Quelle est la différence entre l'ISR et l'investissement à impact ?
Précurseur il y a encore quelques années, l’ISR est désormais mainstream, et l’impact constitue la nouvelle frontière en matière d’investissement durable. Il ne s’agit plus seulement de comprendre les politiques ESG des entreprises, mais également de déterminer leurs impacts sur la planète et la société, en identifiant le lien entre les produits et services qu’elles proposent et, par exemple, les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations unies. Tous les fonds ISR ne font donc pas d’impact. La majorité a simplement en portefeuilles des entreprises qui gèrent bien leurs problématiques ESG, sans chercher cet impact positif sur la société et l’environnement.
LFDE a justement lancé en 2020 son deuxième fonds à impact, Echiquier Climate Impact Europe, pouvez-vous nous en dire plus sur sa méthodologie ?
Il s’agit d’un fonds dédié à l’impact climatique qui investit dans des actions européennes. Il s’appuie sur une méthodologie propriétaire innovante, "Maturité Climat", qui permet de définir un score Climat des entreprises. Il distingue les sociétés selon trois profils : celles qui fournissent des "Solutions" par les produits et services qu’elles conçoivent, contribuant à réduire les émissions de Co2 de leurs clients ; les "Pionnières", dont les engagements climatiques sont ambitieux et qui exercent une influence positive sur leurs chaînes de valeur ; et celles qui amorcent leur "Transition", en intégrant des critères de biodiversité et des enjeux climatiques dans leurs stratégies. Pour chacune, nous analysons la gouvernance, les engagements, la transition juste - l’accompagnement des salariés et des clients face aux enjeux climatiques - et les controverses climat.
Et pour le fonds Echiquier Positive Impact Europe ?
Ce fonds a pour objectif de sélectionner des entreprises européennes responsables qui contribuent à la transition énergétique et écologique. Pour cela, nous avons développé un score d’impact composé de deux notes : le score Solutions, qui établit un lien entre le chiffre d’affaires de l’entreprise et un ODD orienté "business", c’est-à-dire l’un des 9 ODD (sur 17) sur lesquels nous estimons qu’il est possible d’identifier un impact direct avec les enjeux concernés.
Si l’on regarde, par exemple, l’ODD 1 "Éradication de la pauvreté", nous considérons qu’il est plutôt du ressort de la responsabilité des ONGs, des associations... mais aussi et surtout des politiques sociales des gouvernements. L’impact des entreprises sur cette problématique est plus difficile à mesurer. En revanche, ces dernières peuvent, par exemple, générer un impact direct sur l’ODD 3 "Bonne santé et bien-être", en proposant notamment des produits contribuant à lutter contre l’obésité. Le score Initiatives prend en compte quant à lui l’ensemble des ODD. Nous considérons les produits et services mais également les politiques sociales et environnementales déployées par l’entreprise. Par exemple pour l’ODD 5 "Égalité entre les sexes", nous nous intéressons à la façon dont les politiques RH peuvent contribuer de manière positive à cet enjeu. Pour l’ODD 1, si aucun produit ou service ne peut participer directement à la réduction de la pauvreté, les activités philanthropiques des sociétés le peuvent.
Nous regardons également le momentum des entreprises. Si certaines sont susceptibles de recevoir une note relativement basse selon notre méthodologie, nous prenons en compte la trajectoire d’amélioration de leur gamme de produits et services et/ou de leurs politiques ESG. Ørsted est une bonne illustration : au cours des dernières années, l’entreprise danoise a progressivement transformé son modèle d’affaires, passant de la production d’énergies fossiles à l’éolien offshore. Cela a généré l’amélioration de la croissance et de la rentabilité, ainsi qu’une performance boursière significative.
Justement, l'impact peut-il être aussi un moteur de performance ?
Effectivement, l’impact positif donne accès à des tendances de long terme porteuses d’opportunités financières remarquables. Selon un rapport de Better Business World publié en 2017, les innovations liées à la santé, au bien-être ou à la télémédecine, soit l’ODD 3, représentent une opportunité de 2 845 milliards de dollars d’ici 2030. La mise en place de l’économie circulaire, la lutte contre le gaspillage alimentaire et l’agriculture pourraient quant à elles générer 2 365 milliards de dollars d’opportunités. Autant de sources de croissance que l’on peut capter via les fonds à impact. Ces fonds ont d’ailleurs démontré ces dernières années leur capacité à générer autant, voire plus, de performance que le reste du marché. Depuis son lancement, Echiquier Positive Impact Europe affiche ainsi une surperformance par rapport à son indice de référence. Il a délivré en 2020, environ 20 % de surperformance par rapport au marché.
Comment voyez-vous la suite ?
Nous sommes persuadés que l’impact est ancré dans la durée. Non seulement parce qu’il a démontré sa capacité à délivrer de la performance, mais également parce que la crise que nous avons traversée a renforcé l’une de nos convictions : Le rôle de l’investissement à impact coté est décisif pour financer les 2 500 milliards d’euros nécessaires à l’atteinte des ODD d’ici 2030.
Information importante : Les fonds cités sont exposés au risque de perte en capital, aux risques actions, de change et de gestion discrétionnaire. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
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