L'exercice, réalisé par la Banque de France et l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), s'est appuyé sur trois scénarios de transition vers un monde neutre en carbone en 2050. Cet objectif est jugé nécessaire par les scientifiques pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C par rapport à la fin du 19e siècle, conformément à l'Accord de Paris sur le climat signé en 2015.
Mais atteindre la neutralité carbone en 2050 peut se faire de façon plus ou moins ordonnée : la transition, et le retrait des énergies fossiles, peut commencer rapidement dès aujourd'hui, ou de façon retardée mais plus brutale à partir des années 2030 ou plus tard.
Les trois scénarios évaluent l'impact financier pour les banques de cette transition plus ou moins anticipée, par exemple avec un relèvement du prix du carbone plus ou moins régulier sur les prochaines décennies. "Pour les banques, l'exercice fait apparaître une exposition globalement modérée aux risques de transition", les secteurs les plus touchés représentant 9,7 % du portefeuille de crédit des banques, a souligné lors d'une conférence de presse Denis Beau, sous-gouverneur de la Banque de France.
Parmi ces secteurs : le pétrole et le gaz bien sûr, mais aussi culture et production animale, industrie chimique, métallurgie, collecte et traitement des eaux usées, gestion des déchets... Pour les assurances, l'exposition est également jugée "modérée" avec 17 % du portefeuille.
Et "la tendance à retenir est qu'à l'horizon 2050 les banques s'adaptent et font évoluer la structure de leurs portefeuilles" pour réduire leur exposition à ces secteurs. Mais pour Paul Schreiber, chargé de campagne pour l'ONG Reclaim Finance, les ajustements décrits dans le rapport sont au contraire "marginaux". En outre, "aucun de ces trois scénarios n'est vraiment crédible" et les hypothèses sont "optimistes", déplore-t-il.
Un quatrième scénario, dans lequel le monde se réchauffe de façon catastrophique (+1,4 à 2,6°C d'ici 2050), a également été testé pour évaluer le risque "physique" pour les assureurs, dont le métier prévoit d'indemniser aussi des clients face aux risques naturels. "Les primes augmenteraient de 130 à 200 % sur 30 ans pour couvrir ces pertes", conclut le rapport.
Cependant, la méthodologie de ce "stress test climatique" étant encore en construction, "ces résultats sont à prendre avec prudence", a averti Denis Beau. D'autres exercices similaires sont prévus en 2023 et 2024.
Avec AFP.