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En bref

La guerre en Ukraine révèle les effets "délétères" de la taxonomie européenne

La guerre en Ukraine révèle les effets "délétères" du projet européen de labellisation verte, a estimé jeudi l'ONG Reclaim Finance, en prenant pour exemples le gaz et le nucléaire, deux énergies fossiles susceptibles d'être étiquetées comme "vertes" par l'Union européenne.

"La taxonomie de l'UE encourage la construction de centrales à gaz qui maintiendraient ou augmenteraient la dépendance gazière de l'Union" vis-à-vis de "régimes autoritaires comme la Russie", a estimé dans un communiqué Reclaim Finance. Alors que l'Union européenne est très dépendante du gaz russe, le conflit en Ukraine a toutefois eu pour première conséquence la suspension sine die du projet de gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.

En outre, poursuit l'ONG, la guerre actuelle "se déroule dans un Etat (l'Ukraine, NDLR) qui possède des centrales nucléaires, soulevant de nombreuses inquiétudes en matière de sécurité qui devraient amener l'UE à reconsidérer son analyse du nucléaire dans la taxonomie".

Fin décembre, la Commission européenne a dévoilé son projet de labellisation verte ou "taxonomie", qui permettrait selon certains critères de classer comme "durable" les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, en plus de ceux dans les énergies renouvelables.

Selon Paul Schreiber, chargé de campagne chez Reclaim Finance, cette taxonomie ouvre "la porte aux énergies fossiles". L'ONG est ainsi signataire, jeudi, d'une lettre ouverte de 92 organisations appelant les institutions financières à "s'engager à exclure le gaz fossile et l'énergie nucléaire de tous leurs produits et obligations vendues comme étant durables, vertes ou responsables".

La Commission européenne doit publier dans un délai non précisé son texte final sur la taxonomie, qui sera considéré comme définitivement adopté quatre mois plus tard, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée de 20 États. Malgré l'opposition de plusieurs pays dont l'Espagne, le Danemark mais aussi l'Autriche, le Luxembourg et l'Allemagne, il est peu probable qu'une telle majorité puisse être atteinte. Une douzaine d’Etats, au premier rang desquels la France, soutient l'inclusion du nucléaire.

Avec AFP.