"90 % devrait être considéré comme une ambition minimale et non comme un plafond", affirment les représentants de quelque 150 sociétés ou groupes d'investisseurs, dans une lettre publique adressée mardi au Conseil européen, à la Commission et aux eurodéputés.
L'objectif de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre, intention affichée par la Commission depuis un an, fait l'objet de tractations délicates entre les Etats membres. Le commissaire chargé du dossier, Wopke Hoekstra, a dû repousser la présentation de son projet détaillé, attendu "avant l'été".
De l'adoption de cet objectif pour 2040 dépend la feuille de route climatique que l'UE doit soumettre à l'ONU avant la COP30 en novembre.
"Un objectif robuste, soutenu par un ensemble de politiques publiques intelligent, ambitieux et cohérent, décarbonera nos économies et stimulera l'innovation et les débouchés pour les entreprises de tous les secteurs", écrivent les signataires, rassemblés depuis un an sous l'impulsion d'un institut de l'université de Cambridge spécialisé dans le développement durable.
Un tel objectif "améliorera la résilience de l'UE aux chocs, sa sécurité énergétique et sa compétitivité", assurent les signataires, citant les bénéfices d'une transition sur la qualité des emplois, les économies générées ainsi que pour la santé et le bien-être.
"Au final, le risque climatique est un risque économique et financier", poursuivent les entreprises signataires du courrier, en appuyant les engagements pris à la COP28 de Dubaï, fin 2023: sortir des énergies fossiles, tripler le rythme de déploiement des énergies renouvelables et doubler l'eficacité énergétique.
"Un objectif fort (...) sera essentiel pour créer un cadre réglementaire prévisible et envoyer les bons signaux aux investisseurs afin de décarboner nos opérations et nos chaînes d'approvisionnement rapidement et à grande échelle", déclare Rebecca Marmot, directrice Développement durable et Afaires publiques du groupe agroalimentaire Unilever, citée dans un communiqué.
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Ce besoin de "visibilité" et de "signal clair", régulièrement cité par le monde économique, est aussi invoqué par Gwenaelle Avice Huet, directrice générale Europe de Schneider Electric. Car la marche est haute: "pour atteindre la neutralité carbone, le taux d'électrification devra atteindre au moins 60 % d’ici 2050.
Or, celui-ci stagne autour de 23 % en Europe", a déclaré cette dirigeante du géant français des équipements électriques.
Avec AFP.