L'éducation, là où tout commence
Le secteur de l’éducation est névralgique lorsque l’on adresse les sujets de capital humain et de croissance durable. Comme le dit si bien Socrate à Adamante : "L’éducation détermine tout ce qui suit", illustrant son enjeu stratégique depuis l’Antiquité ! L’éducation est un puissant levier macroéconomique et micro-économique. Les pays émergents considèrent l’éducation comme une priorité absolue, celle-ci leur permettant de rattraper le niveau de vie des pays développés. Comme l’indique l’OCDE, la qualité de l’enseignement peut être "une variable prédictive très probante de la prospérité économique des Nations". C’est pourquoi, à nombre d’étudiants stable, les dépenses en éducation augmentent de 4 % par an, de façon pérenne . Au sein de l’éducation, certaines niches progressent encore plus rapidement. Il s’agit notamment de la "EdTech" (les nouvelles technologies permettant de faciliter l’enseignement), dont la croissance est attendue à plus de 12 %
par an pour les années à venir. Des études réalisées par l’OCDE permettent d’appréhender la valeur créée par l’éducation. Ainsi, le coût d’un diplôme du tertiaire est en moyenne de 53k$ et génère un retour net de 320k$, soit un taux de rentabilité interne (TRI) de 14%. Un autre calcul indique que pour l’Etat, la valeur actuelle nette d’un diplôme du tertiaire est de 135k$.
La nature des emplois évolue
Le gouvernement chinois indiquait récemment qu’il devrait former ("reskill") 30 % de la force de travail du pays d’ici 2030 afin d’atteindre ses objectifs de croissance macroéconomiques. Suivant un même constat, une étude de Dell Technologies et du Institute for The Future conclut que 85 % des emplois qui existeront en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. Ce chiffre peut être débattu, mais il traduit une implacable vérité : à la lumière des transformations technologiques actuelles, la nature des emplois évolue et engendre une demande croissante en formation et services éducatifs.
La protection des salariés au service de la productivité
La protection des salariés (et leur bien-être) s’inscrit également dans une trajectoire de croissance de long-terme. Il s’agit là de protéger le capital humain. La logique est d’ordre moral aussi bien que financier. Sur sa composante morale, la prise de conscience est récente. Elle est cependant appelée à s’amplifier, notamment dans les zones émergentes. On peut toutefois penser que ce réveil a vraisemblablement d’abord été catalysé par des considérations économiques. Deux chercheurs de l’Université de Californie ont estimé que le coût des accidents du travail se chiffre à 200mds$ par an... et ce chiffre tient seulement compte des Etats-Unis. Selon l’OSHA (Agence Européenne pour la Sécurité au Travail), ce chiffre dépasse les 400mds€ pour l’Europe. Cette agence a calculé que pour chaque euro investi dans des mesures de protection du salarié, le retour sur investissement était de 2.2€. En investissant dans la protection et le bien-être de ses salariés, l’entreprise va donc suivre une logique financière pertinente et éprouvée. En plus de cela, elle va générer des externalités positives très fortes. La première d’entre elles est la fidélisation de ses collaborateurs, ce qui se traduit par une meilleure productivité et un turnover plus faible. Ces raisons expliquent les conclusions de KBV Research qui anticipe une croissance des budgets consacrés à la protection des salariés de plus 10 % par an lors des années à venir. Il s’agit d’un rythme 3 fois plus élevé que celui de la croissance macro-économique attendue. De nombreuses sociétés cotées telles que Rentokil, Epiroc ou Ecolab se distinguent particulièrement en la matière.
L’investissement en capital humain apporte donc une réponse économique et sociale aux grands défis des années à venir. Les besoins en éducation, formation et protection s’inscrivent dans des tendances de long-terme, alimentés par des forces structurelles. Pour les entreprises, comme pour les Etats, valoriser le capital humain suit une logique aussi bien morale qu’économique.
Par Aymeric Gastaldi, Gérant Actions internationales chez Edmond de Rothschild Asset Management.
EDMOND DE ROTHSCHILD ASSET MANAGEMENT (FRANCE)
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