Une analyse de l’ONG Transport & Environment a été publiée ce 28 avril, analysant les émissions de l’aviation européenne de 2024.
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Environnement

Aviation : les émissions de CO₂ retrouvent leur niveau d'avant-Covid en Europe

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Une étude de l’ONG Transport & Environment a été publiée ce 28 avril, analysant les émissions de l’aviation européenne de 2024. Et si les vols ont repris depuis la pandémie, les émissions de CO2 aussi. Décryptage. 

En 2024, l'aviation européenne a presque retrouvé ses niveaux d'émissions de CO₂ d'avant la pandémie de Covid-19, selon une analyse de l'ONG Transport & Environment (T&E) publiée lundi 28 avril.  

En effet, tous les vols qui sont partis de l'Europe en 2024 ont généré 187,6 millions de tonnes de CO₂, soit 98 % des émissions de 2019, avec plus de 8,4 millions de décollages enregistrés. 

Un rebond rapide après COVID 

Pour les vols partant d’Europe, T&E distingue deux catégories de vols à partir des données fournies par l’OAG : 

- Les "intra-européens", qui volent d’un pays à l’autre de l’Union européenne en plus de la Norvège, l’Islande, la Suisse et le Royaume-Uni.  

- Les vols "extra-européens", qui partent de ces pays, mais atterrissent en dehors de l’Europe. 

Les vols extra-UE ont eux atteint 91 % des niveaux d’émission de 2019, tandis que les vols intra-européens ont dépassé les niveaux pré-Covid, atteignant 71,5 Mt de CO₂ contre 67,3 Mt auparavant. 

La France s’inscrit dans la même dynamique. Les émissions des vols au départ du territoire continuent d’augmenter d’année en année, atteignant 21,2 Mt de CO₂ en 2024, soit 93 % du niveau de 2019. 

Pour aller plus loin : "Vacances écolo, mode d'emploi"

La faute aux low-cost ? 

Pour les vols extra-européens, on observe une concentration des émissions : dix compagnies aériennes se partagent 40 % des émissions. Dans le top 3 on retrouve British Airways (9 Mt), Lufthansa (10 Mt), et en tête la compagnie low-cost Ryanair, avec 16 Mt de CO₂ émis en 2024.  

Les émissions des compagnies low cost, comme Ryanair, EasyJet ou WizzAir, ont augmenté de 5 % en 2024, dépassant de 19 % leur niveau de 2019. 

Un manque à gagner important pour l’Union européenne 

En Europe, les émissions des vols intra-Europe sont tarifés, grâce au système d'échange de quotas d'émission (SEQE ou EU-ETS en anglais) de l'UE et du Royaume-Uni. 

Pourtant, 70 % des émissions des vols qui partent de l'Europe ne sont pas couvertes par ce marché du carbone européen, selon une autre étude de l’ONG. Concrètement, 70 % des émissions de ces vols n’ont pas été taxées, car leur destination se trouve hors de l’Union européenne.  

T&E estime qu'une extension de ce marché carbone pour tarifer les émissions extra-UE aurait pu générer 7,5 milliards d’euros supplémentaires en 2024. 

Faire davantage payer les plus pollueurs 

Au lieu de cela, de nombreux PDG de compagnies aériennes affichent leur préférence pour le système mondial de compensation carbone, appelé CORSIA. Et ce n’est pas surprenant : un tel système serait jusqu’à 23 fois moins cher pour eux qu’une extension de l’EQE, leur évitant de payer le prix réel de leurs émissions de CO2.  

L’ONG appelle enfin à une révision du marché carbone de l'UE, prévue en 2026, pour inclure tous les vols au départ de l'Europe. Elle recommande également de geler les projets d'extension aéroportuaire en France et de renforcer la taxe sur les billets d'avion (TSBA) pour mieux refléter l'impact climatique de l'aviation

Pour rappel, l’aviation commerciale correspond à 2,9 % des émissions de CO2 de serre au niveau mondial, mais participe à 5,9 % du réchauffement climatique.