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INFO PARTENAIRE

L’apprentissage en ligne, un jeu d’enfant ?

A l’occasion de la Saint-Nicolas, célébrée aujourd’hui en mémoire du saint patron des enfants, Theany Bazet, Thematic Fund Manager, analyse comment les entreprises actives dans le domaine de l’apprentissage en ligne peuvent contribuer à construire un monde de demain plus durable.

De nombreux parents essayent d’éloigner leurs enfants des jeux vidéo et du Web pour les mettre devant un bon livre. Toutefois, la pandémie de COVID-19 a changé la donne dans le monde entier, au moins concernant internet. Pendant les confinements et les fermetures d’écoles, les plates-formes scolaires en ligne sont devenues des outils essentiels pour l’éducation des enfants. Mais pas pour tous.

Une fois encore, les inégalités se sont avérées être un facteur crucial de ségrégation. L’étendue de l’impact sur les enfants des fermetures d’écoles dues à la pandémie dépendait de l’accès et des outils que leurs parents et leurs écoles pouvaient s’offrir pour assurer la continuité pédagogique pendant la pandémie. Non seulement une connexion internet à domicile est considérée comme un luxe dans de nombreux pays pauvres du monde, mais un grand nombre d’écoles traditionnellement démunies ne disposaient pas des outils en ligne nécessaires pour joindre tous leurs élèves pendant la crise, creusant ainsi la fracture numérique1.

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière les difficultés à atteindre l’Objectif de Développement Durable (ODD) 4 des Nations Unies d’ici 2030 (une éducation de qualité pour tous), compte tenu de la fracture numérique qui a empêché la continuité de l’enseignement pendant les confinements pour ceux qui n’avaient pas accès à la technologie. Afin de trouver des solutions pour certains des pays les plus touchés, les organisations internationales telles que l’UNICEF ont collaboré avec les entreprises, montrant que le secteur privé peut jouer un rôle positif dans l’assistance en temps de crise et la réduction des inégalités existantes en fournissant aux élèves et aux écoles un accès à l’internet abordable et fiable, du matériel informatique et des logiciels compatibles avec les plates-formes d’enseignement à domicile. 

Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie "

Objectif de Développement Social 4 des Nations Unies

Lorsque la COVID ferme les écoles

Ce qui était vraiment sans précédent pendant la pandémie Covid-19, c’est l’ampleur de la perturbation, avec la fermeture d’écoles dans le monde entier pour plus de 168 millions d’enfants2. Environ 214 millions d’enfants dans le monde – soit un sur sept – ont manqué plus des trois quarts de leur apprentissage en présentiel3. Selon l’UNESCO, 1,6 milliard d’élèves dans plus de 190 pays ont été affectés par des fermetures d’écoles au pic de la COVID-19 - bouleversant l’apprentissage et la 

prestation de services essentiels aux enfants et aux jeunes du monde entier, en particulier les plus défavorisés4.

La majorité (53 %) des enfants des pays à revenu faible ou intermédiaire est confrontée à la « pauvreté éducative »5. Il s’agit d’un terme employé par la Banque mondiale dans son étude pour désigner des enfants qui, faute d’éducation suffisante, ne peuvent ni lire ni comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. Le rapport indique un chiffre encore plus élevé (80 %) pour les pays pauvres, dans la mesure où de nombreux enfants ne sont pas scolarisés. Rien que dans les pays affectés par la crise, 127 millions d’enfants et de jeunes n’étaient pas scolarisés en primaire et en secondaire en 2019, l’équivalent de presque la moitié de la population déscolarisée mondiale6.

Il est donc clair que les fermetures d’écoles induites par la COVID ont eu tendance à nuire particulièrement aux élèves issus de groupes confrontés à la discrimination et à l’absence d’accès à l’éducation avant même la pandémie. Le préjudice à l’éducation de nombreux enfants est largement imputable à des problèmes préexistants, puisqu’un enfant sur cinq était déscolarisé même avant le début de la propagation de la COVID-197.

Le rôle durable des entreprises

Les investisseurs auront un rôle à jouer en rejoignant les entreprises, les gouvernements et les organisations internationales dans l’effort visant à atteindre les ODD des Nations Unies et leur objectif principal de « ne laisser personne de côté » d’ici 2030.

