Emmanuel Macron à l'Élysée.
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En bref

Profits dans l'énergie: la France favorable à un "mécanisme de contribution européenne"

La France s'est dite lundi favorable à ce que l'Union européenne impose une contribution aux opérateurs énergétiques qui feraient des "bénéfices indus" avec la flambée des prix de gros de l'électricité sur le continent, rejoignant l'Allemagne qui a proposé cette approche dimanche.

"Nous défendons un mécanisme de contribution européenne (...) qui serait demandée donc aux opérateurs énergétiques", a déclaré le président français Emmanuel Macron, alors que la Commission européenne prépare son propre plan pour contenir la flambée des prix de l'électricité vue cet été. Plutôt qu'une taxe nationale sur les superprofits, la France soutient donc un mécanisme non fiscal, et harmonisé au niveau européen, qui permettrait de récupérer une partie des bénéfices engrangés par des producteurs d'électricité renouvelable ou nucléaire, qui produisent aujourd'hui une électricité à bas coût mais revendue à des prix records.

Les prix européens de l'électricité, quelle que soit son mode de production, sont en effet corrélés au prix du gaz, qui atteint depuis la guerre en Ukraine des sommets historiques. L'arrêt total du gazoduc Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l'Allemagne, a encore fait remonter les cours lundi. Les ministres de l'Energie de l'UE se retrouveront vendredi pour discuter de la situation lors d'une réunion extraordinaire. La Commission a proposé de plafonner une partie des prix de gros de l'électricité, d'adopter des tarifs réglementés pour les plus fragiles et de renforcer les mesures incitatives pour réduire la consommation, selon un projet consulté par l'AFP.

La contribution énergétique pourrait "ensuite être reversée aux États pour financer leurs mesures nationales ciblées", envers les ménages et les entreprises, du type bouclier tarifaire, a expliqué le président français. L'Allemagne, dont le chancelier Olaf Scholz a parlé à Emmanuel Macron lundi, défend également ce type de mécanisme auprès de la Commission. "Des producteurs profitent simplement des prix très élevés du gaz qui déterminent le prix de l'électricité", avait déploré le chancelier dimanche.

"Sobriété"

Si l'Union européenne n'adoptait pas une telle contribution spéciale sur les opérateurs énergétiques, alors "on reviendra à des débats nationaux", a dit le président français, qui écarte pour l'instant la création d'un impôt français spécial sur les entreprises du secteur énergétique. "Pour réduire la volatilité des prix, il nous paraît indispensable d'avoir des mesures de lutte contre les pratiques spéculatives", a ajouté M. Macron, évoquant les très vives variations de prix des dernières semaines en Europe. "Notre souhait est qu'il puisse y avoir des mécanismes de contrôle de ces opérations spéculatives au niveau européen".

Emmanuel Macron s'est par ailleurs dit "favorable à des pratiques d'achat commun du gaz" en Europe, pour acheter "moins cher", ainsi qu'au plafonnement du prix du gaz russe livré par gazoduc. "Si la Commission venait à décider de mettre un plafond au prix du gaz acheté à travers les gazoducs à la Russie, la France soutiendra une telle mesure", a-t-il aussi déclaré.

Emmanuel Macron a annoncé que Paris s'engageait à livrer davantage de gaz à l'Allemagne, qui pourrait lui fournir de l'électricité, si la crise énergétique le nécessitait cet hiver. "Nous allons finaliser les connexions gazières pour pouvoir livrer du gaz à l'Allemagne (...) S'il y avait un besoin de solidarité" et cette dernière "se mettra en situation de produire davantage d'électricité et de nous (en) apporter dans les situations de pic", a-t-il expliqué.

Alors que la situation énergétique est tendue, M. Macron a exhorté les Français à "être au rendez vous de la sobriété" pour éviter les rationnements en gaz et électricité cet hiver. Il a enfin estimé qu'il n'y avait "pas d'évidence de besoin" d'un nouveau gazoduc entre la France et l'Espagne. Ce projet Midcat, soutenu par Madrid et Berlin, est vu d'un œil méfiant par Paris. En Europe, "on a besoin de plus d'interconnexion électrique. Je ne suis pas convaincu qu'on ait besoin de plus d’interconnexion gazière, dont les conséquences, en particulier sur l'environnement, et en particulier sur l'écosystème, sont plus importantes".

Avec AFP.