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En bref

Taxonomie: le nucléaire n'est "ni durable, ni économique" affirme Berlin

Le nucléaire, générateur de déchets, n'est pas une énergie "durable" ni "économique", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat allemand pour l'Environnement Stefan Tidow, Berlin s'opposant à Paris sur l'inclusion de l'atome dans la taxonomie européenne, la liste des investissements "verts".

"Ce n'est pas une énergie verte, ni durable. La question de la gestion des déchets n'est pas résolue: ce n'est pas économique non plus", a affirmé M. Tidow devant la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili, à son arrivée à Amiens dans le nord de la France pour une réunion des ministres européens de l'Environnement.

Berlin s'oppose farouchement à l'inclusion du nucléaire dans le projet de labellisation verte ("taxonomie") dévoilé fin décembre par la Commission européenne. Les États membres ont jusqu'à vendredi pour réclamer des modifications, avant la publication du texte final.

"Nous allons d'abord faire comprendre que nous trouvons difficile l'inclusion de l'énergie nucléaire. Puis la Commission fera sa proposition (finale). C'est à ce moment-là qu'on se positionnera (pour la suite du processus), nous réagirons", a expliqué Stefan Tidow.

Interrogé jeudi, un porte-parole de l'exécutif européen s'est refusé à préciser le calendrier de la publication du texte final: "Ce qui est absolument clair, c'est que la Commission n'a pas l'intention de jouer les prolongations de quelque façon que ce soit. Nous travaillons dur pour arriver à une décision aussi vite que possible", a-t-il cependant indiqué lors d'une conférence de presse.

Le texte final de la Commission sera considéré définitivement adopté quatre mois après sa publication, sauf rejet par une majorité simple au Parlement européen ou par une majorité qualifiée des Etats (soit 20 Etats, ce qui paraît hors de portée).

Le document fixe les critères permettant de classer comme "durables" les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, avec pour objectif d'orienter les investissements privés vers les activités contribuant à réduire les gaz à effet de serre.

La France, confrontée à un mur d'investissements pour relancer sa filière nucléaire (source d'énergie stable et décarbonée), et des pays d'Europe centrale, comme la Pologne, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes par des centrales à gaz, soutiennent la proposition sur la table.

Arbitrages décisifs

"La Commission a présenté un texte d'équilibre, de compromis. Evidemment, certains pays ont des points (de désaccord), ça fera l'objet de discussions (...) Nous ferons un bon travail ensemble", a commenté à Amiens Barbara Pompili, alors que Paris occupe depuis janvier la présidence tournante de l'UE.

"Je ne pense pas que ce sujet pèse sur les relations franco-allemandes. Nous avons chacun nos intérêts particuliers, cela est normal", a abondé M. Tidow.

Quelques pays, Autriche, Luxembourg et Allemagne en tête, ont farouchement bataillé pour exclure l'atome, Vienne dénonçant notamment "une énergie trop onéreuse et trop lente" pour contrer le changement climatique et s'alarmant de la gestion des déchets générés.

"Le nucléaire est une énergie décarbonée. On ne peut pas s'en priver au moment où nous devons baisser très rapidement nos émissions", a répliqué jeudi Barbara Pompili, rappelant que les énergies renouvelables sont intermittentes et ne peuvent donc garantir à elles seules une fourniture continue d'électricité.

"Quand nous aurons les solutions de stockage - notamment avec l'hydrogène, par exemple, mais pas seulement - la question pourrait se poser autrement", a-t-elle observé.

Avec AFP.