Grâce aux efforts internationaux, il existe déjà des exemples d’entreprises qui contribuent à fournir des outils d’apprentissage en ligne, y compris aux écoles et aux élèves disposant de moyens limités. Par exemple, le programme Reimagine Education de l’UNICEF a mis en relation des gouvernements et des entreprises pour fournir des outils d’apprentissage numérique aux enfants et aux adolescents. Il existe manifestement un marché de l’enseignement en ligne abordable, qui peut être comblé par les entreprises de manière durable, dans la mesure où elles suivent les traces des organisations internationales. Un large éventail de fournisseurs peut y être associé, puisque l’apprentissage en ligne ne se limite pas aux logiciels, mais englobe également du matériel et des outils pédagogiques, allant des manuels aux émissions radio pédagogiques, à l’assistance en ligne et aux groupes de soutien, ainsi qu’aux podcasts.

Comme nous l’avons déjà mentionné, dans la plupart des cas, l’impossibilité de fournir des outils pédagogiques en ligne était due à l’absence de connexion internet à domicile ou à l’école. En effet, 1,3 milliard d’enfants âgés de 3 à 17 ans ne disposent pas de connexion internet. C’est pourquoi il existe une place pour des solutions commerciales innovantes sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’enseignement en ligne, à la fois pour les services d’infrastructure et de connectivité.

En effet, la plupart des solutions pour un problème tel que l’enseignement en ligne dans les pays pauvres devront probablement passer par l’innovation. Tout simplement parce que les solutions classiques nécessitent l’accès à un ordinateur connecté à internet ; comme nous pouvons le constater, de nombreuses familles pauvres n’en disposent pas. Toutefois, 80 % de la population mondiale possèdent un smartphone ; autrement dit, un logiciel qui fonctionne comme une application sur les smartphones pourrait changer la donne. Cela signifie également qu’il existe un vaste marché potentiel pour les entreprises en place.

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En effet, il existe plusieurs secteurs qui pourraient non seulement bénéficier de la forte croissance potentielle, mais également respecter les objectifs de développement durable dans ce domaine, tels que les entreprises d’infrastructures (notamment les fournisseurs d’électricité, de services de télécommunication, de réseaux à haut débit et sans fil, d’infrastructures de tours, d’opérateurs de fibre), les fabricants de matériel informatique (smartphones, tablettes, ordinateurs et même jouets éducatifs) et de logiciels (acteurs existants et nouveaux entrants) et les créateurs de contenu (éditeurs et entreprises de formation fournissant non seulement des supports imprimés, mais également du contenu numérique).

Outre la poursuite de l’ODD 4, la proposition de solutions commerciales à ce problème social contribuerait aussi indirectement à réduire les inégalités (ODD 10), à favoriser l’égalité entre les sexes (ODD 5), l’industrie, l’innovation et l’infrastructure (ODD 9) et les partenariats pour la réalisation des objectifs (ODD 17), tout en trouvant un écho dans les ODD 1 et 2 (pas de pauvreté, faim « zéro », travail décent et croissance économique). En effet, une meilleure éducation pourrait ouvrir la voie à de meilleures opportunités à l’âge adulte.

Les efforts internationaux déployés pour améliorer la vie des enfants dans le monde relèvent jusqu’ici presque exclusivement des gouvernements, des organismes de réglementation et des institutions internationales. Les forces du marché commencent cependant à jouer un rôle croissant et les investisseurs, en tant que partie de cette équation, peuvent contribuer à un changement positif.

Le mouvement ESG s’est avéré une force motrice pour inciter les entreprises à intégrer les questions de développement durable à leur vision stratégique tout en exigeant davantage de transparence. L’activisme des actionnaires réclame de plus en plus du changement, de meilleures pratiques et une responsabilisation accrue. Maintenant que les questions sociales occupent davantage le devant de la scène, les investisseurs responsables continuent d’évoluer et d’aligner leurs pratiques d’investissement sur les entreprises ouvrant la voie, en vue de contribuer de manière décisive à réduire les inégalités et à construire une société plus équitable et plus juste.