“Une âme curieuse et joyeuse”, c’est avec ces mots qu’aime se définir Maud Louvrier Clerc. Dans son atelier-domicile, niché à deux pas du bois de Vincennes, l’artiste de 45 ans, sensible aux enjeux environnementaux depuis son plus jeune âge, nous ouvre les portes de son univers. Avec son enthousiasme contagieux, elle partage les histoires qui se cachent derrière chacune de ses créations, dont la dernière en date “Rêves d'avenir”, exposée en ce moment à la Cité internationale universitaire de Paris.
Comment avez-eu l'idée de cette installation ?
"Rêves d'avenir" est né de ma réflexion autour du développement durable. Depuis dix ans, je réalise une recherche sur l’équilibre, autour d’une forme que je nomme Carrond qui est la fusion d’un carré et d’un rond. La géométrie du carrond donne lieu à des variations infinies et l’une d’elle, formée par quatre carronds qui s’interpénètrent, crée un nuage. Il symbolise les quatre piliers du développement durable : économie, social, environnement et culture. Ce motif a donné lieu à une première sérigraphie “La Danse de notre Avenir”, puis à des sculptures “Ceci n’est pas un nuage !” qui ont été exposées au Château d’Angers en 2018. En 2020, j’ai eu envie de créer une œuvre en pierre qui pourrait elle-même traverser les siècles, et inviter à rêver d'avenir.
Pour paraphraser Mathieu Baudin, le co-fondateur et directeur général de l’Institut des futurs souhaitables, où j’ai réalisé ma première résidence artistique, je pense qu’il est temps de faire de nos rêves une stratégie. Je dirais même qu'il est temps de poser nos rêves de développement durable sur Terre. Le nuage symbolise également le climat.
A quelques jours du début de la COP26, quel regard portez-vous sur la crise climatique ?
Selon moi, nous pouvons voir cette crise comme l’opportunité d’avancer. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste, je suis plutôt utopiste. Comme le philosophe Spinoza, je pense que la volonté et la raison ne suffisent pas à changer les choses ou qui nous sommes ! Les discours des scientifiques sont essentiels mais il faut aller au-delà. C’est le désir et la joie qui sont les clés du changement. Il nous faut aujourd’hui tenter d’insuffler cette énergie. Le bonheur est le moteur qui permettra le renouveau de notre modèle économique et social.
Avant d'être artiste, vous avez travaillé dans des institutions financières de l'économie sociale et solidaire. Comment cette expérience a nourri votre art ?
Cette expérience m’a permis de prendre l’habitude de lire beaucoup, que ce soit les rapports du GIEC ou celles d’agences d’innovation en développement durable. Ce vaste réseau de sources d’informations, comme de scientifiques ou d’entrepreneurs engagés, sont d’une aide précieuse pour mes recherches artistiques.
Votre pratique s’inscrit aussi dans une approche écoresponsable. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Je travaille avec des matières locales et/ou renouvelables, et avec des artisans d’art français. Le respect de l’environnement et la création d’emplois en France sont mes deux piliers pour créer un design écoresponsable. Pour “Rêves d'avenir”, j’ai par exemple proposé une collaboration à Mobilier Urbain Muzzarelli, qui est un éditeur-fabricant français avec qui je partage les mêmes valeurs autour du développement durable, du beau et du patrimoine.
En 2014, j’ai co-fondé le collectif “Made in France en transparence”, qui a vocation, en partenariat avec des institutions publiques ou privées, à valoriser les designers fabriquant en France auprès du grand public. A ce jour, nous avons réalisé des expositions dans le cadre de la Biennale internationale de design de Saint Etienne, ou encore avec le Centre des Monuments Nationaux au Château de Maisons Laffite.
A quelles difficultés sont aujourd'hui confrontés les designers qui s'engagent dans une démarche responsable ?
La principale difficulté est l’accessibilité à un design artisanal et de proximité. La majeure partie des réseaux de distribution propose des objets de design industriel et standardisé que l’on retrouve aujourd’hui dans le monde entier et à destination d’un public de 7 à 77 ans. L’enjeu est de redonner de la place aux productions locales et artisanales. L’éducation à un nouveau mode de consommation, la mutualisation des moyens entre artistes, ou encore la volonté politique peuvent être des leviers pour y parvenir. Il me semble primordial de mettre en place des systèmes de bonus pour les acteurs ayant de bonnes pratiques. Cela peut passer par des lois.
Quels sont vos prochains projets de création ?
Je travaille actuellement dans la continuité de mes recherches sur la mer et les nanoparticules de plastiques sur les algues. J’ai aussi le rêve de réaliser un requin baleine à échelle 1 dans la continuité de mes premières sculptures en plastiques recyclés “circular animal”.
J’aimerais aussi collaborer avec une ville pour construire un pavillon Sanctuary, qui serait un lieu de ressourcement pour les citadins sur lequel je travaille depuis deux ans. Alliant les vertus de la thalassothérapie et de la luminothérapie, cet espace de bien être serait entouré d’un parc paysager et aurait la forme d’une demi-sphère.
Avec "Rêves d'avenir", Maud Louvrier Clerc propose également un jeu concours. "Le public est invité à faire un selfie installé sur le banc et à poster son Rêve d’Avenir sur Instagram ou Facebook avec #maudlouvrierclerc @citeinternationaleparis ou à envoyer sa photo à : contact@maudlouvrierclerc.com jusqu’au 9 décembre". Les résultats seront divulgués en janvier 2022.
Envie d'en apprendre davantage sur la genèse de ce projet ? Voici un extrait de l'entretien réalisé le 22 octobre dans son atelier.
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