"Le monde prend conscience que nous avons besoin d'agir résolument et de manière urgente contre le changement climatique. Si nous faisons trop peu ou rien, cela aura des conséquences désastreuses, y compris pour notre économie, et retarder toute action coûtera plus cher", a rappelé en préambule Ruud de Mooij, directeur adjoint au département des affaires budgétaires du Fonds, lors d'une conférence de presse sur internet.
Mais le défi est de taille pour les Etats, selon les premières données publiées par le Fonds tirées de son rapport sur les politiques budgétaires (Fiscal monitor), qui doit être présenté le 11 octobre à l'occasion des réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale (BM) à Marrakech (Maroc).
Et pour cause: les dépenses nécessaires entraîneraient une hausse de 45 à 50% de l'endettement des Etats d'ici à 2050, une gageure alors que la majorité d'entre eux, en particulier parmi les pays émergents et en développement, sont déjà fortement endettés.
"Ce n'est budgétairement pas soutenable", a insisté M. de Mooij, mais "si les Etats laissent le secteur privé payer pour tout, cela pourrait entraîner une opposition féroce".
Les besoins sont énormes: 2.000 milliards de dollars par an d'ici à 2030 pour atteindre l'objectif zéro carbone net en 2050, estimait l'Agence internationale de l'énergie (AIE), alors que seuls 400 milliards annuels sont prévus sur la période, souligne le FMI.
Dès lors la solution passerait par une hausse plus maîtrisée de l'endettement, de 10 à 15% pour les économies avancées, tout en ajoutant des mesures de financement telles que des taxes carbone.
"La bonne nouvelle est que 90% des technologies dont nous avons besoin pour réduire les émissions d'ici à 2030 existent d'ores et déjà", a rappelé M. de Mooij.
Contribution
Mais cela passe également par une drastique montée en puissance des investissements afin d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, juge l'institution, estimant que le secteur privé devrait prendre en charge 80% des financements nécessaires dans les pays émergents pour y parvenir.
Selon le chapitre 3 de son rapport annuel sur la stabilité financière mondiale (GFSR) dont l'ensemble du contenu doit être publié le 10 octobre à Marrakech, "le secteur privé devra faire une contribution majeure aux investissements nécessaires en faveur du climat dans les économies émergentes et en développement".
Le Fonds estime que l'effort porté par le secteur privé doit doubler, pour l'amener à 80% des investissements réalisés, contre seulement 40% actuellement.
Or, si certains pays émergents, à l'image de la Chine ou de l'Inde, disposent d'un secteur privé ayant des ressources nécessaires, ce n'est pas le cas ailleurs, ce qui implique de créer les conditions pour attirer les investissements internationaux, selon le FMI.
Mais ces pays font face à des difficultés : "du fait de leur notation, 40% des pays émergents sont classés sous la catégorie +investissement+ ce qui signifie qu'ils ne font pas partie de l'univers d'investissement", a expliqué Fabio Natalucci, directeur adjoint du FMI.
Par ailleurs, si le nombre de sociétés donnant priorité aux investissements durables a grandi, cela n'implique pas une hausse des financements liés aux besoins en matière de changement climatique.
"Seule une petite part de ces sociétés souhaitent avoir un impact positif sur le climat, la grande majorité réalisent leurs investissements sur des critères sociaux, de gouvernance d'entreprise et environnementaux qui ne sont pas nécessairement en lien avec les défis climatiques", pointe le rapport.
"Dans certains cas, ils ne sont pas aussi +verts+ que le label le suggère. Il est donc important de s'assurer que ces labels reflètent à quel point les investissements sont +verts+ pour chacun de ces fonds", a souligné M. Natalucci.
Avec AFP.