Les « risques géopolitiques » sont fréquemment cités par les épargnants et les investisseurs comme des facteurs déterminants de leur lecture des marchés. Mais comment définir précisément ce que recouvre cette notion ? Et surtout, comment hiérarchiser l’importance des événements concernés ?
Dans un article de référence publié en 2022, Dario Caldera et Matteo Iacoviello proposent une définition rigoureuse du risque géopolitique : « la menace, la réalisation ou l’escalade d’événements indésirables — guerres, terrorisme, tensions diplomatiques — susceptibles d’entraver le cours pacifique des relations internationales. » À partir de cette définition, les auteurs ont construit un indice de risque géopolitique fondé sur le nombre de mentions de ces tensions dans une sélection de grands journaux anglo-saxons depuis 1985 (voir graphique 1).
Comme dans les années 1970 — guerre du Kippour en 1973, révolution iranienne en 1979 —, ce sont les enjeux énergétiques qui dominent, presque toujours en lien avec le Moyen-Orient. L’invasion de l’Ukraine constitue une exception géographique, mais non énergétique : elle a profondément bouleversé l’approvisionnement de l’Europe en pétrole et, surtout, en gaz russe. Quant aux attentats de New York, Londres et Paris, leur impact économique a moins tenu à l’émotion suscitée qu’aux représailles potentielles contre des États producteurs de pétrole.
L’un des moyens de mesurer l’effet de ces événements sur les marchés est l’indice VIX — parfois surnommé « l’indice de la peur » —, qui reflète la volatilité implicite du S&P 500. Lorsqu’un choc géopolitique fait grimper l’indice au-dessus de 300 (soit trois fois son niveau moyen), on observe généralement une hausse du VIX au-dessus de sa médiane historique (voir graphique 2).
L’épisode actuel de tensions entre Israël et l’Iran se distingue par le calme relatif des marchés (au 19 juin 2025) : la volatilité n’a pas dépassé 22, un niveau proche de sa moyenne historique. Les investisseurs restent prudents, mais ne se précipitent pas pour vendre des actifs risqués, dans la mesure où le conflit pourrait rester contenu et/ou de courte durée. Il pourrait même ouvrir la voie à des perspectives positives : un affaiblissement du régime iranien réduirait les risques régionaux (terrorisme, perturbations maritimes) et pourrait, à terme, favoriser la levée des sanctions internationales. L’Iran, rappelons-le, représente environ 4 % de la production pétrolière mondiale et détient les troisièmes réserves prouvées.
Dans une optique de protection des portefeuilles, ce contexte de volatilité limitée offre des opportunités. Trop souvent, en effet, les évènements géopolitiques importants entrainent une hausse très rapide de la volatilité, ce qui renchérit considérablement le coût des couvertures. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce qui nous a permis de mettre en œuvre une stratégie de couverture à coût modéré qui nous semble opportune après la forte remontée des marchés depuis début avril. Nous avons ainsi initié, sur l’ensemble de nos fonds flexibles et diversifiés, une combinaison d’options de vente sur l’Euro Stoxx 50, dans une logique de protection partielle des portefeuilles. Nous avons choisi l’Euro Stoxx 50 car sa sensibilité au prix du pétrole est généralement supérieure à celle d’autres indices comme le S&P 500. Le choix d’une stratégie d’option plutôt que d’une baisse du taux d’exposition aux actions permet de rester bien investi en cas d’accalmie du conflit.
Nos taux d’exposition sont les suivants :
Contenu rédigé par Dorval AM.