Emmanuel Macron.
©LUDOVIC MARIN/AFP
Politique

Nucléaire civil : Macron doit dévoiler à Belfort un grand plan de relance

Emmanuel Macron dévoile ce jeudi 10 février à Belfort, à deux mois de la présidentielle, un vaste plan de relance du nucléaire civil en France, avec la construction de 6 à 14 nouveaux réacteurs EPR, et plus globalement, sa stratégie énergétique pour la France de 2030, le jour-même où EDF annonce le rachat des activités nucléaires de General Electric.

Nulle coïncidence : c'est sous la pression du chef de l'Etat, au nom de la souveraineté industrielle, que le groupe électricien a annoncé jeudi matin un accord exclusif pour racheter une partie de l'activité nucléaire de GE Steam Power, dont les turbines à vapeur Arabelle qui équipent les centrales françaises.

Emmanuel Macron devrait ainsi acter solennellement ce retour de turbines stratégiques sous pavillon français.

Tout un symbole, car ce sont ces mêmes turbines qu'en 2015 Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie de François Hollande, avait décidé de faire vendre au groupe américain. Choix que ses adversaires politiques lui reprochent depuis le début du quinquennat.

Outre ce retournement, la principale annonce du chef de l'Etat jeudi après-midi sera la construction d'une série de nouveaux réacteurs nucléaires EPR de deuxième génération.

De source proche de l'exécutif, la commande à EDF pourrait aller jusqu'à six réacteurs EPR2 avec une option pour huit réacteurs supplémentaires, soit 14 au total. La fourchette la plus haute des scénarios des experts, signe d'un choix pro-nucléaire sans ambiguïté du chef de l'Etat, avec l'écho du grand programme nucléaire des années 70.

La France ne construit actuellement qu'un seul nouveau réacteur nucléaire EPR, à Flamanville (Manche), en chantier depuis quinze ans pour un coût très élevé.

Accompagné de plusieurs ministres, le président et quasi-candidat fera ses annonces justement sur le site de fabrication des turbines Arabelle, à Belfort.

Ce discours aux allures de programme énergie du futur candidat illustrera l'évolution pro-nucléaire d'Emmanuel Macron, lui qui en 2017 insistait surtout sur son engagement de réduire le nucléaire à 50% de la production électrique, hérité de François Hollande.

Cela fait plusieurs mois que Emmanuel Macron devait faire ces annonces, retardées par la crise sanitaire. Le 9 novembre, il avait déjà annoncé que la France allait "pour la première fois depuis des décennies relancer la construction de réacteurs nucléaires" pour "garantir l'indépendance énergétique de la France" et "atteindre la neutralité carbone en 2050".

C'est aussi un signe pour assurer aux Français que le coût de l'énergie ne dépendra pas des importations, dont la hausse des cours contribue lourdement à peser sur le pouvoir d'achat, autre thème majeur de la campagne.

Une stratégie énergétique globale

Le lancement des nouveaux EPR sera coûteux : en construire six réacteurs EPR2 coûtera une cinquantaine de milliards d'euros, comme l'a déjà proposé EDF, sur des sites existants.

Le groupe propose de les construire par paires sur trois sites : d'abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).

"L'Etat contribuera et jouera son rôle" dans le financement, promet l'Elysée.

"Plusieurs audits externes ont été faits par le gouvernement pour attester de la solidité du chiffrage par EDF et ces éléments seront rendus publics dans les jours qui suivent le discours du président", précise encore la présidence.

A Belfort, Emmanuel Macron devrait aussi parler du programmes des petits réacteurs nucléaires (SMR).

Mais au-delà, c'est une stratégie énergétique globale que doit présenter le chef de l'Etat, soucieux de montrer qu'il continue à accorder de l'importance aux énergies renouvelables, pour lui complémentaires du nucléaire.

"Construire un nouveau réacteur nucléaire ce n'est pas avant 15 ans, donc les énergies renouvelables on en a besoin tout de suite", souligne l'Elysée.

Emmanuel Macron pourrait ainsi évoquer le développement des éoliennes en mer, moins contestées que les éoliennes terrestres.

Autre piste, les économies d'énergie, avec l'objectif de "réduire nos consommations sans perdre en qualité de vie ou pouvoir d'achat".

Le discours-cadre que le chef de l'Etat doit prononcer à Belfort trace donc une perspective de long terme, mais doit aussi lui permettre d'occuper d'ores et déjà l'un des sujets majeurs de la campagne.

Le nucléaire est l'un des thèmes de la campagne présidentielle de 2022, certains candidats en prônant une sortie plus ou moins rapide (écologistes ou insoumis) tandis que d'autres (notamment à droite et à l'extrême droite mais aussi au parti communiste) sont favorables à cette énergie.

Avec AFP.

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