La demande mondiale de charbon a atteint des sommets cette année.
©Parilov/Shutterstock
En bref

Objectifs climatiques: la Bourse sera sans pitié pour les entreprises polluantes

Les entreprises les plus polluantes, dans les secteurs de l'aérien ou de l'acier, doivent s'attendre à voir leur capitalisation boursière s'effondrer en raison du coût de leurs rejets de carbone dans le cas d'une application effective de l'Accord de Paris sur le climat, selon une étude de la banque fédérale allemande.

Les entreprises ayant des coûts d'émission de CO2 élevés pourraient subir des "pertes de valeur substantielles" en Bourse, oscillant entre 80 et près de 100 % par rapport au cours actuel, écrit lundi la Bundesbank dans son bulletin mensuel.

Ce scénario noir s'appliquerait aux compagnies aériennes, aux cimentiers, aux aciéristes et aux acteurs dans les énergies fossiles (Pétrole, gaz, charbon), tous affectés par une montée drastique du prix d'émission de la tonne de CO2, qui est la variable retenue dans le modèle de la banque centrale. La banque centrale voit ces corrections se produire "dans les cinq ans jusqu'en 2025", en se comparant au cours de Bourse des entreprises à fin 2020.

L'accent a été mis dans cette étude sur la différence entre un scénario basé sur la mise en œuvre d'engagements nationaux de protection du climat, cohérent avec une trajectoire de réchauffement climatique de +2,4°C, et celui plus ambitieux d'une transition ordonnée vers une économie à faible émission de carbone, conforme à l'Accord de Paris qui vise à limiter à +1,5°C le réchauffement climatique.

Si ce dernier scénario devait prévaloir, les acteurs de marchés modifieraient alors leurs attentes en tenant compte de coûts prohibitifs pour les secteurs les plus polluants, ce qui affecterait leur valorisation en Bourse. L'étude a examiné un échantillon de 5 285 entreprises dans 75 pays, concentrant plus de la moitié de la capitalisation boursière dans le monde. Il ressort qu'une correction drastique concernerait 15 % d'entre elles représentant un poids de 4 700 milliards d'euros en Bourse.

La grande majorité des entreprises étudiées ne supporterait en revanche qu'une faible dépréciation de leur cours en chemin vers une économie à faibles émissions de carbone. Par ailleurs, en cas de répercussion de 80 % des coûts liés au CO2 sur les clients, l'impact se réduirait à 4 % de la capitalisation étudiée - 1 900 milliards d'euros, soit 7 % de l'ensemble - avec toujours "des pertes de plus  de la moitié de la valeur de l'entreprise", selon la Bundesbank.

Avec AFP.