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En bref

Environnement : Oxfam demande au gouvernement de sévir face aux banques

Les grandes banques françaises sont globalement de mauvaises élèves en matière de financement des énergies renouvelables, estime mercredi l'ONG Oxfam qui exige l'intervention de l'Etat, son diagnostic étant contesté par les établissements mis en cause.

L'ONG demande au gouvernement de les contraindre à réduire drastiquement leurs investissements dans les énergies fossiles.

"Face à l'immobilisme des banques françaises, Oxfam demande des actes forts de l'Etat et que le gouvernement contraigne les banques à publier immédiatement un plan de sortie des énergies fossiles", déclare l'ONG, qui publie une analyse des politiques énergétiques de huit établissements bancaires (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE-Natixis, La Banque Postale, Crédit Mutuel-CIC, le Crédit Coopératif et la NEF).

Selon cette étude, réalisée par Fair Finance France, seule la banque NEF fait figure d'excellente élève avec une politique de financement des projets à impacts neutres et positifs, notamment autour des énergies renouvelables et de l'agriculture biologique. Elle est suivie par le Crédit Coopératif, filiale du mastodonte BPCE, qui finance l'économie sociale et solidaire.

En revanche, sa maison mère BPCE est avant-dernière du classement, talonnée par Crédit Mutuel-CIC en bas de tableau. Classées 5e ex-aequo par l'ONG, Société Générale et Crédit Agricole font également partie des lanternes rouges, précédées par BNP Paribas.

Même La Banque Postale, troisième du podium, n'arrive pas à décrocher la moyenne, selon les critères établis par Fair Finance Guide International, à l'origine de cette grille d'évaluation des politiques de crédit et d'investissement des banques.

Selon Oxfam, sur la période 2016-2017, les six plus grandes banques françaises ont consacré la majeure partie de leurs financements et investissements aux énergies fossiles : 62,5 % ont été accordés au gaz et au pétrole ainsi que 8,5 % au charbon contre 19,6 % pour les énergies renouvelables. Les 9,4 % restants ont financé d'autres énergies telles que l'hydraulique et le nucléaire, détaille l'ONG, reprenant les données d'un rapport publié en novembre 2018.

- Les banques contestent -

Les banques contestent les conclusions de cette étude, à l'instar de BNP Paribas et BPCE qui critiquent la méthodologie employée.

"Nous avons cessé d'être neutres et nous avons résolument déplacé le centre de gravité de nos financements de manière à devenir un accélérateur de la transition énergétique", a réagi BNP Paribas dans un courrier adressé à Oxfam et qu'a pu consulter l'AFP.

"En vous appuyant sur la comparaison de nos chiffres bruts à ceux de banques plus petites, vous pouvez laisser croire que nous ne faisons pas d'efforts pour réduire le financement des énergies fossiles", précise la banque. Elle assure que son financement des énergies renouvelables a connu une croissance de 66 % en deux ans.

Pour sa part BPCE a rappelé dans une déclaration transmise à l'AFP s'être "fixé pour objectif, à horizon 2020, un montant de 10 milliards d'euros de crédits en faveur de la croissance verte (énergies renouvelables, rénovation thermique des logements, mobilité durable...)" et avoir atteint avec sa filiale cotée Natixis près de 90 % de cet objectif, soit 8,7 milliards d'euros.

Pour la banque mutualiste Crédit Mutuel, la pilule est aussi difficile à avaler. "Nous regrettons vivement que cette publication d'Oxfam ne prenne en compte ni les dernières données publiées en avril 2019, ni les engagements pris par Crédit Mutuel Alliance Fédérale post COP21", a commenté auprès de l'AFP un porte-parole de la banque.

Il rappelle ainsi l'engagement du groupe d'augmenter de 30 % des financements à fort impact climatique et de baisser de 30 % son empreinte carbone via un mécanisme de compensation.

En novembre 2018, après la diffusion d'un premier rapport d'Oxfam pointant les lacunes des engagements environnementaux des six plus grandes banques françaises, le ministre de l'Economie les avait appelé les banques à "tenir leurs engagements" dans la lutte contre le réchauffement climatique, demandant d'arrêter "définitivement de financer les activités les plus nocives pour le réchauffement climatique, en particulier le charbon".

Selon l'ONG, pour que les accords de Paris sur le climat soient respectés, le gouvernement "doit contraindre les acteurs financiers" à "adopter un plan de désengagement progressif du charbon au plus tard en 2030 dans l'OCDE et l'UE, et en 2040 dans le reste du monde".

Elle préconise aussi la publication d'un "plan de stabilisation puis de diminution" des investissements dans les secteurs pétrolier et gazier. Enfin elle demande à ce que les établissements mesurent et divulguent les émissions de gaz à effet de serre de leur portefeuille.

La banque critique par ailleurs les méthodes d'Oxfam pour cette étude.

Avec AFP.