L’hydrogène offre la particularité d’être l’élément chimique le plus abondant dans notre environnement. Afin de tirer parti de ses propriétés de stockage et génération d’énergie, il faut l’extraire de composants comme le gaz naturel ou l’eau, processus qui lui-même consomme de l’énergie (durable ou non). Par la suite, et à l’inverse des énergies fossiles, la consommation d’hydrogène par le biais de piles à combustible ne produit pas de pollution, d’où l’intérêt croissant des acteurs scientifiques, économiques et politiques pour développer des solutions basées sur cette source d’énergie.
Aujourd’hui, on distingue trois types d’hydrogène, selon les processus de production utilisés. L’hydrogène gris, le plus courant actuellement, est fabriqué à partir d’énergies fossiles ; l’hydrogène bleu a le même type de fabrication, mais est accompagné de captage de carbone afin de réduire les émissions ; et l’hydrogène vert, fabriqué par électrolyse de l’eau ou décomposition de ses composés chimiques sous l’effet d’un courant électrique produit par des sources d’énergies renouvelables. C’est ce dernier qui suscite l’intérêt puisqu’il n’émet pas de CO2, ni lors de sa production, ni lors de sa consommation.
Parmi les applications, on peut citer les secteurs "gros émetteurs de CO2" comme l’acier ; le secteur des engrais, où l’ammoniaque "vert", fabriqué avec de l’hydrogène, remplace les engrais à base d’énergies fossiles; le secteur des transports ; et le secteur de stockage de l’énergie, pour remplacer les batteries notamment.
Plusieurs défis sont à relever avant que l’utilisation de l’hydrogène devienne possible à grande échelle. Tout d’abord, le défi technique. Des électrolyseurs de plus grande capacité et plus efficaces doivent être développés afin, entre autres, de réduire les coûts de production. Aujourd’hui, le coût de production d’1 Kg d’hydrogène gris s’élève en moyenne à moins de $2 contre $3,5-$4,5 pour 1Kg d’hydrogène vert. En parallèle, la capacité de production d’énergies renouvelables, nécessaire entre autres à la fabrication d’hydrogène, doit aussi augmenter. Là où elle est abondante, comme en Australie et Arabie Saoudite, on observe de bons résultats dans la baisse des coûts de la production d’hydrogène vert.
Un second défi a trait au développement d’une infrastructure de stockage et transport de l’hydrogène, lequel doit être comprimé et est hautement inflammable. Des gazoducs adaptés doivent ainsi être conçus et posés.
Un troisième et dernier défi concerne l’adoption de règlementations et politiques visant à pousser à la hausse des prix du carbone afin de faire de l’hydrogène une source d’énergie relativement compétitive.
Les choses sont en bonne voie concernant ce défi. L’hydrogène en tant qu’énergie propre est désormais inclus dans de plus en plus de plans ou politiques nationaux et internationaux liés au climat, à la transition énergétique, etc. En Europe, il fait partie intégrante des ambitions et investissements prévus par le plan de reprise post-pandémie de l’UE ainsi que son « Pacte Vert ». Au Royaume-Uni, il est inscrit dans le « plan en 10 points pour une révolution industrielle verte ». Le but étant de pénaliser les gros émetteurs de carbone et de faciliter des partenariats pour le développement d’alternatives. Dans sa "Taxonomie", l’UE a aussi établi le seuil d’émissions de CO2 admis pour la production d’hydrogène vert à 3 tonnes de CO2/tonne d’hydrogène produit (contre 10 tonnes CO2/1 tonne hydrogène gris). L’adoption de bonnes pratiques et normes à l’international est nécessaire afin de faciliter le développement de cette source d’énergie alternative.
Actuellement, on estime qu’à l’échelle mondiale, d’ici à 2050, la production d’hydrogène pourrait répondre à entre 1/6 et 1/5 de la demande en énergie et le potentiel économique de l’hydrogène pourrait s’élever à dix mille milliards de dollars. Les perspectives sont donc particulièrement attractives et les retombées financières seront visibles dans de nombreux secteurs. On peut ainsi prendre en considération les bénéficiaires directs de cette révolution énergétique, tels que les fabricants d’électrolyseurs et autres équipements nécessaires à la production d’hydrogène, ainsi que les bénéficiaires indirects, tels que les acteurs de la production d’énergies renouvelables, les producteurs d’ammoniaque vert, les fabricants d’unités de stockage d’énergie, etc. En tant qu’investisseurs, les possibilités de se positionner seront tout aussi diversifiées. Les investisseurs actions pourront faire leur choix tout au long de la chaîne de valeur de l’hydrogène : production, équipement, transport et stockage. N’oublions pas les investisseurs obligataires, car de nombreuses émissions d’obligations vertes ou durables visent à financer le développement des moyens de production, l’infrastructure et les techniques d’utilisation de l’hydrogène. Une gestion active et durable, basée sur une solide expertise des acteurs et produits les plus prometteurs, devrait permettre dès maintenant de tirer parti de cette évolution aux avantages de long terme.
Par Gerrit Dubois, spécialiste investissements responsables "Environnement" chez DPAM.
Information importante : Ce texte a été rédigé uniquement à des fins d’information et ne constitue en aucun cas un conseil en investissement.
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