Alors que les craintes de récession ou de retour de l‘inflation s’estompent – du moins pour l’instant – une autre angoisse domine : celle d’une forte correction à venir des valorisations boursières mondiales. Pourquoi investir en actions si l’on doit s’attendre, dans les 18 mois qui viennent, à une forte correction de la « bulle » de l’IA sur des bourses mondiales déjà très chères ? Cette préoccupation parait légitime : les PER des actions américaines – qui représentent 72% du MSCI Monde (pays développés) – atteignent aujourd’hui des sommets dépassés seulement lors de la bulle de 1999-2000 (graphique 1).
Ces niveaux de valorisation impliquent que la performance future des actions américaines sera nettement moins bonne à l’avenir. Elle pourra cependant rester décente si les grands oligopoles – dont en particulier ceux de l’économie numérique – parviennent à maintenir leur profitabilité exceptionnelle. Mais le boom exponentiel des investissements en intelligence artificielle rend cette hypothèse plus fragile, ne serait-ce que par la dégradation des marges d’autofinancement que ces dépenses provoquent.
Pour un épargnant qui se pose la question de l’investissement en actions pour les prochaines années, il existe donc un risque de déception non négligeable, risque qui rappelle les désagréments de ceux qui ont investi en 1999/2000. Ce risque peut pourtant être fortement réduit, mieux encore qu’en 2000. La grande différence avec la fin des années 1990, c’est que la survalorisation ne concerne pas l’ensemble du monde développé. En dehors des États-Unis, les marchés restent attractifs : le PER de Shiller ([1]) du MSCI Monde hors États-Unis se situe aujourd’hui à un niveau historiquement bas, environ deux fois inférieur à celui du S&P 500 (graphique 2). L’Europe et l’Asie développée (Japon, Australie, etc.) offrent ainsi un univers d’investissement large, diversifié et surtout raisonnablement valorisé.
En mesurant les valorisations mondiales de manière médiane, ou à l’aide d’un indice équipondéré d’actions internationales, la conclusion est claire : rester investi en actions demeure un choix rationnel à moyen terme (graphique 3). Depuis 30 ans, les PER médians ou équipondérés ont évolué dans une fourchette étroite de 12x à 18x, correspondant à un rendement théorique moyen d’environ 8% par an sur longue période ([2]).
Même un investisseur entré sur le marché début 2000 — au sommet de la bulle — aurait gagné +24% sur cinq ans (dividendes inclus) sur le MSCI Monde équipondéré, contre une perte de -20% pour l’indice classique (graphique 4). Et ce, malgré l’éclatement de la bulle internet, les attentats du 11 septembre 2001 et la deuxième guerre du Golfe.
Sur la base d’un examen approfondi des valorisations boursières mondiales, l’enjeu n’est donc pas de savoir s’il faut investir en actions, mais comment. Chez Dorval AM, notre approche repose sur une gestion internationale équipondérée de la poche actions permettant une véritable diversification régionale : 45% en Amérique du Nord (contre 74% pour le MSCI Monde classique), 35% en Europe et 20% en Asie développée. Avec un PER de 16,2x, notre stratégie est nettement moins chère que le MSCI Monde classique (21,1x) et affiche, depuis le milieu de l’année 2024, une volatilité plus faible. L’ensemble du risque de change en dollar est par ailleurs intégralement couvert.
Contenu rédigé par Dorval AM.
[1] Du nom de Robert Shiller, prix Nobel d’économie, qui a popularisé un PER « ajusté du cycle » basé sur les bénéfices lissés sur 10 ans
[2] Soit l’inverse du PER plus une inflation anticipée d’environ 2,5%