"C'est désormais officiel, BNP Paribas devra répondre devant la justice de sa responsabilité dans la crise climatique", écrivent Les Amis de la Terre, Oxfam France et Notre affaire à tous dans un communiqué commun, en reprochant à la banque d'avoir comme clientes des entreprises du secteur pétrolier et gazier. L'angle d'attaque des ONG devant le tribunal judiciaire de Paris porte sur un éventuel manquement au "devoir de vigilance" - un motif déjà utilisé par exemple contre le géant français des hydrocarbures TotalEnergies, mais pour la première fois contre une banque.
Face à sa contribution significative aux dérèglements climatiques, les associations demandent à BNP Paribas de mettre fin à ses soutiens financiers aux nouveaux projets d'énergies fossiles."
En pratique, un huissier doit se présenter dans la matinée au siège de BNP Paribas afin de remettre l'assignation en bonne et due forme, a précisé François de Cambiaire, avocat associé au sein du cabinet Seattle et conseil des associations. "Face à sa contribution significative aux dérèglements climatiques, les associations demandent à BNP Paribas de mettre fin à ses soutiens financiers aux nouveaux projets d'énergies fossiles et d'adopter un plan de sortie du pétrole et du gaz", écrivent-elles encore, appelant à un "procès historique".
"Plus de la moitié du chemin"
Depuis 2017, la loi française sur le devoir de vigilance impose aux grandes entreprises de prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l'environnement sur l'ensemble de leur chaîne d'activité. Dans une réaction transmise mercredi à l'AFP, BNP Paribas dit "regretter" la "voie contentieuse plutôt que la voie du dialogue".
"On a déjà fait plus de la moitié du chemin", a commenté au micro de France Inter le directeur de l'engagement d'entreprise de BNP Paribas Antoine Sire, "puisqu'il y a une dizaine d'années on avait presque uniquement des énergies fossiles, aujourd'hui on a 55 % d'énergie bas carbone essentiellement renouvelable". "Quand même, arrêter de financer la production pétrolière c'est une décision qui est extrêmement lourde", a-t-il ajouté.
La banque avait déjà fait part de son "désaccord" avec ces ONG, dans un courrier consulté par l'AFP le 26 janvier, en réponse à une précédente mise en demeure faite par les ONG le 26 octobre dernier et qui appelait une réponse dans les trois mois. Les entreprises "ne peuvent pas se substituer au législateur", estimait alors la banque, se disant "en profond désaccord" avec l'interprétation faite de la législation sur le devoir de vigilance.
Réponse "à côté"
Une réponse "à côté", selon les associations. Financeur historique du secteur industriel et de la production d'énergie, la banque française a annoncé le 24 janvier de nouveaux engagements climatiques en voulant diviser par cinq d'ici 2030 ses financements au secteur de l'extraction et de la production de pétrole.
Avec AFP.
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