaches”, tandis que Valérie Pécresse (LR) s'engage à ce "qu'il y ait un vrai contrôle, notamment sur les abattoirs".

Les participants et participantes au sondage de l’Ifop souhaitent par ailleurs l’interdiction du transport d’animaux vivants, et demandent que “le transport de viande se fasse uniquement après abattage.” D'autres sujets liés à la souffrance animale occupent les esprits.

Faire avancer le cadre législatif et institutionnel 

90% réclament la fin de toute expérimentation animale dès lors qu’il est démontré que des méthodes substitutives peuvent être utilisées à la place, et 77% veulent la fin de la corrida en France. Enfin, 59% se déclarent en faveur de la stérilisation obligatoire des animaux de compagnie. Cette mesure est également soutenue par les associations de défense animale pour éviter les abandons, qui ont particulièrement augmenté avec la pandémie. La Société protectrice des animaux (SPA) indiquait avoir recueilli plus de 45 000 animaux en 2021 sur l’ensemble du territoire.

A l’heure de la présidentielle, le tissu associatif se mobilise pour que la protection des animaux se hisse une place dans les débats. A travers la plateforme Engagement animaux 2022, 28 ONG invitent les candidats à se prononcer sur des mesures concrètes, et formulent également leurs propositions.  

Il y a quelques mois, le président de la SPA, Jacques-Charles Fombonne, plaidait, de son côté, pour la création d’un défenseur des animaux. Une idée déjà formulée en 2019 par l’ancien ministre de la Justice (1981-1986), Robert Badinter, lors d’un colloque de la Fondation droit animal. "Nous aurions besoin de quelqu'un qui puisse centraliser la protection des animaux, la réglementation, la législation. Elle est partagée entre l'État, les collectivités territoriales. Les plus actifs, ce sont surtout les associations, ce qui n'est pas normal. Ça permettrait à l'État d'avoir quelqu'un qui ferait un état des lieux, qui aurait une force de proposition (...), qui pourrait promouvoir ce droit des animaux tels que nos concitoyens semblent le vouloir de plus en plus", expliquait Jacques-Charles Fombonne, à Europe 1, en novembre dernier. 

Si pour l'heure le Parti animaliste présente le plus grand nombre de mesures pour faire avancer le cadre législatif et institutionnel, certains candidats défendent également quelques propositions, à l'image de l’écologiste Yannick Jadot qui propose la création d’un ministère de la condition animale et la mise en place d'un défenseur des droits de la nature et du vivant. De son côté, Marine Le Pen (RN) souhaiterait se “pencher sur la mise en œuvre d’une partie réservée aux animaux dans le Code civil”.

En France, les animaux sont considérés comme "des êtres vivants doués de sensibilité", selon les termes de l'article 515-14 du Code civil, créé par la loi n°2015-177 du 16 février 2015. Toutefois, ils restent soumis au régime des biens.

Avec AFP.

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