Trois ans après l'adoption de la première "stratégie polaire" de la France, le Centre national de la recherche scientifique a listé "15 défis scientifiques interdisciplinaires" à relever dans la décennie qui vient.
L'institut de recherche cite "la compréhension des sociétés arctiques, l'impact de la pollution sur la faune et les populations ou encore la perte de masse de l'Antarctique et son impact sur le niveau des mers" comme défis prioritaires pour la communauté scientifique française.
Le réchauffement est quatre fois plus rapide en Arctique que la moyenne mondiale. En Antarctique, la fonte de la banquise depuis 2016 est "spectaculaire", selon la synthèse du CNRS présentée en marge de la troisième conférence des Nations unies pour l'océan (Unoc-3), organisée à Nice.
"Autre phénomène alarmant, le virus hautement pathogène de la grippe aviaire a récemment touché des colonies d'oiseaux et de mammifères marins des régions subantarctiques et arctiques", ajoute l'organisme public dans son document intitulé "Prospective polaire 2025-2035".
Des bouleversements aux conséquences globales
Les scientifiques alertent sur les conséquences globales de ces bouleversements: élévation du niveau des mers, perturbations des écosystèmes et pressions accrues sur les communautés autochtones. Les pôles deviennent également le théâtre de tensions géopolitiques croissantes, en particulier pour l'accès aux ressources et aux nouvelles routes maritimes.
Cette prospective vise à structurer un programme national de recherche ambitieux, nécessitant une enveloppe de 100 millions d'euros sur dix ans pour, entre autres, renforcer et pérenniser les capacités d'observation et "élargir la communauté scientifique polaire française" via des formations et des programmes universitaires.
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Le rapport alerte également sur le risque de disparition de l'Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV), aujourd'hui fragilisé, "sans un soutien financier et structurel accru".
Il insiste aussi sur la diplomatie scientifique, "levier essentiel pour préserver la stabilité et la paix dans les régions polaires, tout en construisant une résilience face aux défis climatiques, environnementaux et sociaux".
"Il s'agit d'une opportunité unique d'accroître la visibilité et l'impact de la recherche française sur les pôles, tout en contribuant aux avancées scientifiques nécessaires pour mieux comprendre et anticiper les évolutions climatiques", conclut le CNRS, deuxième institut de recherche au monde en volume de publications scientifiques dans ce domaine.
Avec AFP.